éloge de la désobéissance


article de la rubrique démocratie > désobéir
date de publication : jeudi 23 mai 2013
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Au moment où sort le film de Margarate von Trotta sur Hannah Arendt, Daniel Mermet nous ramène en 1999 : lors de l’émission du vendredi 21 mai 2013 de “Là-bas si j’y suis”, il a rediffusé, l’entretien qu’il avait réalisé avec Eyal Sivan et Rony Brauman au moment de la sortie de leur film Un Spécialiste et du livre Eloge de la désobéissance
 [1].


"Hier ist kein warum"

« Selbsdenken », penser par soi-même, un mot qui peut illustrer une des grandes controverse du XXème siècle autour de la thèse de Hannah Arendt, « la banalité du mal ». Au moment où sort le film de Margarate von Trotta sur Hannah Arendt et où Claude Lanzman présente son dernier film Le dernier des injustes, nous revenons en 1999 avec Rony Brauman et Eyal Sivan au moment de la sortie de leur film Un spécialiste, portrait d’un assassin moderne, un documentaire construit sur les 350 heures filmées lors du procès d’Adolphe Eichmann en 1961, vues à travers l’analyse qu’en fit Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal.

Le livre allait déclencher une très violente controverse et des attaques contre son auteure. En effet pour Arendt, Eichmann n’est ni un monstre, ni un fanatique, ni un imbécile, c’est un fonctionnaire ambitieux et zélé, soumis à l’autorité qui a renoncé aux facultés proprement humaines de penser et de juger par soi-même, ce qui ne l’innocente nullement, bien au contraire, pour Hannah Arendt c’est en cela qu’il est condamnable.

Aujourd’hui reste la question essentielle, le risque de la soumission à l’autorité, notre peur de penser, notre peur de désobéir, bref, une heure en forme d’éloge de la désobéissance.


Le thème est abordé à partir de 3m 30s

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On pourra lire en complément un entretien avec Rony Brauman publié sur le site de Philomag [2], où, interrogé sur ce qui l’avait le plus frappé lorsqu’il avait visionné les archives du procès Eichmann en vue de la réalisation du Spécialiste, l’ancien président de Médecins sans frontières a répondu :

« Beaucoup de choses ! Mais si je ne devais retenir qu’un moment, ce serait celui où Eichmann dit à peu près : “Après tout, c’était l’intérêt commun des Juifs et des Allemands que les trains arrivent rapidement à Auschwitz.” Il se défend, bien sûr, mais justement : l’imparable abomination de cet énoncé factuel est l’essence même de la banalité du mal, telle que je comprends cette idée. »

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