Mardi soir 8 octobre 2013, alors que la députée Europe Ecologie-les Verts de la 4e circonscription de la Vienne, Véronique Massonneau, était en train de s’exprimer à l’occasion du débat sur la réforme des retraites, elle a été perturbée par des bruits de basse-cour.
Un exemple du sexisme ordinaire dont sont victimes les élues, et les femmes en général.
Le lendemain, les députées de la majorité sont arrivées volontairement en retard en séance pour protester contre l’insulte sexiste subie la veille par la députée écologiste de la Vienne, ce qui a provoqué des applaudissements à gauche et le départ furieux et bref de la plupart des députés de droite.
Une pétition adressée à Claude Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale,et Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, demande des sanctions systématiques contre les parlementaires au comportement sexiste à l’Assemblée Nationale ou au Sénat : signer cette pétition.
Sexisme à l’Assemblée nationale : De la poule et des "eux"
extrait du blog de Véronique Massonneau, le 10 octobre 2013
J’ai vécu ce mercredi 9 octobre une journée particulière : après une séance de nuit dans l’hémicycle où j’avais eu droit à une manifestation de sexisme et de grossièreté volaillère ourdie par un député UMP qui n’avait à l’évidence plus toutes ses facultés de jugement, le travail législatif sur le projet de réforme des retraites reprend son cours.
La tempête médiatique du "poulegate" calmée (je n’avais jamais fait autant de plateaux et d’interviews de ma vie), je prends quelques minutes pour tirer, encore à chaud, quelques leçons de cette séquence qui me semble bien moins anecdotique qu’il y parait.
D’abord pour noter que si les manifestations de sexisme dans l’enceinte de l’Assemblée ne sont pas nouvelles, les réactions que ce dernier épisode a générées sont, elles, totalement inédites. Et c’est tant mieux. Attention médiatique, messages sur les réseaux sociaux, révolte des femmes députées, jusqu’à la sanction lourde assénée par le bureau de l’Assemblée nationale envers Philippe Le Ray...
Tout cela est nouveau, et mérite d’être noté. Alors que nous nous apprêtons, dans quelques semaines, à adopter un texte sur l’égalité femmes-hommes, c’est un point positif : si notre Assemblée n’échappe pas au sexisme qui traverse notre société et dont tant de femmes sont victimes, la nécessité de l’exemplarité de la parole et du comportement parlementaires est de bon augure. Et les réactions citoyennes qui se sont exprimées - je pense notamment aux messages innombrables reçus par voie électronique, auxquels je réponds ici par un grand merci- témoignent de l’attente de la société sur cette question de l’égalité et du respect entre les sexes.
Cette conscience est-elle partagée, est-elle sincère ? On peut en douter, certes. Ainsi, alors qu’il avait refusé de prononcer toute excuse lors de la séance elle-même, Philippe Le Ray m’a appelée hier pour s’excuser. Sa justification m’a laissée coite : "je ne peux pas être sexiste, j’ai des collaboratrices...". De même, la première réaction de Christian Jacob et de ses collègues masculins du groupe UMP lors de la "manifestation des députées" à la séance des questions au gouvernement a été de... quitter l’hémicycle à leur tour, en refusant "la théâtralisation d’un incident regrettable". On a vu prise de conscience plus franche et moins alambiquée...
En regardant l’hémicycle hier, on ne pouvait d’ailleurs que remarquer que lorsque les femmes désertent les bancs de la gauche, la quasi-moitié des travées sont vides, alors que les bancs de la droite deviennent déserts dès lors que ce sont les hommes qui s’en vont... L’UMP, qui a préféré la sanction financière au respect de la parité, a peut-être pris conscience hier que lorsqu’un groupe politique compte 27 femmes pour 172 hommes, cela n’est pas sans conséquence sur l’attention et le respect portés aux paroles des députéEs... On ne le répétera sans doute jamais assez : la lutte contre le sexisme commence par la parité. C’est peut-être la leçon la plus claire -et on espère la plus efficace à terme- du désolant épisode d’hier.
Et maintenant, retour dans l’hémicycle pour parler retraites, conditions de vie des salariés, et... inégalités hommes/femmes dans l’accès à la retraite et dans le montant des pensions. Des questions qui sont au cœur du travail de la députée membre de la commission des affaires sociales que je suis.
Finalement, tout se tient !
Véronique Massonneau