réunion des états généraux du logement du Var


article de la rubrique droits sociaux > logement
date de publication : lundi 7 novembre 2011
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Une soixantaine de participants représentant une vingtaine d’organisations syndicales, politiques ou associatives, ont participé le 5 novembre aux États généraux du logement du Var [1].

Après avoir constaté la difficulté de plus en plus grande pour se loger dans le Var du fait de l’insuffisance de la construction de logements sociaux, et déploré le non-respect de la loi SRU – la loi Solidarité et renouvellement urbains “impose” 20% de logements sociaux aux communes de plus de 3500 habitants – dans le Var, il a été décidé de créer un Observatoire varois du logement ; les membres du collectif se réuniront début décembre afin de le structurer.

Pour contacter le collectif : ud83@cgt.fr


« Il n’y a pas assez de logements sociaux dans le Var »

[entretien publié dans Var matin le 29 octobre 2011]


Pour Jean-Louis Horon [(NDLR) de l’UD-CGT, un des porte-parole du collectif], il faut construire 4000 logements sociaux par an pendant dix ans pour rattraper le retard dans le Var.

C’est une première. Samedi prochain se tiendront à Toulon, les États généraux du logement du Var. De 10 h à 16 h 15, dans les locaux de la Fédération des œuvres laïques, associations, syndicats et partis politiques (de gauche), débattront autour de plusieurs tables rondes de la situation du logement social dans le département.

  • Quel est l’objectif de ces Etats généraux du logement ?

Cela va permettre à tous les acteurs du logement de se rencontrer. À partir de ces rencontres, nous allons faire ressortir des propositions pour être le plus efficace possible dans cette délicate mission. Tous les intervenants devront répondre à cette question : Comment peut-on construire du logement pour répondre aux besoins des salariés, des étudiants, des jeunes ménages, des retraités ? Nous souhaitons mettre en place une politique d’anticipation et de réponse à court terme pour les personnes qui en ont besoin.

  • Quelle est la situation dans le Var ?

Dans le Var, il y a 8 % de logements sociaux selon nos estimations. En Provence-Alpes-Cote d’Azur, nous en sommes à 14 % et en France à 17 %. Nous sommes donc très en retard. Nous proposons la construction de 4 000 logements par an pendant les dix prochaines années. Cela permettrait d’effacer la pénurie, de répondre aux besoins et de rénover le parc existant. Aujourd’hui, on ne construit que 1 500 logements sociaux par an. Quand on sait qu’il y a 42 % des familles varoises qui sont éligibles au Prêt locatif aidé d’intégration (PLAI), on est très loin du compte... [...]

Photo Patrick Blanchard (Var matin)

États généraux du logement du Var

[par Agnès Massei, La Marseillaise, le 7 novembre 2011]


Une première samedi à Toulon qui a jeté les bases d’une plate-forme revendicative et de la création d’un observatoire départemental

Le « pari » lancé par les associations, organisations syndicales, partis de gauche et l’office HLM seynois s’est transformé ce week-end en une « dynamique » qui promet « de ne pas en rester là ». Les premiers États généraux du logement dans le Var se sont ainsi tenus samedi, réunissant plus d’une cinquantaine de personnes dans la salle toulonnaise du CREP des Lices. La diversité de sensibilités affichée par les participants, loin de freiner le débat, a au contraire donné lieu à des échanges constructifs. Chaque intervenant s’accordant en outre à saluer la pertinence d’une telle initiative. Initiative directement inspirée des États généraux nationaux, nés du rapprochement en 2009 d’une trentaine d’organisations, dont le mot d’ordre est : « Faire du logement une priorité nationale ». Depuis, deux manifestations nationales se sont tenues tandis que, dans le même temps, 15 propositions ont vu le jour avant d’être soumises au gouvernement et aux parlementaires (lire ci-dessous).

18 organisations

« Dans le Var, nous sommes partis à 7, nous sommes aujourd’hui 17 », a rappelé Jean-Louis Horon (CGT) avant qu’une représentante du Parti occitan n’annonce la décision de sa formation de se joindre aux signataires. 18 organisations, donc, rassemblées autour d’un « constat partagé » – celui de la crise du logement – et désireuses de « construire des réponses collectives » adaptées aux « besoins sociaux ».

Première étape d’un processus au long cours, ces États généraux ont notamment mis en relief la nécessité de trouver des prolongements et de parvenir à l’élaboration d’une plate- forme revendicative commune « à mettre à la disposition des élus, des bailleurs et de la population ». Aussi, le collectif a-t-il d’ores et déjà décidé d’une prochaine rencontre, qui devrait se tenir début décembre.

Thématique développée samedi lors de la seconde table ronde, la création d’un observatoire du logement dans le Var fera l’objet d’une « mise en place progressive », indique Jean-Louis Horon qui précise : « Afin de lui donner toute l’autorité nécessaire, il est important que chacun puisse y contribuer ». Envisagé comme, un instrument « d’analyse et d’initiative », il a pour objectif de conjuguer « propositions et actions ». « Une idée pas si farfelue que ça », commente le syndicaliste, puisqu’il « semble que l’ADIL [Agence départementale pour l’information sur le logement, ndlr] proposerait un outil identique ». « Ce qui valide notre démarche », estime-t-il avant d’ajouter : « Nous allons nous tourner vers l’ADIL pour veiller à ce que, au-delà des quelques institutionnels qui l’alimentent, elle n’oublie pas l’ensemble des acteurs locaux. »

Quelques chiffres

Patrick Hautlère (CLCV) a mis en exergue quelques chiffres piochés dans les rapports de la Fondation Abbé Pierre et du Comité régional de l’habitat.

On compte ainsi « 3.600.000 - dont 600.000 enfants - mal logés en France. » On apprend également que « 5 millions de personnes sont en situation de fragilité et 3 millions confrontés à la précarité énergétique ».
En France, 1.230.000 ménages sont en attente d’un logement social.

Plus près de nous, rares sont les communes à disposer des 20% de logements sociaux préconisés par la loi (le taux est de 9% dans le Var, 14% en Paca). « Dans le Var 75% de la population est éligible au logement social. Or, le taux de logements sociaux n’est que de 9% »

Dans l’agglomération TPM (Toulon Provence Méditerranée), le taux est de 13,4%. Seules La Garde et La Seyne respectent les 20%. « Au
regard de la loi SRU, il manque 15.000 logements sociaux », estime Patrick Hautière.

Absence des élus de droite : des questions en suspens

Commentaire d’Agnès Masséi


« Tout le monde a été invité », ont déclaré les organisateurs. Mais tout le monde n’a pas répondu présent. Si la gauche, dans son ensemble, était largement représentée à l’occasion de ces premiers États généraux, les élus de la majorité départementale ont brillé par leur absence. L’UMP locale aurait-elle à craindre le débat contradictoire sur un dossier tel que le logement ? Butterait- elle sur quelque difficulté à défendre les mesures de ses représentants nationaux ou le bilan de ses édiles départementaux ?

Une chose est sûre en revanche : sa présence aurait eu un intérêt certain. L’assistance n’aurait vraisemblablement pas manqué de lui faire part de ses interrogations. Elle aurait, par exemple, eu l’opportunité de l’interpeller sur la question du logement social. Pourquoi, en effet, les élus de droite, si prompts à traquer les délinquants, s’affranchirent-ils allègrement – et le revendiquent même pour certains d’entre eux – de la règle des 20% ? Tout comme sur les aires d’accueil destinées aux gens du voyage où, là encore, le respect de la loi est laissé au bon vouloir des uns et des autres.

Une interrogation qui aurait également pu s’adresser au représentant de l’État. A fortiori dans un département où, il n’y a pas si longtemps, des maires de gauche (curieux ?), soucieux de préserver le service public de l’Éducation, ont été sommés par un tribunal d’appliquer la loi sur le service minimum dans les écoles les jours de grève. Encore une question, la dernière, mais non des moindres : y aurait-il deux poids deux mesures ?

Quinze propositions « pour renouveler la politique du logement » avaient été formulées à l’issue des premiers États généraux nationaux à Paris en mai 2010 :

Quinze propositions [2]

1 – Promouvoir un pacte de responsabilité pour un service d’intérêt général du logement.

2 – Mettre en place des moyens de connaissance des besoins en logement et des prix, pour réguler les marchés et anticiper la demande.

3 – Associer les parties prenantes à la décision publique et les mobiliser pour la mettre en oeuvre.

4 - 5 – Des aides publiques à la mesure des enjeux et rendues plus efficaces (consacrer 2% du PIB au logement - Refonder une politique du 1%).

6 – Optimiser l’utilisation des sols pour l’offre de logements et la mixité sociale.

7 – Disposer d’une offre locative nouvelle suffisante.

8 – Moduler les aides à l’investissement locatif privé en fonction des contreparties.

9 – Relancer l’accession à la propriété pour les ménages à revenus modestes.

10 – Promouvoir une offre locative dans le parc existant décente et compatible avec les revenus des ménages, et amplifier les programmes de rénovation urbaine.

11 – Rénover la gestion des copropriétés.

12 – Assurer une répartition des logements conforme à la mixité sociale, promouvoir leur qualité environnementale et maîtriser leur coût d’usage.

13 – Maîtriser la dépense totale de logement et la diminuer pour les ménages à revenus modestes et moyens.

14 – Sécuriser les parcours de vie des locataires et des accédants.

15 – Prendre en compte les jeunes, grands oubliés des politiques du logement.

Notes

[1Associations : CLCV, CNL, Fondation Abbé-Pierre, Secours populaire, Ligue des droits de l’homme, ATTAC, ANAS 83. Toulon@venir a rejoint le collectif samedi. Syndicats : CGT, Solidaires, FSU, CFDT. Partis politiques : Europe Ecologie Les Verts, Parti communiste, Parti de gauche, Nouveau parti anticapitaliste. Le Parti occitan rejoint le collectif.
Organisation associée aux états généraux : Terres du sud habitat.

[2Référence : La Marseillaise du 7 novembre 2011


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