une visite au CRA de Marseille


article de la rubrique les étrangers
date de publication : jeudi 13 février 2014
version imprimable : imprimer


La députée européenne Sylvie Guillaume revient sur sa visite du centre de rétention administrative de Marseille. Cette visite s’est inscrite dans le cadre d’une campagne européenne visant à faciliter l’accès aux structures de détention des étrangers. « J’ai déjà visité plusieurs centres en France et en Europe, rappelle Sylvie Guillaume. L’idée un peu nouvelle avec cette campagne est d’ouvrir ces lieux à d’autres que des parlementaires. Je suis ainsi venue avec des journalistes. Cela s’est fait tranquillement, on a réussi un bel exercice d’ouverture démocratique. »


Marseille. Une députée visite le centre de rétention

[H.Rico, AFP Maritima le 31 janvier 2014]


Le centre de rétention administrative (CRA) de Marseille, qui a ouvert exceptionnellement ses portes vendredi à la députée européenne Sylvie Guillaume (PS) et à deux journalistes, demeure, malgré des efforts, encore "loin des standards", selon l’élue.

Contrairement à Lyon ou Nice, les sans-papiers ne peuvent pas circuler librement au sein du bâtiment, conçu sur le modèle carcéral.
Construit en 2006, le centre est composé de cinq zones de vie, appelées "peignes", en dehors desquelles chaque déplacement se fait sous escorte policière. Dans chacune, de 10 à 17 chambres, une salle de télévision, une salle commune et une cour de promenade bétonnée et surmontée de barbelés.

"Par rapport à ma précédente venue en 2010, l’état d’esprit a changé et il y a une volonté d’identifier le problème", a estimé Mme Guillaume à l’issue de cette visite effectuée dans le cadre de la campagne européenne "Open access now", qui vise à faciliter l’accès aux structures de détention des étrangers.

La direction a ainsi prévu de mettre en place au deuxième semestre "une zone d’autonomie contrôlée (ZAC)", où les migrants seront libres de leurs mouvements, mais qui requiert l’installation de caméras supplémentaires pour les surveiller, explique la capitaine de police Martine Bonnet, adjointe au chef de centre.

"Je suis un peu circonspecte quant à la rapidité de ce changement", s’inquiète l’eurodéputée. Mme Guillaume, qui a déjà visité plusieurs centres en France, Grèce et Bulgarie, déplore également une propreté qui laisse à désirer, le froid qui règne dans les chambres, le confort très rudimentaire et l’absence d’activités. "Nous sommes assez loin des standards vis-à-vis de personnes qui ne sont pas des délinquants", juge-t-elle.

Dans la zone d’attente se trouvaient vendredi deux jeunes clandestins guinéens, arrivés la veille par bateau de Dakar, comme leur compatriote qui s’était noyé le 10 janvier à la sortie du port de Marseille – voir cette page.

Le CRA de Marseille a accueilli l’an passé 2.094 personnes (contre 2.287 en 2012), dont 47 femmes, pour une durée moyenne de rétention de 14 jours (11 en 2012, 7 en 2011).
Depuis 2010, aucune famille avec enfants mineurs n’y a séjourné.

Parmi les nationalités les plus représentés, figurent les Tunisiens (plus de 40%), devant les Algériens et les Marocains, suivis de loin par les Turcs et les Sénégalais.
L’an dernier, 133 incidents (tendances suicidaires, automutilations, violences contre agents) ont été recensés, contre 480 en 2012.

______________________________

« Un site en deçà des standards »

[par Caroline Delabroy, 20minutes.fr, le 12 février 2014]


La députée européenne Sylvie Guillaume (PS) évoque sa visite effectuée fin janvier au centre de rétention administrative de Marseille, qui a vu passer en 2013 près de 2 100 personnes sans papiers.

  • Que vous ont dit les personnes retenues dans ce centre ?

Ils sont très critiques sur l’hygiène et leurs conditions de vie. J’ai pu moi-même constater des problèmes de chauffage des chambres, la présence de sacs poubelle dans le couloir, un confort très rudimentaire.

  • Depuis votre dernière venue, en 2010, avez-vous constaté une amélioration ?

Il y a moins de gens par chambre puisque les familles n’y séjournent plus, mais cela reste des locaux qui pèsent énormément sur les conditions de vie des retenus. Le centre reste sous les standards de la normale.

  • Vous pointez en particulier le problème des déplacements...

En raison des contraintes du bâtiment, il y a un accompagnement systématique des retenus dès lors qu’ils veulent rencontrer le Forum réfugiés ou se rendre à l’infirmerie. Cela crée aussi une forte tension pour les agents accaparés par ces tâches d’accompagnement.

  • Que penser de la zone d’autonomie contrôlée promise par la direction pour le second semestre ?

Je doute que ce calendrier puisse être tenu. Mais il y a une volonté de la part de l’administration de faire évoluer la situation. Cette capacité de mouvement et d’accès au secteur associatif est importante dans un espace qui reste un lieu de privation de liberté. Au centre de Lyon, réputé au-dessus des standards, elle permet une prise en charge plus globale de la personne.

______________________________


Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP