les déclarations de Nicolas Sarkozy sur les religions


article de la rubrique laïcité > Sarkozy parle de religion
date de publication : dimanche 20 janvier 2008
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Cette page est consacrée aux récentes interventions de Nicolas Sarkozy concernant les religions :

  • des extraits de ses voeux au corps diplomatique, le 18 janvier 2008.
  • la déclaration du porte-parole de la présidence, le 17 janvier 2008, après la cérémonie des vœux aux autorités religieuses (catholiques, musulmans, protestants, bouddhistes, juifs, orthodoxes).
  • des extraits de deux discours récents — ces discours sont intégralement repris par ailleurs sur ce site : celui de Riyad le 14 janvier 2008, et celui de Saint-Jean-de Latran le 20 décembre 2007.

Deux extraits des voeux qu’il a adressés au corps diplomatique, à l’Elysée, le 18 janvier 2008  [1]

A l’Elysée, vendredi 18 janvier 2008

Deux défis contribueront à structurer la société internationale du XXIe siècle, peut-être plus profondément que les idéologies ne l’ont fait au XXe.

Le premier défi est celui du changement climatique qui menace l’avenir même de notre planète et de l’humanité tout entière, qui pose la question de la gestion de ressources énergétiques devenues rares et donc chères et celle, plus difficile encore, de notre capacité à inventer, ensemble, un nouveau mode de croissance.

Le deuxième défi est celui des conditions du retour du religieux dans la plupart de nos sociétés. C’est une réalité, seuls les sectaires ne le voient pas. C’est une réalité incontournable qui avait, en son temps, été prévue par Malraux. Dans mon discours de Saint-Jean de Latran, discours auquel j’attache beaucoup de prix, Monseigneur, j’ai précisé ma conception d’une laïcité où la place de la religion serait définie en termes plus positifs. Devant le Conseil Consultatif de l’Arabie saoudite, à Riyad cette semaine, j’ai fait écho aux propos pleins de sagesse du Roi Abdallah, et plaidé en faveur d’une conception ouverte, tolérante de la religion. Certains groupes veulent imposer leur vision fondamentaliste, hégémonique, intolérante. La forme la plus extrême est celle des réseaux terroristes globaux du type Al Qaeda qui rêvent d’une confrontation Islam contre Occident, pour mieux dicter leur loi à des peuples qui ne demandent pourtant qu’à vivre leur foi dans la paix.

Le monde, j’en suis convaincu, peut relever ces deux défis, mais à une condition : trouver le chemin de son unité. Là est la grande question : comment parvenir à cette unité indispensable pour relever le défi du changement climatique et pour relever le défi de la place d’une religion tolérante dans le monde ? Comment y parvenir ? Et surtout, en serons-nous capables ?

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Que l’on me comprenne bien : je suis favorable à l’épanouissement des religions, comme au droit de chacun de ne pas en avoir, ou d’en changer. C’est ma conception de la laïcité. Et à ce titre, en tant que ministre de l’Intérieur pendant quatre ans, j’ai autorisé l’ouverture d’un nombre sans précédent de mosquées en France, car l’Islam est désormais notre deuxième religion et il doit être possible à tous ceux qui le souhaitent de vivre leur foi dans la dignité et la tolérance. Plus qu’aucun autre, j’ai contribué à l’émergence d’un Islam de France. Et c’est pour cette raison même que je plaide avec
conviction, la même, pour qu’en terre d’Islam, il soit possible de pratiquer sa religion, quelle qu’elle soit, dans la dignité et la tolérance.

Comment ceux qui réclament l’ouverture de mosquées en France pourraient-ils refuser l’ouverture d’églises partout où celle-ci serait justifiée ? La diversité n’est pas bonne chez nous et mauvaise chez les autres. La diversité c’est partout. Et naturellement si la France veut être écoutée qu’elle donne l’exemple, elle est prête à le faire. Mais la diversité et la réciprocité ça va ensemble.

La déclaration du porte-parole de la présidence, le 17 janvier 2008, après la cérémonie des vœux aux autorités religieuses (catholiques, musulmans, protestants, bouddhistes, juifs, orthodoxes)

A l’Elysée, le 17 janvier 2008 [2]

Recevant les autorités religieuses pour la cérémonie des vœux, le Président de la République a réaffirmé son attachement au principe de la laïcité qui est un principe de respect de toutes les croyances et non un combat contre les religions.

« Si les circonstances historiques de la séparation de l’Église et de l’État furent douloureuses parce qu’il s’agissait de rompre des liens multiséculaires, nul ne doit plus avoir de raison aujourd’hui de se sentir blessé par la laïcité.

La reconnaissance du sentiment religieux comme une expression de la liberté de conscience et la reconnaissance du fait religieux comme un fait de civilisation font partie, au même titre que la reconnaissance de l’héritage des Lumières, de notre pacte républicain et de notre identité.

Tous ceux qui sont attachés à la République, à son idéal, devraient s’efforcer de défendre les valeurs de diversité, de tolérance et de compréhension. Dans la République apaisée et fraternelle que souhaitent les Français, tous ceux qui ont des convictions philosophiques, morales, religieuses, devraient avoir à cœur de faire preuve de respect pour les convictions qu’ils ne partagent pas ».

Ces valeurs de diversité, de tolérance, de compréhension et de respect inspireront le Président de la République dans l’accomplissement de sa mission. Elles sont au cœur de la politique de civilisation qu’il souhaite pour la France.

Des extraits du discours de Nicolas Sarkozy à Riyad (Arabie Saoudite), le 14 janvier 2008

A Riyad, le 14 janvier 2008

« Sans doute musulmans, juifs et chrétiens ne croient-ils pas en Dieu de la même façon. Mais au fond, qui pourrait contester que c’est bien le même Dieu auquel s’adressent leurs prières ? Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme. Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère (...). Ce n’est pas le sentiment religieux qui est dangereux. C’est son utilisation à des fins politiques régressives au service d’une nouvelle barbarie. (...) Le sentiment religieux n’est pas plus condamnable à cause du fanatisme que le sentiment national ne l’est à cause du nationalisme.

Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n’y croient pas. J’ai le devoir de faire en sorte que chacun, qu’il soit juif, catholique, protestant, musulman, athée, franc-maçon ou rationaliste, se sente heureux de vivre en France. Mais j’ai le devoir aussi de préserver l’héritage d’une longue histoire, d’une culture et, j’ose le mot, d’une civilisation. Et je ne connais pas de pays dont l’héritage, dont la culture, dont la civilisation n’aient pas de racines religieuses. (...) La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui au sein même de l’islam - comme des autres religions - luttent contre le fanatisme et contre le terrorisme, ceux qui en appellent aux valeurs fondamentales de l’islam pour combattre l’intégrisme (...).

La vie de l’Homme n’a pas qu’une dimension matérielle. Il ne suffit pas à l’Homme de consommer pour être heureux. Une politique de civilisation, c’est une politique qui intégre la dimension intellectuelle, morale, spirituelle ».

Des extraits du discours de Nicolas Sarkozy à Saint-Jean-de-Latran (Vatican), le 20 décembre 2007.

A Saint-Jean-de-Latran, le 20 décembre 2007

« La foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature. […] Les racines de la France sont essentielement chrétiennes. Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est un fait incontournable dans notre pays. […] Elle est devenue une condition de la paix civile. Et c’est pourquoi le peuple français a été aussi ardent pour défendre la liberté scolaire que pour souhaiter l’interdiction des signes ostentatoires à l’école.

Je partage l’avis du Pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l’espérance est l’une des questions les plus importantes de notre temps.

Un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’homme et de femmes qui espérent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux.

J’appelle de mes voeux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais comme un atout.

Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. »

Notes

[1L’allocution dans son intégralité http://www.elysee.fr/download/?mode....

[2Référence : le site de la présidence de la République.


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