pour vivre riches, vivons cachés ... dans le Var


article de la rubrique Toulon, le Var
date de publication : dimanche 14 décembre 2014
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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport annuel souligne la dégradation de la cohésion sociale en France.
Le département du Var est sans doute l’un de ceux où les écarts se sont le plus creusés ...


Pour vivre riches, vivons cachés ... dans le Var

par Jean-François Principiano, La Marseillaise du 14 décembre 2014


D’abord annonçons les sources pour éviter toute critique de partialité dans les faits ; même si les commentaires empruntent beaucoup au livre des Pinçon « La violence des riches » [1]. D’après le numéro spécial de la revue Population-Démographie de novembre 2014, le département du Var est reconnu pilote dans l’étude du creusement des inégalités sociales et patrimoniales. Beau palmarès !

43% de la richesse immobilière de la région Paca est en effet varoise. Cette donnée est confirmée par la Chambre départementale des notaires et le Journal des notaires consultés. « C’est un phénomène qui s’est accentué depuis trois ans à cause de la crise », déclare d’autre part le Groupement départemental des agences immobilières. « Les 4/5 de nos transactions sont des villas de haut luxe entre Bandol, le Lavandou et Saint- Tropez à des prix entre 10 et 15 millions d’euros ... ».

La flambée des prix ne décourage donc pas les acheteurs venus des pays du golfe (10%), de l’Asie du Sud Est (23%). Le golfe de Saint-Tropez concentre à lui seul 45 % des plus grands patrimoines financiers de la région Paca.

L’origine des fortunes varoises

Si l’on recoupe les informations des études livrées par les chambres professionnelles, par les études de démographes ou des impôts, on constate que les richesses par transmission d’héritage ne représentent que 12 % du total, le reste étant le fruit des profits liés à la financiarisation. En gros les très grandes richesses varoises représentent 0,78 % seulement de la population mais ce sont des fortunes édifiées il y a moins de dix ans par la spéculation boursière (80%). Seulement 13 %, des richesses sont d’origine industrielle,

Cinq fois moins d’impôts dans les tranches supérieures

Les très riches Varois sont sur-représentés parmi les tranches d’âge intermédiaire (les 35-49 ans) et les jeunes (18-24 ans). 37% d’entre eux habitent sur le haut littoral de l’Est varois. Ils consomment davantage de tout, surtout du luxe, fréquentent les grandes marques et « la qualité du produit est de loin le premier critère de choix ».
Contrairement à certaines idées reçues (et entretenues par la télé) et destinées à rassurer les moins fortunés, ces catégories très aisées ne sont pas minées par les problèmes farmiliauxi, les tracas de l’entreprise ou d’une vie dissolue : « ils s’accordent pour, avant tout, s’épanouir dans la vie, vivre intensément et s’occuper de soi », écrit la revue sociologique.

Les riches lisent peu, voyagent beaucoup et sont connectés à l’Internet en permanence. Ils payent cinq fois moins d’impôts que les classes moyennes grâce à diverses méthodes de défiscalisation. Elle n’est pas belle, la vie ?

« Les grandes fortunes varoises sont discrètes ; hyper protégées et difficiles à débusquer » selon les commentaires du dernier sondage Ipsos. Le Conseil Économique Social et Environnemental dans son rapport annuel de la France signale que depuis trois ans les officines de sécurité privée se concentrent sur le littoral varois (augmentation de 23,7 %) car le Var a la chance d’abriter de nombreuses propriétés des grands patrons du CAC 40 ou de leurs proches, les nouveaux riches varois (Maurice Levy, Carlos Ghosn, Gérard Mestrallet, Thierry Desmallet, Jean-Pierre Garnier) des groupes Cerenis, Actelion, Uniroyal-Englebert, Publicis, Renault, Gdf-Suez, Sanofi ... Il faut bien protéger tout ce beau monde.

Tous perçoivent des « rémunérations obscènes » comme dit Michel
Pinçon signalant que le PDG le mieux payé, parmi les 100 recensés jusqu’à présent, est Christopher Viehbacher, à la tête du groupe pharmaceutique Sanofi avec 9 millions d’euros (+15,6 % d’augmentation sur un an), dont plus de la moitié en actions et stock-options. L’équivalent de... 600 années d’un smicard varois ! Il devance de peu Jean-Paul Agon, le PDG de l’Oréal, qui doit se contenter que de 8,8 milions d’euros (+10 %). Alors que la pauvreté dans notre département a progressé de 18 % en trois ans, selon les mêmes sources, souhaitons aux très riches Varois un joyeux Noël, malgré la crise qui les menace ...

Jean-François Principiano


Notes

[1Michel et Monique Pinçon, La Violence des Riches, éd Zones


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