où souhaitez-vous vous asseoir ?


article de la rubrique démocratie > le blog de Mavida
date de publication : mardi 8 avril 2014
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... sur la banquette arrière ou sur la banquette avant ?


Il y a eu …


- Il y a eu Dieudonné et le coup de griffe donné à la liberté d’expression,
- Il y a eu les injures racistes à l’encontre de Christiane Taubira,
- la catastrophe des élections municipales,
- plusieurs municipalités bleu-marine,
- Manuel Valls, Premier Ministre,
- l’interdiction de changer de politique.

Il n’y a pas eu ...


- de renversement des chiffres du chômage,
- de nouvelles idées sur les politiques à mener,
- de rétablissement de la confiance envers celles et ceux qui dirigent notre pays,
- d’arrêt des expulsions arbitraires des étrangers…

Il y aura ...

- Les élections européennes,
- Les élections départementales et sénatoriales…
- Il y aura……

Il y aura toujours jusqu’en 2017 la même politique qui préparera les élections présidentielles.

Il y aura alors l’apparition du Front National associé à la droite classique sur le devant de la scène. Et pour de longues années !

Alors ?
Il y a encore aujourd’hui quelque chose à sauvegarder, à préserver d’urgence : La Culture

Elle est, on le sait bien, l’élément différentiel qui caractérise chaque société, chaque peuple. Elle en est sa particularité ; elle forge l’identité de chacun d’entre nous. Elle témoigne de la vitalité des groupes qu’elle représente. Elle exprime la différence et l’originalité. Pour s’épanouir, elle a besoin d’être cultivée. Il lui faut des soins attentifs car elle est fragile, sans cesse menacée d’étiolement. Pour vivre pleinement, il lui faut être généreuse et surtout curieuse, attentive et respectueuse vis-à-vis de la culture des autres. C’est Antonin Artaud qui en a donné la définition sans doute la plus simple et peut-être la plus complète. Elle est, nous dit-il, le moyen de comprendre et d’exercer la vie.

On voit par là que c’est un moyen puissant pour combattre l’obscurantisme qui menace aujourd’hui bon nombre d’activités humaines, dont la liberté de création. Elle doit permettre à chacun de s’exprimer et d’agir en tant que citoyen. Elle est bel et bien l’affaire de tous. Elle ne peut être réservé à certains, elle ne peut subir des interdits, comme actuellement. Interdits par faute de moyens, interdits d’opinions religieuses ou morales.

Je pense à Jean-Marie Tjibaou, le leader kanak qui écrivait : « La culture est bien l’ensemble des solutions qu’une communauté humaine hérite, adopte et invente pour trouver les issues aux crises qui la traversent ».
Et Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant qui ont écrit dans Quand les murs tombent. L’identité nationale hors-la-loi ? :

« Nous sommes sur la même yole. Personne de saurait se sauver seul. Aucune société, aucune économie. Aucune langue n’est, aucune civilisation n’atteint à la plénitude sans relation aux autres. »

La relation aux autres c’est peut-être ce qui manque le plus actuellement.

Sans doute l’apparition de l’industrie dans le monde culturel, comme dans les autres domaines, avec tous les dangers quelle représente, n’a pas facilité les choses. La création artistique, au sens premier du terme, tend à disparaître au profit du plus grand nombre de consommateurs. Et aujourd’hui, avec l’apparition des techniques nouvelles l’artiste doit avoir « une place réservée » et non le « strapontin » qu’on tente de lui laisser.

Et j’ai envie pour terminer de citer un écrivain et poète dont j’aime beaucoup l’œuvre. Il dit dans un ouvrage Le Dieu des Poètes :

« La culture sera désormais le sens de notre vie, ou rien : un rideau d’illusions. »

« Mais cette ouverture survient à une époque où ce n’est pas seulement l’ensemble des valeurs fondatrices qui se retourne, c’est la condition humaine tout entière parce que le progrès technique enlève à l’homme la satisfaction créatrice qu’il tirait jusqu’ici de son travail en tant que producteur et ne lui laisse espérer de satisfaction qu’en tant que consommateur. Ce renversement achève une évolution qui a vu toutes les valeurs devenir marchandises tandis que le travail se vidait de son sens créateur.
 »

C’est bien ce renversement des valeurs artistiques vivantes qui permet à la médiocrité, à la normalité de prospérer. C’est sur cet humus que se sont construits et se construiront les régimes autoritaires voire dictatoriaux.
Si vous ajoutez à cela le chômage et la misère l’avenir devient de plus en plus sombre.
Pour échapper à ce futur peu réjouissant, il faut impérativement que l’artiste et la culture garde une place prioritaire dans notre société.

Je conclurais par ces deux phrases de Paul Claudel, qui pourtant n’était pas un grand révolutionnaire :
« Dans un wagon, il y a la banquette avant et la banquette arrière. Il y a des gens qui regardent le passé qui s’éloigne, il y a d’autres qui regardent le futur qui arrive. »

Où souhaitez-vous vous asseoir ? Sur la banquette arrière ou sur la banquette avant ?

Julien Mavida



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