David Rachline, jeune apparatchik d’extrême droite


article de la rubrique extrême droite > Rachline, maire de Fréjus
date de publication : lundi 18 août 2014
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Les quatre sièges de sénateur du Var seront soumis à réélection lors des élections qui se dérouleront le 28 septembre prochain [1].

Le Front national rêve de gagner à cette occasion un siège dans le Var. Après avoir envisagé, dans un premier temps, que son secrétaire départemental, Frédéric Boccaletti, conduise sa liste, le parti d’extrême droite a décidé de mettre en avant le jeune maire de Fréjus, David Rachline. Nous vous présentons ci-dessous ce jeune apparatchik aux dents longues. [2]


David Rachline

David Rachline, l’apparatchik frontiste

par Paul Laubacher, Nouvel Obs., 31 mars 2014


Son nom et son visage sont nouveaux. Mais David Rachline, qui a remporté dimanche soir [30 mars 2014] la quatrième ville du Var avec 45,2% des voix, Fréjus, fait figure de vieux routier du FN. Le candidat frontiste, calvitie et bedaine naissantes malgré ses 26 ans, fait partie de ces nouveaux apparatchiks du Front national. Il milite dans le parti d’extrême droite depuis qu’il est tout jeunot, à l’âge de 13 ans. Il opère d’abord au Front national de la jeunesse (FNJ) dont il a été le coordinateur national. Puis il devient "consultant en numérique" et salarié du parti. D’ailleurs, c’est David Rachline qui alimentait le compte Twitter de Marine Le Pen durant la campagne présidentielle. A Fréjus, il est conseiller municipal depuis 2008. Lors des législatives de 2012, il a remporté 40% des voix.

S’il a largement participé à la dédiabolisation du parti grâce à son nom à consonance juive, son passé nauséabond ne peut s’oublier. Il se fait aujourd’hui discret sur ses liens avec le mouvement d’Alain Soral, antisémite déclaré, ou sur sa participation au livre "Jeunes Nationalistes d’aujourd’hui", un recueil de témoignage de militants FN publié en 2008. Dans cet ouvrage, déniché par L’Express, il prédisait que "la France [allait] être submergée par des populations qui ne s’assimilent pas".

David Rachline y déclare aussi tout le bien qu’il pense de la prime de naissance instaurée par Catherine et Bruno Mégret, les époux frontistes, à Vitrolles en 1998. "Une condition indispensable d’une politique familiale digne de ce nom", selon lui. La sulfureuse prime appliquait l’idéologie de la "préférence nationale" et prévoyait le versement d’une enveloppe de 5.000 francs (environ 750 euros) aux familles dont au moins un des parents était français ou ressortissant européen. La disposition avait été jugée illégale par le tribunal administratif de Marseille.

Paul Laubacher



David Rachline, maire de Fréjus

Parmi les premières mesures prises après son élection, il faut rappeler la disparition du drapeau européen du fronton de la mairie de Fréjus, un geste tristement symbolique, ainsi que l’attribution de l’audit des comptes de la municipalité précédente à une société créée deux jours avant les élections municipales par un « un jeune homme qui collabore dans l’ombre avec le FN », comme l’a écrit Mathias Destal dans Marianne, le 14 mai dernier [3].

La remise en question des subventions municipales aux associations est sans doute le point marquant des premiers mois de la gestion frontiste de la ville — il figure d’ailleurs en bonne place dans le [guide de l’élu municipal FN [4]. La baisse de ces subventions est considérable et contraire aux promesses de campagne de David Rachline [5] :

  • Les trois centres sociaux de la ville ont vu leurs subventions baisser de 53 à 62 %, la structure la plus touchée se trouvant à la Gabelle, quartier qui concentre les difficultés et où vit une importante population immigrée.
  • Les subventions pour le bus scolaire et la cantine vont diminuer de 20 % à la rentrée scolaire.
  • Celle de l’Association municipale des sports a été amputée de 345 000 euros pour 2014, soit 30 % de baisse, les baisses de subvention variant d’un sport à l’autre – aucune pour le tennis et très peu pour le foot –, et elles sont les plus importantes (-62 %) pour le centre social de la Gabelle.

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Le FN veut croire à un premier siège au Sénat

par Margaux Duguet - Le JDD, 10 août 2014


Marine Le Pen et les pontes du Front National espèrent que les élections sénatoriales seront l’occasion d’obtenir un premier siège à la Haute-Assemblée.

Marine Le Pen semblait catégorique, au mois de janvier. "Dans des temps extrêmement difficiles, où il y a une inflation d’élus, je ne vois plus bien à quoi sert le Sénat", avait déclaré la présidente du Front national. Une prise de position qui résonne étrangement aujourd’hui : le parti met tout en œuvre pour décrocher un siège à la Haute Assemblée. Ce serait une première dans l’histoire du FN. "Le scrutin ne nous est pas favorable mais je pense que l’on vérifiera, une nouvelle fois, notre expansion électorale", assure Michel Guiniot, le directeur de la campagne pour les sénatoriales.

"Il nous manque 150 voix"

"Les meilleures chances des listes Bleu Marine pour nos villes et nos villages se situent dans le Var, les Bouches-du-Rhône avec Stéphane Ravier et le Vaucluse." Selon Michel Guiniot, la stratégie pour séduire les élus est simple : miser sur l’exaspération du pouvoir, notamment avec la réforme territoriale, et le rejet de l’UMP, embourbé dans ses divisions internes. Le parti d’extrême droite cible aussi les élus des petites communes, moins politisés et plus sensibles au discours du Front national, qui constituent "un gros réservoir de votes" d’après Guiniot.

Preuve de la détermination du FN, la tête de liste dans le Var ne sera plus le responsable départemental, Frédéric Boccaletti, mais le médiatique maire de Fréjus, David Rachline. Marine Le Pen l’a convaincu de s’engager. Frédéric Boccaletti, qui sera troisième sur la liste, a fait ses petits calculs : "L’objectif est d’arriver en deuxième position derrière l’UMP et de prendre le siège à la gauche. Il nous manque 150 voix. Une cinquantaine d’élus nous ont déjà garanti leur vote et la campagne n’a pas commencé…"

Face à David Rachline, le sénateur maire de Toulon, Hubert Falco, conduit la liste UMP. "La logique républicaine varoise, c’est trois sénateurs UMP et un sénateur PS", explique-t-il en appelant les élus ruraux à la responsabilité. Pour le politologue et spécialiste de l’extrême droite Pascal Perrineau, "il y a une grande différence entre l’électeur de base et les conseillers municipaux, plus politisés, et chez lesquels les doutes sur l’image du FN sont présents". Et, rappelle Pascal Perrineau, voter FN peut aussi vous priver de subventions ou de représentation dans les intercommunalités…

Margaux Duguet


Notes

[1Les sénateurs sont élus par un collège de grands électeurs (environ 2 200 voix) composé de conseillers municipaux, généraux, régionaux et de citoyens désignés par les conseils municipaux. Le scrutin est à la proportionnelle. Trois des quatre sénateurs sortants du Var sont
UMP — Hubert Falco, Christiane Hummel et François Trucy —, le dernier, Pierre-Yves Collombat, est de gauche.

[2Un autre scénario est évoqué dans Libération du 3 juin 2014 qui permettrait à David Rachline d’entrer à l’Assemblée nationale.

[3Il s’agit de la Financière des territoires, voir cet article : « L’expert en toc du maire FN David Rachline ».

[5Un article de Marion Garreau publié dans Le Monde du 1er août comporte de nombreuses précisions à ce sujet : http://www.lemonde.fr/politique/art....


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