au nom de l’égalité des droits : le mariage pour tous


article communiqué de la section LDH de Toulon  de la rubrique discriminations > le mariage pour tous
date de publication : vendredi 18 janvier 2013
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L’égalité des droits des couples hétérosexuels et homosexuels, une demande que la Ligue des droits de l’Homme porte depuis une douzaine d’années, repose sur quelques principes simples :

- La liberté pour chacun de choisir son mode de vie implique que nul ne soit discriminé pour son orientation sexuelle.
- L’égalité de principe entre toutes les sexualités entraîne la reconnaissance de l’égalité entre tous les couples, de même sexe ou de sexe différent.
- La capacité d’être parent et d’élever des enfants n’est pas liée à l’orientation sexuelle. Aucune décision mettant en cause les rapports d’un enfant avec l’un de ses parents ne peut donc être fondée sur l’orientation sexuelle de celui-ci.

Vous trouverez ci-dessous un communiqué de la section LDH de Toulon, suivi de la transcription d’une lettre adressée par le président de la LDH à un député qui avait tenu des propos violemment hostile au “mariage pour tous” à la tribune de l’Assemblée nationale.

Dernière minute – Les associations LGBT en Provence-Alpes Côte d’Azur appellent à une manifestation samedi 19 janvier 2013 à 14h, à Marseille au départ des Réformés.

[Mis en ligne le 14 janvier 2013, mis à jour le 18]



Communiqué de la LDH de Toulon

Toulon, le 14 janvier 2013

Suite aux récentes manifestations contre le projet de loi pour le mariage et l’adoption par les couples de même sexe, la section de la Ligue des droits de l’Homme de Toulon affirme son complet soutien à l’élaboration de ces droits.

Parce qu’exclure une partie de la population d’un droit fondamental en raison de particularités ou d’un mode de vie constitue une discrimination, nous ne considérons pas comme banales les déclarations et allégations visant à remettre en cause l’établissement de cette loi.

La non-reconnaissance de droits entraîne des discriminations et entretient l’homophie. Il est donc urgent de résoudre cette carence législative et de permettre d’officialiser les situations de tant de familles au sein desquelles grandissent des enfants de la République.

Parce que la procréation n’est pas la parentalité, nous considérons que la responsabilité éducative est une démarche de cœur et de raison, et non un fait de nature ; et qu’il est infondé de remettre en cause cette responsabilité en invoquant la tradition et les valeurs.

Le député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor, Marc Le Fur, est intervenu, le 28 novembre, à l’Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, au sujet du projet de loi sur le mariage pour tous. Mme Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la famille, lui a répondu.


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Alerté par la section Loudéac centre Bretagne, le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky, a adressé la lettre suivante à Marc Le Fur.

Lettre de Pierre Tartakowsky à Marc Le Fur

Paris, le 4 décembre 2012,

Monsieur le Député,

Lors de la séance des questions au gouvernement du 28 novembre dernier, vous êtes intervenu pour exprimer votre opposition au projet de loi sur le « mariage pour tous », en des termes qui sont non seulement inacceptables, mais de plus en contradiction flagrante avec l’appel à l‘apaisement que vous prétendez rechercher.

Si votre opinion de citoyen est libre, votre responsabilité en tant que législateur ne devrait pas vous permettre de pratiquer l’amalgame, la désinformation, et de jeter le discrédit sur une partie de nos concitoyens. En effet, votre argumentation, marquée par un ordre moral éculé et réactionnaire, tend à attiser des passions malsaines en reprenant les menaces et discours apocalyptiques sur le devenir de la famille et la protection de l‘enfant.

Comme Madame Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la Famille, vous l’a rappelé en séance, ces prévisions de fin du monde étaient déjà les mêmes lors des débats sur le Pacs, ou à l‘époque, pour s‘opposer au divorce, à la contraception, ou à l’interruption volontaire de grossesse. Elles ne se sont évidemment pas réalisées, et tous s‘accordent aujourd’hui sur les avancées indéniables qu’ont représenté ces mesures de progrès et de liberté.

Les évolutions constatées dans notre société posent déjà la réalité d’une diversité des compositions des familles, qui ne se posent plus en un modèle unique depuis des décennies. La reconnaissance juridique des couples de même sexe ne vient que confirmer un état de fait et un principe d’égalité. Le mariage pour tous permet à celles et ceux qui le désirent d’offrir la possibilité d’un statut juridique a des dizaines de milliers de couples, et autant d‘enfants vivant déjà au sein de telles familles.

Vos inquiétudes sur l‘adoption sont non seulement malveillantes mais surtout infondées, car l’évolution législative proposée ne change pas les règles applicables en France en la matière. Elles resteront régies par la convention de La Haye, ratifiée par la France en 1998, qui prévoit que toute adoption est prononcée par un juge, qui vérifie toutes les garanties nécessaires à la protection des droits de l’enfant. De plus, il convient de vous rappeler qu’elle est autorisée aux personnes célibataires, et que l‘adoption ne peut être entravée en raison de l‘orientation sexuelle du ou des demandeurs, qui reste indépendant du projet parental.

Enfin, les exemples étrangers viennent aussi démentir vos fantasmes. Vingt-deux pays disposent déjà d‘une législation posant le mariage et l’adoption sans discrimination, comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Canada, neuf États américains, mais aussi en Europe : les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, la Suède ou le Portugal et l‘Espagne. Dans chacun d‘entre eux, la lutte contre l’homophobie, contre les discriminations, pour l’égalité entre les sexes, a progressé. Ni la « famille » ni la « protection des enfants » n’y sont mises en péril. La France ne sera donc pas pionnière sur le sujet, mais elle confirmera ainsi son attachement à une république laïque, fondée sur les principes de liberté et d‘égalité.

C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme appelle tous les parlementaires et les citoyens à se mobiliser pour défendre l‘État de droit, à faire échec aux campagnes de haines, de peurs et d’exclusions, et à soutenir le projet de mariage pour tous.

Je vous prie d‘agréer, Monsieur le Député, l‘expression de mes salutations républicaines.

Pierre Tartakowsky
Président de la Ligue des droits de l’Homme

P.-S.

Pour aller plus loin : un argumentaire de la section LDH d’Aix-en-Provence : LE DROIT AU MARIAGE POUR TOUS ? C’EST AVANCER VERS UNE SOCIETE PLUS JUSTE.


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