soutiens aux familles de La Chaberte


article de la rubrique roms et gens du voyage > la Chaberte et ses suites
date de publication : samedi 12 janvier 2013
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Le comité de soutien aux habitants de La Chaberte s’adresse au Préfet du Var en lui demandant un moratoire des expulsions et l’organisation d’une table-ronde pour résoudre humainement la situation.

Voir les autres soutiens en faveur de ces familles et, ci-dessous, deux articles de la presse locale.

[Mis en ligne le 11 janvier 2013, mis à jour le 12]



Communiqué

Mercredi 9 janvier 2013 les familles de la Chaberte avec leur comité de soutien ont rencontré « sur le terrain » la représentante du Préfet.

Après 8 mois de conflit qui les oppose à TPM, ils ont réaffirmé le refus de recourir à toute expulsion.

La préfecture ne peut ignorer que l’exécution de cet acte judiciaire ne fera
qu’amplifier le conflit au lieu de le régler. Présentes sur ce terrain depuis 6 ans, voire plus pour certaines, où iront ces familles avec leurs caravanes ? Où seront inscrits les 16 enfants dont la scolarité est obligatoire ?

TPM, agglomération regroupant Les villes de Toulon et de la périphérie (gérée par les Maires et présidée par le Maire de Toulon) ne peut se « débarrasser »de ces familles en les jetant dans l’errance.

Il est important que le Préfet représentant de l’Etat dans le département intervienne pour rompre la longue habitude de mépris à l’égard des gens du voyage dans le Var, comme s’ils étaient des citoyens de seconde zone.

Il est important de privilégier l’humain tant qu’une solution de relogement satisfaisant les personnes concernées n’aura pas été trouvée.

D’autant que la loi le prévoit dans le cadre de la MOUS
D’autant que, selon la loi Besson du 5 juillet 2000, le Schéma départemental aurait dû être mis en place avant le 06/01/2002. Et sa concrétisation traîne.
D’autant que la circulaire interministérielle de l’été dernier préconise de mettre en avant l’humanité et l’intégration.
D’autant que le Conseil de l’Europe prévoit des dispositions pour les gens du voyage sédentarisés.

Des solutions existent, comme le proposent les familles depuis le mois de juin 2012 :

  • A la Chaberte même dans le cadre d’un réaménagement.
  • Dans un autre lieu de l’agglomération de TPM.
  • Dans un terrain privé offrant les garanties de d’hébergement.

Fortes du soutien et de la solidarité de plus en plus grande d’associations, de personnalités d’élus régionaux, les familles avec le comité de soutien ont réitéré auprès de la représentante du Préfet un moratoire avec l’organisation d’une table ronde en présence de toutes les parties dont TPM ne saurait se soustraire.

La Garde le 10 janvier 2013


Le comité de soutien des familles de La Chaberte :
LDH, RESF, Fondation Abbé Pierre, FCPE, Attac, Toulon@venir, LogiVar, CLCV, CNL, UD CGT, FSU, Solidaires, PCF, EELV, Parti de Gauche, NPA

La solidarité grandit autour des caravanes

par J. S., La Marseillaise, 11 janvier 2013


Gens du voyage. Les familles résidant sur le terrain de la Chaberte à La Garde ont reçu mercredi la visite de la sous-préfète. Pour partir ou se faire expulser.

Nathalie Bakhache, directrice de cabinet du préfet du Var, et Jean-Michel Lopez, directeur de la sécurité publique, se sont rendus mercredi après-midi à la rencontre des familles de gens du voyage installées sur le terrain de la Chaberte sommées de quitter les lieux, entourées à cette occasion par les nombreux soutiens qu’elles comptent. L’occasion de réitérer les arguments développés depuis des mois pour que les pouvoirs publics sursoient à la décision d’expulser ces familles auxquelles on ne propose aucune solution de relogement acceptable.

Nathalie Bakhache n’avait pas grand-chose à soumettre si ce n’est de dire qu’une décision de justice avait été prononcée pour cette expulsion le 2 septembre 2012 et qu’il fallait donc qu’elle s’applique. Présent sur les lieux pour l’union départementale CGT, Jean-Louis Horon a clairement rappelé ses positions : « Nous avons écrit au préfet pour lui demander qu’il n’y ait pas d’expulsion au motif que cela ne règle pas la situation. Les personnes devront être accueillies quelque part. Il y a un problème humain, avec des enfants scolarisés. Une intervention des forces de l’ordre serait dangereuse pour l’équilibre des gamins. On en appelle à la raison du préfet. Nous sommes dans une situation où les lois ne sont pas respectées pour les sites d’accueil des gens du voyage. On demande à la préfecture d’intervenir auprès des collectivités, de prononcer un moratoire pour l’arrêt des expulsions et d’organiser une table ronde avec TPM, les communes et les associations de soutien. Pour trouver une solution, il faut libérer des terrains où les familles pourront poser leurs caravanes dans des conditions d’hygiène acceptables. » Ce que réfute TPM depuis le début de l’affaire. La CGT a donc saisi le préfet par courrier : « Les collectivités locales et TPM portent une responsabilité première dans l’insuffisance de l’offre de sites et du nombre de places d’accueil pour accueillir nos concitoyens. »

Egalement présent sur ce terrain jouxtant l’autoroute, François Nadiras, pour la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme évoque quant à lui un dialogue de sourds : « On demande une chose simple : un endroit qui soit adapté à leurs besoins. Prenons l’exemple de Serge Schmidt qui est directeur d’une école de cirque à Hyères. Il a des animaux, un cheval. Il ne peut pas se reloger dans un appartement. Les solutions du dispositif MOUS, maîtrise d’oeuvre urbaine et sociale, ne conviennent pas à leur demande. La sous-préfète s’est retranchée derrière la décision de justice. En clair ; on a la loi pour nous, vous, vous dégagez ! Ils répondent à côté de la plaque... »

Quand il lira son courrier, le préfet du Var y trouvera une missive du conseiller régional Philippe Chesneau (EELV) : « J’ai été abasourdi lorsque j’ai appris que pour enfin aménager une zone d’accueil pour les gens du voyage à la Chaberte, quatre familles de Tsiganes sont menacées d’expulsion. Nous marchons sur la tête. Il est important que vous manifestiez un geste qui rompe la longue habitude de mépris à l’égard des gens du voyage dans le Var ; comme s’ils étaient des citoyens de seconde zone. Il est important de privilégier l’humain en sursoyant à l’expulsion des quatre familles concernées tant qu’une solution de relogement satisfaisant les personnes concernées n’aura pas été trouvée. »

La CGT va par ailleurs saisir 1’Etat. L’affaire est donc loin d’être entendue. Qui, dans cette histoire, ne respecte pas la loi ?

J. S.


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Pierre Karl, porte-parole des familles. (Photo Sylvie Hernandez)

La Chaberte : les gens du voyage sous le coup d’une expulsion imminente

par Ambre Mingaz, Var Matin, 12 janvier 2013


Mercredi [9 janvier], les gens du voyage sédentarisés du terrain de La Chaberte, à La Garde, ont reçu la sous-préfète et les forces de l’ordre. Menacés d’expulsion, ils vivent avec cette épée de Damoclès.
Le 2 septembre dernier, le tribunal de Toulon condamnait les familles à quitter les lieux sous peine d’être expulsées. Depuis, elles ont fait appel de la décision et réclament une table ronde.

Certains sont installés sur ce terrain de La Chaberte depuis plus de huit ans. Une dizaine de caravanes abritent aujourd’hui une soixantaine de personnes. Six familles en tout, dont seize enfants scolarisés à La Garde. Mais alors que les travaux de réalisation d’une aire de grand passage pour les gens du voyage ont enfin été entamés sur ce terrain [1], on leur demande, à eux, les gens du voyage sédentarisés (et non de passage), de quitter les lieux. Un comble qu’ils ont du mal à digérer.

Et, depuis le mois de mai, aucune solution ne semble avoir été trouvée avec le propriétaire du terrain, Toulon Provence Méditerranée. Assignées devant le tribunal de grande instance de Toulon, ces familles ont même été condamnées, le 2 septembre dernier, à libérer le terrain sous peine d’être expulsées. Elles ont fait appel.

« Nous avons déplacé nos caravanes »

Mercredi, la directrice de cabinet du préfet du Var s’est rendue sur les lieux. Entourée du directeur départemental de la sécurité publique et de représentants des forces de l’ordre. En face, les attendaient les familles, ainsi que le comité de soutien qui s’est créé pour les défendre
 [2].

« Nous avons dit à la sous-préfète que nous n’avions nullement gêné les fouilles archéologiques faites sur le terrain. Ni les travaux, puisque nous avons déplacé ’nos caravanes. Nous ne sommes même plus sur le terrain concerné. On ne demande d’ailleurs pas spécialement de rester ici, mais de nous trouver un terrain. Nous avons ainsi demandé à la sous-préfète une table ronde pour tous nous réunir, les familles, les associations mais surtout TPM », confie Pierre Karl, le porte-parole de ces familles.

Pour un dialogue

Les gens du voyage dénoncent ainsi l’attitude de la communauté d’agglomération. « À la barre du tribunal, leur avocate a refusé notre proposition de faire appel à un médiateur. Depuis le mois de mai, on n’a vu personne de chez TPM. Et là (vendredi, Ndlr), on a même entendu dire qu’ils avaient bloqué l’entrée du terrain de La Ripelle avec des tas de goudron, au cas où nous voudrions nous installer là- bas », s’indigne Pierre Karl.

Ont-ils eu des propositions de relogement ? « On ne nous l’a pas proposé. On nous a dit qu’il n’y a pas de terrain. Pourtant, les Roms de La Seyne ont été dirigés récemment à Clemenceau, à La Garde. »
Problème : « Depuis le mois de mai, on ne peut même plus renouveler nos justificatifs de domicile alors qu’avant, on payait l’eau, l’emplacement, l’électricité... Près de 120 euros par mois. Je ne peux même pas renouveler ma carte grise et ma nièce risque de perdre ses allocations de la Caf sans ce justificatif ».

Face à la représentante du préfet, Pierre Karl a rappelé : « Ils sont hors-la-loi par rapport au schéma départemental d’accueil des gens du voyage et la charte européenne. Et l’expulsion massive est interdite pour les gens du voyage sédentarisés. » En brandissant des textes de loi, des courriers administratifs, d’autres de soutien...

Demain, dans une semaine ou peut-être dans un mois, l’expulsion est imminente. La préfecture donnera-t-elle son accord aux forces de l’ordre pour qu’elles mettent à exécution la décision de justice ? Interrogée, celle-ci s’est refusé à nous le dire.

Ambre Mingaz


Notes

[1[Note de LDH-Toulon] – Il s’agit en réalité d’une aire d’accueil.

[2Le comité de soutien est composé de 17 associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, la fondation Abbé Pierre, la CGT, le Secours populaire, la FSU 83, la FCPE, Solidaires, le PCF, le Parti de la Gauche, NPA, le PS, Europe Écologie Les Verts...


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