doit-on mettre les malades mentaux en prison ?


article de la rubrique prisons > état des prisons
date de publication : lundi 30 juillet 2018
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La prison ne peut être un lieu de soin. Pourtant, les détenus souffrant de troubles psychiques représenteraient un quart de la population carcérale.


«  On peut juger du degré de civilisation d’une société en entrant dans ses prisons  » [Dostoïevski]

Alors que la surpopulation chronique des établissements pénitentiaires en France, a atteint en juillet 2018, un nouveau record avec 70 710 personnes incarcérées, les malades mentaux représenteraient un quart de la population carcérale. Nombre d’entre eux n’auraient rien à faire en prison !

Une question d’économie ? :

Le docteur Fadi Meroueh, chef de service de l’unité sanitaire d’une maison d’arrêt de l’Hérault témoigne : pour lui, la division par cinq du nombre de lits de psychiatrie en quarante ans (de 170 000 à 35 000 en 2015) « correspond à l’augmentation de ces mêmes patients en prison », sachant, rappelle-t-il, « qu’un malade mental coûte 110 euros par jour en prison et 500 euros par jour à l’hôpital ».

Frénésie sécuritaire ? :

Pour le sociologue Sébastien Saetta, membre de l’Observatoire international des prisons (OIP), cet afflux de malades mentaux en prison s’explique aussi par une « frénésie sécuritaire » de la justice pénale, devenue « centre de gravité d’un contrôle social ».

« Les malades mentaux, souvent dans des situations de fragilité sociale, peuvent vociférer, outrager, consommer des stupéfiants ou conduire en état d’alcoolémie et, partant, se retrouver enfermés."

Une expérimentation très attendue :

À Marseille, Médecins du Monde doit lancer, en 2019, un programme expérimental inspiré du Québec, qui proposera à des malades psychiques sans-abris un accompagnement sanitaire et social pour éviter l’incarcération." [1]


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