4 janvier, décision pour Julian Assange


article de la rubrique démocratie > coups de gueule
date de publication : mardi 5 janvier 2021
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Les procédures judiciaires engagées contre le fondateur de Wikileaks devraient trouver leur conclusion le 4 janvier 2021 à Londres.


04-01-2021 : "La justice britannique a rejeté la demande d’extradition du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, vers les Etats-Unis, qui veulent le juger pour espionnage après la publication de centaines de milliers de documents confidentiels. La décision rendue par la juge Vanessa Baraitser, à la cour criminelle de l’Old Bailey de Londres, est susceptible d’appel, si bien que la bataille judiciaire ne s’arrêtera sans doute pas là au Royaume-Uni. L’Australien de 49 ans est devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d’informer." [1]

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"Les procédures judiciaires engagées contre le fondateur de Wikileaks devraient enfin trouver leur conclusion le 4 janvier 2021 : la juge Vanessa Baraitser sera appelée à rendre sa décision relative à la demande d’extradition de Julian Assange émise par les États-Unis lors d’une audience prévue à 10 heures locales au Tribunal pénal central de Londres (The Old Bailey).

A quelques jours de ce verdict historique, RSF condamne le fait que le fondateur de Wikileaks ait été poursuivi pour ses contributions au journalisme et appelle à sa libération immédiate. (...) C’est l’avenir même du journalisme et de la liberté de la presse qui est en jeu !

Les conditions de détention du fondateur de WikiLeaks ont été dénoncées par le rapporteur de l’ONU sur la torture, Niels Melzer. Dans une lettre ouverte à Donald Trump le 22 décembre 2020, il avait demandé au président américain sortant de gracier le fondateur de WikiLeaks, qui n’est selon lui "pas un ennemi du peuple américain".

En amont de cette décision, RSF a envoyé par courriel au Premier ministre, au ministre de la Justice, au ministre de l’Intérieur et au ministère des Affaires étrangères, du Développement international et du Commonwealth, la version finale de sa pétition demandant aux autorités britanniques de ne pas extrader Julian Assange. RSF va également poster un visuel composé des noms de tous les signataires sur sa page d’accueil et sur tous ses comptes de réseaux sociaux internationaux. RSF sera au Tribunal pénal central de Londres le 4 janvier pour essayer d’assister à l’audience et suivre de près les développements de l’affaire." [2]

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nov. 2020 : "Des médecins et des proches du lanceur d’alerte mettent en garde sur les risques importants que font courir les autorités britanniques à la santé de Julian Assange en le maintenant dans une prison largement touchée par le coronavirus.

L’association Doctors for Assange ainsi que la mère de Julian Assange ont accusé le Royaume-Uni de mettre en danger la vie du fondateur de WikiLeaks. La prison de haute-sécurité de Belmarsh, où il est détenu depuis 2019, connaît en effet une forte contamination au Covid-19 – une maladie particulièrement dangereuse pour Julian Assange, qui souffre entre autres d’une infection pulmonaire chronique. [3]

La justice britannique rendra sa décision le 4 janvier 2021 quant à l’extradition de Julian Assange. Les Etats-Unis veulent le juger pour la diffusion de centaines de milliers de documents confidentiels

déc. 2020 : "La voix de la France porte dans le monde lorsqu’elle incarne les valeurs des Lumières, de la Révolution Française et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. (...) Il incombe au Président de la République française de se placer au-dessus des considérations de politique intérieure, des intérêts économiques ou encore des partenariats internationaux pour que la France se positionne à la hauteur de ses valeurs et de son histoire. Nous comptons sur votre sens des responsabilités pour donner une suite favorable à la demande d’asile en France de Julian Assange." (Extraits de la Lettre ci-dessous)

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Lettre ouverte cosignée par la LDH, adressée au président de la République, pour que la France accorde l’asile à Julian Assange.

Monsieur le Président de la République,

Julian Assange vous a adressé le 3 juillet dernier une demande d’asile en France. Julian Assange n’a pas choisi la France par hasard. Cette demande procède certes de raisons familiales, mais surtout du rapport historique particulier qu’entretient notre pays avec les droits de l’homme. Sa demande est une marque de confiance pour notre pays, qui pose des questions fondamentales que l’on ne peut évacuer de façon expéditive. Nous sommes donc interpellés de la réponse négative apportée par vos services moins de 24 heures après l’expression de la demande de Julian Assange. La question est trop grave pour en rester à un classement sans suite, d’autant que ceci arrive après les difficultés rencontrées par Edward Snowden et reflète une problématique qui se reposera à l’avenir.

Julian Assange, vous le savez, vit reclus dans 5m² à l’Ambassade d’Equateur à Londres, sans aucun accès à l’extérieur, au jardin ni même à une terrasse. Il est séparé de sa famille et de ses proches, dont certains se trouvent en France. L’origine de ses difficultés ? Avoir eu le courage de rendre publics des documents qui révèlent les abus criminels de l’armée américaine, les mensonges de l’administration ou encore les écoutes de la NSA. Et c’est précisément pour cette raison que la France devrait répondre favorablement à la demande d’asile de Julian Assange. Les documents que Wikileaks a révélés démontrent que l’ensemble des acteurs politiques et économiques français sont écoutés par la NSA. Ceci interroge sur la réalité de la souveraineté de notre pays, et attaque de plein fouet nos intérêts économiques, que vous placez d’ailleurs au coeur de votre politique étrangère. Plutôt que de brider les libertés en adoptant une directive sur le secret des affaires ou une loi sur le renseignement, nous ferions mieux au niveau français comme européen, de faire vivre les libertés fondamentales qui sont notre marque de fabrique et de mettre en place des mesures communes pour protéger nos intérêts face aux écoutes de la NSA. Il ne nous appartient pas de juger de la réalité des faits qui sont reprochés à Julian Assange en Suède, nous souhaitons que la justice suédoise puisse faire son travail. Cependant, au vu de la situation particulière de M. Assange, il nous parait tout à fait légitime pour garantir sa sécurité qu’il puisse être entendu à distance.

La voix de la France porte dans le monde lorsqu’elle incarne les valeurs des Lumières, de la Révolution Française et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. C’est en vertu du préambule de notre constitution qui prévoit que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République » que nous vous demandons d’accorder l’asile à Julian Assange. La France s’est honorée en 2003, lorsqu’elle a refusé le chantage à la guerre en Irak et a marqué son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. L’histoire nous donne aujourd’hui malheureusement raison. La question posée par la demande d’asile d’un lanceur d’alerte comme Julian Assange est politiquement comparable à celle qui nous était posée en 2003. La révolution numérique et ses potentialités seront-elles récupérées au service de la surveillance généralisée ou ouvriront-elles sur de nouveaux espaces de démocratie et d’expression des libertés ?

Il incombe au Président de la République de se placer au-dessus des considérations de politique intérieure, des intérêts économiques ou encore des partenariats internationaux pour que la France se positionne à la hauteur de ses valeurs et de son histoire. Nous comptons sur votre sens des responsabilités pour donner une suite favorable à la demande de Julian Assange.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération. (3 juillet 2015) [4]

Notes

[1in franceinfo.fr

[2communication@rsf.org

[4Signataires : Bertrand Bocquet, président de la Fondation Sciences Citoyennes
Vincent Brossel, directeur de Peuples Solidaires
Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac
Antoine Deltour, lanceur d’alerte de LuxLeaks
Françoise Dumont, présidente de la LDH
Stéphanie Gibaud, lanceuse d’alerte d’UBS
Cécile Gondard-Lalanne et Eric Beynel, co-délégué-es généraux de l’Union syndicale Solidaires
Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU
Marie-José Kotlicki, secrétaire générale et Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de la CGT des Ingénieurs, Cadres et Techniciens
Bruno Lamour, président du Collectif Roosevelt
Severine Tessier, présidente d’Anticor
Emmanuel Vire, secrétaire général du Syndicat National des Journalistes CGT


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