Fréjus : le Front national et les artistes


article de la rubrique extrême droite > Rachline, maire de Fréjus
date de publication : jeudi 20 août 2015
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Fin juillet 2015, David Rachline, sénateur-maire Front national de Fréjus, a annoncé son intention d’obliger les artistes qui bénéficient d’un atelier loué à prix modéré par la commune à travailler bénévolement pour celle-ci.
Dorénavant, les artistes qui souhaiteront bénéficier d’un tel soutien devront participer bénévolement à l’accueil des élèves de maternelle et d’élémentaire dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Une décision prise sans concertation avec les 15 artistes concernés, et annoncée en laissant entendre que ceux-ci seraient des privilégiés paresseux.

Sans aller jusqu’à évoquer le « travail obligatoire » des régimes totalitaires, on peut rapprocher la décision de David Rachline de la proposition de Nicolas Sarkozy qui suggère d’imposer « sept heures de travail hebdomadaires obligatoires, au service de la collectivité, pour les allocataires du RSA [1]. »


Des artistes contraints par le maire FN de soccuper d’enfants bénévolement

par Hakim Akcha, Toute la culture, le 5 août 2015


La mairie Front National de Fréjus, située dans le Var, a récemment proposé aux artistes et artisans de l’art installés dans des locaux municipaux – qu’ils louent à prix réduit – de se charger, bénévolement, d’enfants de maternelles et d’écoles primaires une fois les horaires scolaires terminés. En somme, l’atelier artistique de ces quinze personnes devrait se transformer en garderie une fois 16h passées. Le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline justifie cette idée et déclare, non sans agressivité « La ville finance en grande partie le loyer d’un certain nombre de ces dames et messieurs. Il y a un minimum de retour. Le débat va s’arrêter ici : soit cela se passe bien et tout le monde est d’accord pour participer, soit je mets un terme à cette histoire où l’on paye des loyers à tout le monde. » La municipalité va jusqu’à expliquer que certains de ces artistes participent à des projets périscolaires artistiques dans les villes limitrophes comme Puget-Sur-Argens.

L’ancien maire de la ville, François Léotard, avait proposé à un groupe d’artistes une remise de prix du loyer, à savoir 2,50 euros par mètre carré d’un local aujourd’hui devenu atelier artistique. C’est notamment ce qui avait permis à la ville d’être labellisée comme « Ville d’Art et d’Histoire » , un véritable atout touristique qui permet à une localité si pittoresque d’obtenir quatre étoiles sur l’ensemble des guides touristiques et de présenter des installations démontables sur les plages.

Certains avocats des artistes, comme Emmanuel Bonnemain, posent les questions de l’accueil non-adéquat d’enfants dans un atelier artistique. En outre, qui pourrait payer les fournitures utilisés par les enfants et les assurances ? L’avocat répond également à la municipalité en expliquant que même si certains artistes participent à la vie associative d’autres villes, ils le font pour un certain salaire (25 € l’heure) et dans des locaux adaptés.
Bien décidés à se défendre les artistes refusent catégoriquement cette possibilité et restent près à quitter les lieux plutôt que de céder à cette injonction municipale. L’un d’eux, Olivier Isselin photographe d’Art s’insurge d’une telle décision, « La municipalité a décidé de nous faire travailler à l’œil, ils veulent qu’on garde les enfants gratuitement ! » . Selon lui, les artistes ne possèdent ni les compétences ni la vocation pour gérer des enfants de cet âge là. Il ajoute et précise «  Et comment s’engager de la sorte alors que nous devons souvent nous absenter pour participer à des expositions ou tout simplement faire notre travail ? » . Le maire, agacé par l’attitude des artistes et la polémique autours de cette décision ne peut s’empêcher de crier à la « fainéantise » et aux « privilèges » de ces artistes. Rappelons tout de même que la situation, pour bons nombre de ces quinze artistes, reste précaire et difficile. En outre, demander à des artistes de prendre sur leur temps de création et d’exposition, pour s’occuper d’enfants, revient à mettre en cause le statut gracieux de l’Art en général. Statut qui occupe d’ailleurs une part importante de l’identité et des intérêts de la ville de Fréjus.

Hakim Akcha

Notes


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