quelques éléments du dossier Cuers


article de la rubrique libertés > Cuers
date de publication : jeudi 24 avril 2008
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Vous trouverez ci-dessous quelques éléments du dossier :

  • un chiffrage des subventions transmis par Orphéon le 17 avril
  • un communiqué du maire de Cuers (parvenu le 16 avril)
  • un exposé des faits : un article paru dans La Marseillaise le 17 avril
  • un extrait du compte-rendu par Var-Matin du conseil municipal du 16 avril
[Première mise en ligne le 17 avril, mise à jour le 24 avril 2008]

SUBVENTIONS D’ORPHÉON
LES VRAIS CHIFFRES !

(ils sont en principe - et selon la loi - consultables par tout citoyen en mairie de Cuers)


- Subventions Ville de Cuers 2007 : 19 545€

Cette somme concerne toutes les activités de l’association qui, toute l’année, ont lieu majoritairement à Cuers :

  • créations de théâtre de rue de la compagnie Théâtre intérieur
  • ateliers de création théâtrale (enfants, adolescents et adultes)
  • interventions artistiques en milieu scolaire
  • aide à la programmation apportée par Orphéon à la ville de Cuers dans le cadre de la « Saison municipale de l’Abattoir »
  • Bibliothèque de théâtre
  • vie littéraire : lectures, accueil d’auteurs, Fête du livre de théâtre, cercle littéraire.


- Subventions Ville de Cuers prévues en 2008 : 26 545€

Pour les mêmes activités « amplifiées ».

La somme supplémentaire mentionnée par le maire dans son communiqué paru dans Var Matin le 16 avril (55 000€ ! ! !), ne concerne pas notre association mais les spectacles de la « Saison municipale de l’Abattoir ».
Nous n’en connaissons pas le montant exact car elle est gérée directement par la Ville qui reçoit à ce titre l’aide du Conseil Général du Var, dans le cadre du label « Var en Scènes ».

Grâce à la reconnaissance départementale, régionale et nationale de son travail, l’association ORPHEON reçoit l’aide de nombreux autres partenaires (Conseil Général du Var, Conseil Régional PACA, D.R.A.C. PACA et Education Nationale, Centre National du Livre, D.M.D.T.S.), dont bénéficient indirectement les Cuersois puisque les actions concernées sont réalisées prioritairement sur la commune :

  • aides obtenues en 2007 : 121 900€
  • aides prévues en 2008 : 72 000€

Le communiqué du maire de Cuers, adressé au journal Le Monde, et repris, avec quelques coupures, ce 16 avril 2008, dans Var-Matin, page locale de Cuers :

Communiqué du maire de Cuers

Je tiens à apporter les précisions suivantes concernant la compagnie théâtrale Orphéon :

- Le samedi 29 mars, dans le cadre de la convention de partenariat, la compagnie Orphéon a proposé 3 spectacles de rue (« les demeurées, calao, kristin » ) ayant reçu l‘aval de la précédente municipalité ; or, contrairement à ce qui a été dit, leurs fiches techniques ne précisaient ni la teneur de ces spectacles, ni la présence d’inscriptions sur la voie publique à caractère politique voire xénophobe (exemple : « Gandhi d’ici, Sarkozy pas d’ici »), ni le fait de bloquer la circulation en centre-ville en obligeant les automobilistes à rouler sur le drapeau tricolore, non plus la distribution de tracts de la Ligue communiste révolutionnaire ( LCR ).

- Les inscriptions faites au sol l’ont été avec une peinture dite « de chantier » et non avec une peinture qui s’efface à l’eau. A ce propos, nous invitons les cuersois à se rendre sur la Place du Général de Gaulle ( devant la police municipale ), où ils pourront voir que les dessins du spectacle des « tatoueurs de rue » du 27 janvier dernier, qui devaient s’effacer rapidement, sont toujours visibles 3 mois après…

- La « gratuité » de ces spectacles est toute relative : l’ensemble de ces 3 spectacles a en effet coûté 6.500 euros aux contribuables, sans compter les frais de remise en état de la voie publique. Ces 3 spectacles ont donc bien eu lieu, et ce, dans l’indifférence la plus totale des cuersois.

- Qu’en aucun cas, contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, nous ne sommes pas engagés dans une révolution culturelle, nous ne voulons pas fermer la bibliothèque, et que notre volonté n’est pas de tirer un trait sur la culture dans notre ville. Suite à ces incidents, nous souhaitons avoir un droit de regard préalable sur ces spectacles et ce, par respect pour les cuersois, qui par le biais de leurs impôts, les financent.

- Qu’en tant qu’élus, nous sommes, mon équipe et moi-même, comptables devant les administrés des deniers publics. Il convient de rappeler, à ce propos que la précédente municipalité a cru bon devoir engager la commune en janvier 2008 pour une période de 3 ans dans le versement de subventions importantes :

  • 26.334 euros en 2008
  • 30.560 euros en 2009 et 2010,

auxquelles il convient d’ajouter environ 35.000 euros par an pour 7 spectacles de rue, ainsi que la mise à disposition gratuite de locaux communaux, la prise en charge des frais de fonctionnement afférents, mais aussi de personnel et de prestations diverses.

C’est un budget de 53.000 euros ( hors mises à disposition gratuite ) qui a été alloué à la compagnie Orphéon en 2007.

Gilbert PERUGINI
Maire de Cuers

Un compte-rendu des faits :

C’est la voix publique qui est souillée

par Agnès Masséi, La Marseillaise, le 17 avril 2008

La commune de Cuers n’a décidément pas fini de faire parler d’elle. Outre l’émoi suscité alentour, plusieurs sites Internet et quotidiens nationaux se font en effet depuis quelques jours l’écho de l’affaire qui secoue la ville, opposant le maire, l’association Orphéon et l’artiste Caroline Amoros. Plus précisément de deux affaires, étroitement liées et témoignant toutes deux du peu de considération que le nouveau magistrat UMP, Gilbert Pérugini, accorde à la culture et à ceux dont
c’est le métier.

La première concerne le travail de Caroline Amoros, programmée par Orphéon, et dont le concept n’a pas trouvé grâce aux yeux de M. Pérugini. Le spectacle de rue en question consistant notamment en l’inscription de phrases telles que : « Etre précaire, c’est subir la loi
qu’un autre édicte mais ne subit pas ». « Je me révolte donc nous
sommes », afin de mettre en relief « la déambulation d’une femme en situation de précarité ». M. Pérugini, visiblement inquiet des traces que la peinture pourrait occasionner, réclame une démonstration de nettoyage et l’obtient. Peu lui importe finalement puisqu’il décide d’envoyer un employé municipal goudronner la chaussée et n’hésite pas a entamer une demande d’information judiciaire pour dégradation de la voie publique.

« Pas un petit symbole »

Le deuxième acte a lieu le lendemain lorsqu’il entreprend de faire changer les serrures de la bibliothèque Armand Gatti dont la gestion incombe également à Orphéon. En vain, grâce au refus de l’employé de la structure soutenu par des passants. Ni plus ni moins qu’un «  acte d’intrusion  » selon Françoise Trompette, responsable de l’association.
Si de nombreuses années durant, sur les bancs de l’opposition, M. Pérugini n’a pas fait mystère de ses (mauvaises) intentions à l’égard des activités d’Orphéon, personne ne s’attendait à l’attitude dont il a fait preuve ce week-end. « Nous savions qu’il avait l’intention de casser notre convention [1], mais nous ne pensions tout de même pas que ça irait jusque-là, que ce serait si violent. C’est consternant  », déplore Françoise Trompette. [...]

« Protéger les livres ».

Si de nombreux soutiens, y compris l’association, concèdent que le maire possède certaines prérogatives en termes d’offre culturelle, tous sont d’avis que rien ne justifie un tel comportement. D’autant que pour l’heure celui- ci n’a vraisemblablement pas opté pour l’accalmie puisque la campagne de dénigrement de Caroline Amoros et d’Orphéon suit son cours, allant même jusqu’à s’amplifier.

Un communiqué émanant de la mairie fait ainsi état du «  caractère politique voire xénophobe  » des réalisations de l’artiste et affirme que le budget alloué à l’association en 2007 s’élève à 53.000 euros.
Des propos qui, selon Françoise Trompette, constituent une «  ignominie  » : «  Le maire transforme un message de tolérance en quelque chose de xénophobe. Caroline Amoros avait reproduit sur le sol une sorte de marelle. D’un côté elle avait inscrit “Sarko d’ici”, de l’autre “Gandhi pas d’ici” et distribuait à une partie du public des papiers avec le premier message, à l’autre avec le second. Les deux groupes
étant ensuite invités à se retrouver et à danser ensemble sur marelle.
Dans toute cette histoire, c’est la voix, et non la voie publique qui est souillée
 ».

Quant aux chiffres, «  ils sont faux, déclare-t-elle : en 2007, nous avons perçu très exactement 19.545 euros. En proférant ces mensonges, il tente de nous rendre impopulaires et d’accréditer l’idée que nous coûtons très cher. Là, ça dépasse les bornes ».

Toujours dans l’attente d’une réponse au courrier qu’elle a adressé au maire quant au devenir de ses activités, l’association Orphéon entend bien «  faire respecter la convention ». «  Nous sommes non seulement face à une injustice mais aussi à des atteintes illégales.
Rien n’autorise le maire à suspendre la convention, le conseil municipal ne s’est même pas réuni pour trancher en ce sens
 », martèle Françoise Trompette.

La solidarité, elle, s’organise : « Des bénévoles des compagnies varoises se relaient jour et nuit à la bibliothèque dans le but de protéger les livres  ».

Agnès Masséi

Conseil municipal de Cuers, le 16 avril 2008 :

Une séance tendue et un rien théâtrale

par Gérard Crsteil, Var-Matin le 17 avril 2008

Les séances du conseil orchestrées par la nouvelle majorité ont du succès. Le public vient nombreux et distille ses sentiments sous la forme d’onomatopées diverses et sonores.

Un conflit qui dérange

Comme lors de l’ouverture de la séance lorsque Philippe Duval (CM d’opposition) demanda à faire une déclaration, « conformément à la loi soit au début, soit à la fin du conseil. » «  De quoi voulez-vous parler ? » lui demanda le maire, Gilbert Perugini.
« Du conflit avec la troupe Orphéon.  »
« Ce sujet ne figure pas à l’ordre du jour je ne vous autorise pas à vous exprimer. »

M. Duval de s’exclamer «  Vous n’avez pas le droit de m’interdire de faire une déclaration !  » Court instant de flottement dont profita l’élu pour tenter de lire son texte : « M. le maire, vous le savez, toute la commune est révoltée de votre intervention musclée pour tenter de changer les serrures des locaux occupés par l’association Orphéon... Propos alors couverts par une multitude de locutions interjectives - allant du « 
taisez-vous !
 » au « ça suffit !  » en passant par des « vous n’avez pas le droit !  » sans oublier les « ’ c’est honteux !  » - provenant des rangs de la majorité.

Faisant fi de ce tintamarre verbal, M. Duval poursuivit sa lecture, totalement inaudible, sinon les ultimes mots : « Nous ne vous savions pas encore intolérant.  »

[...] La suite se déroula dans un calme total.

P.-S.

Clarisse Fabre dans un article publié dans Le Monde du 22 avril, sous le titre « Cuers veut bouter les arts hors de la rue », rapporte ces propos du maire de Cuers :

«  Dix pitres qui font leur truc et trois Cuersois qui regardent. Ça ne rameute pas les foules ! Les électeurs n’ont pas demandé à subir ça », a déclaré M. Perugini au Monde. Caroline Amoros, qui vient d’obtenir avec Kristin le prix Arts de la rue 2008 de la SACD, ex aequo avec Philippe Nicolle, constate : «  On est de plus en plus confrontés à l’ignorance et à l’inculture des élus.  »

Notes

[1Initialement signée en 1997, la convention qui lie l’association à la municipalité a été reconduite en janvier pour trois ans.


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