Un autre monde !

Je parcourais ce matin le supplément du journal Le Monde, Culture et Idées, en date du 26 octobre. Je vous en livre certains titres qui traduisent, me semble-t-il, nos difficultés de vivre.

 Page 2 : Poètes, vos chantiers !
Oui, poètes, pourquoi votre silence ? Nous n’entendons plus vos voix !

 Page 4 : La Méditerranée, notre mer à tous avec en sous-titre : Les naufrages de bateaux chargés de migrants, au large de Lampedusa, transforment la Méditerranée en un cimetière.
Permettez-moi de citer la première strophe du poème de Paul Valéry Le Cimetière Marin. Sa lecture nous montre, a contrario, la misère et la médiocrité d’aujourd’hui :

Ce toit tranquille, où marche des colombes
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux.

 Page 6 : La démocratie n’est pas naturelle. Il faut faire de la pédagogie.
La Démocratie ! Autrement dit, selon Abraham Lincoln, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est-à-dire un ensemble de valeurs, un idéal social et culturel plus qu’un système politique !

Oui, je trouve que ces trois titres montrent la misère intellectuelle dans laquelle nous sommes. Les poètes se taisent, la Méditerranée n’est plus qu’un cimetière et un mur contres les phantasmes de l’immigration quant à la démocratie elle s’effiloche un peu plus chaque jour.

Après une longue absence, je ne reviendrai pas sur les événements de ces derniers mois qui ont été abondamment commentés et critiqués, notamment par les prises de positions claires et courageuses de la LDH.
J’aimerais vous dire où j’en suis de mes réflexions sur l’état de notre pays, ce “cher et vieux pays” comme disait de Gaulle !!

Pourquoi le gouvernement actuel nous parait-il si contestable, si critiquable ? Pourquoi ce manque d’imagination politique ? Pourquoi cette gestion à la petite semaine ? Pourquoi emprunter les mêmes chemins que les gouvernements précédents ? N’y a-t-il vraiment pas d’autre voie que marchande, celle voulue par les pays anglo-saxons ? Pourquoi, par exemple, ces références permanentes à l’Allemagne, voire à l’Angleterre et aux États-Unis ? A croire que les pays d’origine grecque et latine ont épuisé leur imagination et leur dynamisme qui furent pourtant à l’origine de l’Europe et de notre type de civilisation.

Aujourd’hui il est certain que si nous sommes incapables d’avoir une imagination politique. Sans elle nous ne sous en sortirons pas ! Et nous serons prêts pour tous les extrémismes voire toutes formes de dictature . Sans imagination nous serons toujours dans le sillon du commerce des pays du nord de l’Europe et des États Unis d’Amérique. Que faut-il faire ? Avoir un grand projet donnant les lignes directrices de ce que devrait être demain, d’un monde dans lequel nous voudrions généreux. Avoir un grand projet qui emporte l’adhésion voire l’enthousiasme plutôt que la gestion au coup par coup, à la
petite semaine ! N’est-ce pas le rôle d’un président de la République de travailler à cette nouvelle vision ?

Certes, il faut résorber le chômage !
Y arriverons-nous avec des recettes éculées ? Sans doute ne faut-il pas dépenser plus que ce que nous gagnons. Et encore ? Mais y parviendrons-nous avec une comptabilité à la petite semaine ? De toute façon, ce n’est pas le rôle d’un chef de l’État de travailler sur des préoccupations immédiates. Il y a
pour cela un gouvernement qui doit se préoccuper de notre sort quotidien et défendre nos intérêts.

Un chef d’État devrait construire et proposer un projet d’avenir. Nous savons bien qu’aujourd’hui se pose au monde entier un problème de civilisation. Il ne s’agit pas de savoir qui gagnera. Il faut avoir une vision planétaire pour tenter de vivre ensemble dans un monde qui chaque jour un peu plus se montre notre bien commun. N’appartiendrait- il pas aux pays qui sont à l’origine de notre civilisation d’être les promoteur d’un tel projet ? Viendra-t-il d’un pays dit “émergent” ?
Nous savons que ce n’est pas la droite qui proposera une telle ambition. Elle n’en a pas la vocation ! - pour employer un mot cher à nos ministres de l’Intérieur successifs.
La gauche ? Peut-être. Si, un jour une femme ou un homme apparaît, capable de porter un projet que l’on qualifiera d’utopique mais qui aura la vertu d’emporter non seulement notre adhésion mais de soulever notre enthousiasme de nous Français, mais aussi peut-être d’autres Européens. Et pourquoi
pas au delà ? Il faut bien constater qu’aujourd’hui nous ne discernons rien à l’horizon. En tout cas pas chez les gouvernants actuels qui ne songent qu’à cette gestion à court terme. Ils se déchargeant de leurs responsabilités derrière de soit-disant directives européennes qui ne demandent, comme toutes
les directives, qu’à être transgressées. Il y a toujours une alternative !
Peut-être faudrait-il commencer par ne plus considérer la politique comme une profession mais bien plutôt comme une vocation et une mission. Non ! Être ministre, fut-ce le premier d’entre eux, n’est pas un métier !
Non ! Être Président de la République, n’est pas de gérer au jour le jour, selon les événements du moment, mais de proposer à ses concitoyens un grand projet !

Alors, sans doute, nous serions prêts pour des efforts, beaucoup d’égoïsmes deviendraient silencieux. Nous ferions taire nos difficultés du moment parce qu’il s’agirait, sans grandiloquence, de construire l’avenir. Quel avenir nous propose-t-on aujourd’hui ?
AUCUN !