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article de la rubrique justice - police > voisins vigilants
date de publication : vendredi 28 août 2009
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En quoi consiste le système des “Voisins vigilants” ? Quelques habitants d’une rue ou d’un quartier veillent à tour de rôle sur leur zone d’habitation ; s’ils assistent à quelque chose de suspect, ils en informent la gendarmerie ou la police. Un dispositif qui vient des pays anglo-saxons, Grande-Bretagne, Canada et Etats-Unis, où il est désigné par l’expression “neighbourhood watch”.

Le système semble en plein développement dans les Alpes-maritimes. Lors de la campagne pour les municipales du printemps 2008, l’actuel maire de Nice, Christian Estrosi, avait déclaré vouloir créer des “comités de voisins vigilants” et avait évoqué la constitution d’une « réserve civile et citoyenne », composée de retraités de la police ou de la gendarmerie, tous volontaires, précisant : « les membres cette réserve bénéficieront d’un vrai statut et disposeront des moyens d’action nécessaires. » [1]

Vous rappelez-vous ? fin mars dernier, pris pour un violeur, un homme avait été lynché en pleine rue à Montreuil.


Voir en ligne : vers une commission parlementaire d’enquête ?

A La Gaude (Alpes Maritimes)

Sur le site officiel de la commune de Tourrettes-sur-Loup
 [2]

La chaîne de voisins vigilants est constituée d’habitants regroupés par quartier permettant de transmettre toutes les informations très rapidement à la gendarmerie et la police municipale, mais également de recevoir les informations en retour.

Le principe étant de contacter le responsable du quartier concerné à chaque anomalie constatée (individu ou voiture suspects), celui-ci collecte les faits et les communique à la gendarmerie qui avisera.

A l’inverse en cas de vol ou infraction communiqués au responsable de quartier celui ci informera tous les habitants concernés, ce qui permettra à chacun d’être plus « vigilants », et ainsi de pouvoir déjouer certaines mauvaises intentions.

Des panneaux signalétiques sont disposés aux entrées d’un « secteur vigilant » et des autocollants pour les boites à lettre sont fournis par la mairie.

Si vous souhaitez faire partie d’une « chaîne vigilante », envoyez un email avec vos coordonnées à R. C., conseiller municipal 1er adjoint.

Sur les hauteurs de Nice : un comité de vigilance pour lutter contre les cambriolages

[Nice Matin, le 9 mars 2009]


« Mes voisins et la police surveillent ». Finies les pancartes « chien méchant ». Les habitants de la Corniche de Magnan placardent désormais des affiches explicites sur leur portail. Les visiteurs indésirables sont prévenus. Les cambriolages sont devenus monnaie courante dans ce quartier situé sur les hauteurs de Nice. Un sentiment d’insécurité règne parmi les habitants [...]

Selon une source policière, le nombre de vols par effraction a baissé de 2007 à 2008, avec respectivement 11 et 6 cambriolages. Deux casses ont été répertoriés depuis janvier 2009. Ces derniers ont tous les deux eu lieu la semaine dernière, dans deux résidences de la Corniche de Magnan. [...]

Si le nombre de vols par effraction a baissé, le sentiment d’insécurité lui, a augmenté.

« La sécurité c’est l’affaire de tous »

En quelques pas discrets vers des milices privées

par Angélique Schaller, La Marseillaise du 9 juillet 2009


Sans bruit ni débat, un nouveau dispositif est testé dans la région Paca, à Jonquières, Vence et Nice : les Voisins vigilants. Quelques bénévoles en liaison directe avec la police ou la gendarmerie.

« Le Vaucluse étant un des dix départements français les plus touchés par les cambriolages, nous avons été sollicités par la gendarmerie et nous avons donné notre accord ». Louis Biscarrat est maire de Jonquières, village provençal en pleine expansion. Le 16 juin dernier, préfet et représentants de la gendarmerie ont donc présenté le dispositif « Voisins vigilants » d’abord aux habitants du lotissement Ventoux puis à une assemblée plus large dans les locaux de la salle socio-culturelle. [...]

Nous sommes déjà loin de la simple Opération Tranquillité Vacances, le mot clé de « délation » est spontanément lâché. C’est d’ailleurs aussi l’écueil souligné par Patrick Alleman, chef de file de l’opposition niçoise où le dispositif a été mis en place en été 2008 dans le quartier des Quatre chemins : « nous avons découvert l’opération par voie de presse car elle n’a fait l’objet d’aucun débat en conseil municipal et d’aucun bilan depuis ». Si l’élu socialiste se dit « hostile par principe » il reconnaît ne pas être monté au créneau, mobilisé par une autre annonce de ce type réalisée par le maire de Nice Christian Estrosi : « la création de service civique, regroupant des volontaires qui seraient à disposition de la collectivité pour procéder à des identifications, des signalements, des surveillances ou collecter des informations, disposant d’une carte et rattachés à un service spécial dépendant du premier adjoint ».

Si la gendarmerie assure que « dans la région, seules les communes de Vence et Jonquières testent le dispositif », les villes de Roquefort-les-Pins, Tourettes sur Loup, Mornas, Cucuron et Lauris affichent un dispositif éponyme.

Pas puni de la peine de mort

[...] Un tel dispositif provoque des inquiétudes chez les syndicats. « Il faut laisser la police à la police » estime ainsi Alphonse Giovannini de Unité Police syndicat unique, « le code de procédure pénal prévoit déjà l’alerte par les citoyens quand ils sont témoins de quelque chose et cela suffit ». Et de craindre des dérives dangereuses de cette implication de non professionnels. « On va se retrouver avec ces voisins vigilants qui vont téléphoner au 17. Faute d’effectifs, la police n’intervient pas forcément rapidement. Je suis sûr que certains vont prendre sur eux, d’appeler un autre “voisin”, qu’ils vont finir par décider de se charger eux-mêmes du cambrioleur, qu’ils vont trouver le club de golf ou la batte de base-ball de leur fils qui devient illico une arme par destination. Et après ? Soit, ils tombent sur quelqu’un d’armé et cela vire au drame pour eux. Soit, c’est l’inverse. Et si le cambriolage est un délit, ce n’est pas puni de la peine de mort ».

Angélique Schaller


Your neighbour is watching you ...

Communiqué LDH

Montreuil : de la chasse à l’homme au lynchage

Le 12 mars dernier, un homme a été lynché en pleine rue à Montreuil au motif qu’il ressemblait à un pédophile en cavale, révélant un profond malaise dans les relations que les citoyens français entretiennent avec la police ou avec la justice.

Un portrait-robot dudit pédophile circulait sur les téléphones portables. Alors que, selon des témoins, des pères de famille tournaient dans la rue pour tenter de l’attraper, un homme croyant le reconnaître tire avec un flash-ball avant de prévenir la police, mais la victime plaquée au sol est rouée de coups de poings et de coups de pieds par des passants. Résultat : 30 jours d’ITT. Un suspect a été arrêté le 19 mars et mis en examen.

Ce fait divers grave soulève plusieurs questions. Tout d’abord, la vente libre de ce genre d’arme dont l’utilisation peut être dangereuse. Ensuite, la diffusion du portrait-robot dont on ne sait aujourd’hui qui en a été l’auteur, affiché dans un stade et photographié par un téléphone portable rendant l’image peu fiable. Enfin, et plus grave encore, la volonté de faire justice soi-même au prétexte que la police ne réagissait pas. [...]

Paris, le 1er avril 2009

N’oubliez pas qu’un homme armé est un homme dangereux (graphisme : Banksy)

P.-S.

Ajouté le 16 mars 2010

Les « voisins vigilants » gagnent le Nord [3]

Répandue en Angleterre et expérimentée dans le sud de la France, la pratique des « voisins vigilants » gagne le Nord. Quatre communes de ce département (Quesnoy-sur-Deûle, Santes, Bois-Grenier et Phalempin) expérimentent depuis quelques semaines le dispositif proposé par la gendarmerie. Concrètement, il s’agit de demander à des citoyens volontaires d’alerter la gendarmerie d’agissements ou d’événements réputés anormaux. « Nous n’avons pas de grande criminalité, mais pour éviter les affaires d’abus de faiblesse sur les personnes âgées, par exemple, pourquoi s’en passer ? », justifie le maire de Bois-Grenier, Michel Delepaul. Il a convaincu huit habitants de se porter volontaires ; « ce ne sont surtout pas des shérifs », assure-t-il.

Notes

[1« Christian Estrosi veut créer des comités de “ voisins vigilants” », Nice Matin, le 22 février 2008 : http://www.nicematin.com/article/ni....

[3Référence : http://www.territorial.fr/uploads/N....

Voir également : « L’opération Voisins vigilants va être expérimentée pendant un an », La Voix du Nord, le 5 mars 2010.


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