mais où sont donc passées les données personnelles de 25 millions de Britanniques ?


article de la rubrique Big Brother > les données personnelles
date de publication : mercredi 21 novembre 2007
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Panique en Grande-Bretagne : d’après un article du Guardian, les données personnelles de 25 millions de personnes (identités, adresses, numéros de compte en banque, de sécurité sociale...) ont été perdues par l’administration. Cela concerne les 7 millions de familles bénéficiaires des allocations familiales. Les spécialistes redoutent des escroqueries massives.

Un tel incident ne saurait se produire en France, où, d’après les déclarations du ministre responsable de la mise en place de Base élèves, tout aura bientôt été prévu — mis à part l’incident du mois de juin dernier !


Les données fiscales de 25 millions de Britanniques égarées

LEMONDE.FR avec Reuters et l’AFP 21.11.07

Les données collectées auprès de la moitié de la population britannique ont été égarées par les autorités fiscales, a reconnu, mardi 21 novembre, le ministre des finances, Alistair Darling. Le Parti conservateur a aussitôt accusé le premier ministre, Gordon Brown, d’avoir exposé 25 millions de citoyens à la fraude bancaire et à l’usurpation d’identité.

"Je m’excuse sans aucune réserve. (...) C’est une erreur colossale qui n’aurait jamais dû arriver", a déclaré M. Darling. Le chancelier de l’Echiquier a, par ailleurs, démenti que la fusion des services des impôts et des douanes, achevée en 2005 sous l’égide de son prédécesseur Gordon Brown, devenu depuis juin premier ministre, soit à l’origine de cette erreur. "Oui, il y a eu des réductions d’emplois, mais ce n’est pas cela qui a conduit à ce que les procédures soient violées", a-t-il assuré.

HRMC (Her Majesty’s Revenue & Customs), l’administration incriminée, avait déjà été mise en cause dans deux autres affaires du même type. Son président, Paul Gray, a présenté dès mardi sa démission.

SEPT MILLIONS DE FAMILLES

Le 18 octobre, un employé de ses services avait envoyé deux cédéroms, par simple courrier confié à la société néerlandaise de messagerie TNT, au service du gouvernement chargé de contrôler l’emploi des deniers publics, en violation de toutes règles en matière de protection de la vie privée. S’y trouvaient en effet les dossiers de 7,25 millions de familles britanniques comptant au moins un enfant de moins de 16 ans, soit 25 millions de personnes, près de la moitié de la population du pays.

Les disques ne sont jamais arrivés, et l’administration n’en a été informée que le 8 novembre, les services de police le 12, les banques la semaine passée, et les parlementaires – et l’opinion – seulement mardi. Une enquête de police est en cours, mais rien n’indique pour l’heure qu’une quelconque infraction ait été commise. Les données égarées contenaient notamment les noms des parents et de leurs enfants, leurs adresses et dates de naissance, leur numéro national d’assurance ainsi que leurs coordonnées bancaires. "Tout ce qu’il faut aux fraudeurs pour retirer illégalement de l’argent en banque", note
The Independent.

Déjà mis en cause après les déboires de la banque Northern Rock, victime en septembre de la crise américaine des "subprimes", le chancelier de l’Echiquier a assuré que les informations égarées étaient insuffisantes pour accéder aux comptes bancaires des contribuables concernés. Il les a néanmoins invités à la vigilance.

La sécurisation de Base élèves sera comparable à celle du système bancaire !

M. Henri Jibrayel Henri(député S.R.C. des Bouches-du-Rhône) a posé le 30 octobre 2007 la question écrite suivante au Ministère de l’Éducation nationale :

M. Henri Jibrayel attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale sur la mise en place du fichier « base-élève ». En effet, la généralisation de ce système de recensement des élèves scolarisés inquiète fortement les associations de défense des droits de l’homme. S’il apparaît légitime qu’un outil de gestion informatique mentionne les noms, prénoms, lieu de naissance, adresse, filiation, adresse et classe suivie, les associations souhaitent dénoncer au nom du droit d’un enfant à la scolarité, l’inscription de la nationalité, la date d’entrée sur le territoire, la langue d’origine, et tout ce qui relève du secret professionnel comme le suivi psychologique, aides spécialisées, vie périscolaire. En effet, le système informatique préconisé ne garantit aucune confidentialité. La possibilité de croisement des fichiers et de piratage des informations risque de transformer cet outil en une atteinte grave aux libertés individuelles. Il lui demande donc d’indiquer s’il entend généraliser à la rentrée 2007 ce fichier « base-élève » tel qu’il est aujourd’hui expérimenté.

Le ministre lui a répondu le 20 novembre :

L’application informatique « Base élèves 1er degré » a été réalisée par le ministère de l’éducation nationale, dans le cadre de son schéma stratégique des systèmes d’information ; elle est expérimentée depuis décembre 2004 dans les académies. Elle vise les objectifs suivants : faciliter le travail administratif des directeurs d’école, en relation avec les mairies, notamment pour les inscriptions scolaires et le suivi des effectifs d’élèves, aider les acteurs locaux (écoles, mairies, inspections de circonscription, inspections académiques) à partager les mêmes informations en temps réel, suivre et analyser les parcours scolaires, homogénéiser et fiabiliser les calculs d’effectifs d’élèves pour les constats de rentrée et les prévisions pour la rentrée suivante : alimenter les statistiques académiques et nationales et les indicateurs du programme Enseignement scolaire let degré de la LOLF.

Déclarée à la CNIL depuis le début de l’expérimentation (décembre 2004), cette application est similaire à celle déjà utilisée par l’ensemble des établissements scolaires du second degré depuis le début des années 1990. L’accès aux données nominatives demeure réservé aux seuls acteurs locaux, cités ci-dessus, dans le cadre de leurs compétences respectives (exemples : une mairie ne peut consulter que les données administratives liées à l’inscription scolaire des écoles de la commune ; un directeur d’école n’accède qu’aux données de sa propre école).

Concernant les données relatives à la nationalité, inutilement inquiétantes et d’un usage purement statistique, le ministre a décidé de les supprimer. Les rectorats et l’administration centrale du ministère ne disposent que de données statistiques anonymées. Aucune interconnexion avec des fichiers d’autres administrations publiques ayant d’autres finalités n’est autorisée. Quant à la sécurisation de l’application, suite à un incident résultant d’une usurpation d’identité, la fréquence des modifications des mots de passe des utilisateurs a été accrue et un mode de sécurisation des accès comparable à ceux existant dans le secteur bancaire va être mis en place.

L’article du Guardian

Lost in the post - 25 million at risk after data discs go missing

  • Mass fraud fear as personal details of 7m families mislaid
  • Inland Revenue chief resigns following ’substantial failure’
  • Tories claim blunder is ’nail in coffin’ of ID cards scheme
Patrick Wintour, The Guardian, November 21, 2007

The government was forced to admit the most fundamental breach of faith between the state and citizen yesterday when it disclosed that the personal records of 25 million individuals, including their dates of birth, addresses, bank accounts and national insurance numbers had been lost in the post, opening up the threat of mass identity fraud and theft from personal bank accounts.

MPs gasped when the chancellor, Alistair Darling, told the Commons that discs containing personal details from 7.25 million families claiming child benefit had been lost. They went missing in the internal post after a junior official at HM Revenue & Customs in Washington, Tyne and Wear, breached all government security rules by sending them by courier to the National Audit Office in London.

Article continues
A frantic, secret police-led search over the past week has been unable to locate the discs, containing information on half the British population, sent by unrecorded post. All banks and building societies have been alerted and the public has been told to be vigilant of raids on their bank accounts.

Treasury ministers were desperately hoping to stave off bank panic today, fearing account holders will rush to change their accounts either in person or on the internet, leading to a second banking crisis akin to the run on Northern Rock.

Last night the information commissioner, Richard Thomas, conducting a broad inquiry on government data privacy, told the Guardian he was demanding more powers to enter government offices without warning for spot-checks.

He said he wanted new criminal penalties for reckless disregard of procedures. He also disclosed that only last week he had sought assurances from the Home Office on limiting information to be stored on ID cards.

"This could not be more serious and has to be a serious wake-up call to the whole of government. We have been warning about these dangers for more than a year.

"The frightening aspect of this episode is that it just does not matter what laws, rules, procedures and regulations are in place, if there is no proper enforcement of those rules. That is why we in our office must have the power to mount spot checks, so managers of data know the consequences if they do not follow the rules...

"I simply do not know why so much information was disclosed or why it was transmitted by post twice."

The shadow chancellor, George Osborne, described the security breach as "catastrophic", urging Gordon Brown to drop his search for a vision and "just get a grip". He said : "Public confidence in the government and its ability to protect information has been destroyed."

Osborne insisted that the blunders were the "nail in the coffin" of ID cards. "The idea that they want to store masses of information on the identity of every individual in the land, and they cannot keep hold of even this information means ID cards are dead."

Addressing the Commons, Darling, already on the rack due to the £25bn loan to Northern Rock, apologised to the nation, but refused to resign, saying there had been no policy failure.

He admitted it was possible the government or some other agency may be liable for any losses that occur, but stressed there was no evidence the discs had fallen into criminal hands.

However, the Revenue & Customs chief, Sir Paul Gray, who is generally well regarded in Whitehall, has resigned. "This is not the way I would have planned my departure," he said. He had apparently been concerned for months about security lapses inside his department.

The Metropolitan police has already been brought in to investigate the losses, as well as the Independent Police Complaints Commission. An independent government inquiry will also be carried out by the chair of PricewaterhouseCoopers, Kieran Poynter.

Darling admitted it was an "extremely serious failure on the part of HMRC to protect sensitive personal data entrusted to it in breach of its own guidelines".

News had been circulating at Westminster for hours that a major security breach had occurred but MPs were taken by surprise when Darling revealed the full scale of the breach : "The missing information contains details of all child benefit recipients : records for 25 million individuals and 7.25 million families."

The chancellor blamed mistakes by junior officials at HMRC, who he said had ignored security procedures when they sent information to the National Audit Office.

"Two password protected discs containing a full copy of HMRC’s entire data in relation to the payment of child benefit were sent to the NAO by HMRC’s internal post system operated by the courier TNT. The package was not recorded or registered. It appears the data has failed to reach the addressee in the NAO."

It was not the first time that the information had been provided to the NAO. Details of every family with children under the age of 16 were sent to the spending watchdog in March and then returned.

But a second request led to a further dispatch via TNT in October and on that occasion the discs with the data went missing. A third dispatch was subsequently sent by registered post successfully.

The NAO pointed out that the information it had requested from Revenue & Customs was never meant to include personal addresses, bank information or details of the parents involved. The NAO said it had asked for the child benefit database because it wanted to conduct and run its own independent sample survey.

The HMRC official who sent the CDs did not tell senior officials about the loss because he assumed the package was delayed, the HMRC said. The official believed the package was held up by the postal strike or the NAO’s office move and "hoped that it would turn up".

An HMRC spokeswoman said : "The junior HMRC official involved should have notified their senior officials but did not." The data went missing on October 18 but the loss was not reported to senior HMRC management until November 8, three weeks later.

Darling said he was informed on November 10, and told Brown within 30 minutes. He explained that the delay in telling parliament was partly due to banks requesting time to monitor potentially suspicious activity.

Main points

  • The data on the discs include name, address, date of birth, national insurance number, and in some cases, bank account details, of 7.25 million families who are recipients of child benefits
  • Alistair Darling, the chancellor, told MPs of an "extremely serious failure on the part of HMRC to protect sensitive personal data entrusted to it in breach of its own guidelines"
  • The Metropolitan Police called in to investigate how they went missing in transit from benefit HQ in Newcastle to the National Audit Office in London
  • Darling urged people to check their bank account for any "unusual activity". He stressed the public would be protected against any fraud by the banking code
  • The HMRC has set up a child benefit helpline on 0845 302 1444 for customers who want more details.

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