non, à la guerre en Ukraine !


article de la rubrique international
date de publication : mercredi 5 mars 2014
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Des voix s’élèvent pour protester contre l’agression russe en Crimée. De nombreuses arrestations ont eu lieu ce dernier week-end à Moscou, parmi les personnes qui manifestaient contre l’intervention russe en Ukraine.
Un historien russe, Andrei Zubov, aurait été licencié de son poste pour avoir établi un parallèle entre la situation actuelle en Ukraine et l’occupation de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938.

Des organisations pacifistes mettent en garde contre les guerres entre « nations ».


Auprès du bâtiment du ministère de la Défense russe, 43 personnes ont été arrêtées lors d’un rassemblement anti-guerre. Malgré la répression, environ cent cinquante personnes y ont pris part. Les participants ont lâché deux douzaines de colombes blanches. Parmi les personnes détenues, le célèbre linguiste Irina Lewontin, des militants civiques Ildar Dading, Gennady Stroganov, Alexei Nikitin, Daniel Kogtev, Lynn Reid et Knicks Neymeni. [1]


Professeur pacifiste licencié

Andrei Zubov, docteur en sciences historiques, professeur à l’institut d’Etat des relations internationales de Moscou a été licencié pour ses critiques envers le pouvoir (Poutine) à propos de l’invasion de la Crimée par les troupes russes. La chaîne TV "Dojd" a publié cette nouvelle aujourd’hui 4 mars 2014. Sa fille Irina Borbrinskaya a également confirmé cette information. Le 2 mars, Andrei Zubov a participé à la manifestation "anti-guerre" sur la place du manège. Il était conscient des risques encourus. Il avait déclaré alors : "Il peut y avoir une punition administrative. Je suis mentalement préparé pour elle,.."
Zubov avait également déclaré : "Si en 1938 dans l’Allemagne nazie, des voix s’étaient faites entendre pour dire que ce que faisait Hitler en Autriche et avec les Sudètes n’était pas bon pour l’Allemagne, ces personnes auraient été une justification morale pour le peuple allemand au procès de Nuremberg". Même si elles avaient été arrêtées et assassinées, a dit l’historien. [2]

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Russie : harcèlement et intimidation des manifestants opposés à la guerre

[Amnesty international, le 4 mars 2014]


En Russie, la liberté d’expression pâtit des graves événements se déroulant dans la péninsule ukrainienne de Crimée. Le harcèlement et l’intimidation des manifestants sont cautionnés par l’Etat.

L’arrestation de centaines de manifestants opposés à la guerre, au cours du weekend des 1er et 2 mars, est une nouvelle preuve de l’intensification de la répression de la liberté d’expression et de réunion en Russie.

Lundi 3 mars, un tribunal de Moscou a par ailleurs déclaré deux manifestants coupables d’infractions administratives et ordonné leur placement en détention pour cinq jours.

« Les mesures répressives adoptées par le gouvernement contre les manifestants opposés à la guerre sont très alarmantes. Dans diverses villes, les autorités s’en sont prises à des personnes ayant participé à des manifestations. Il s’agit là de manœuvres de harcèlement et d’intimidation cautionnées par l’État »
Sergueï Nikitine
Directeur du bureau d’Amnesty International à Moscou.


Les autorités russes sont tenues de respecter les droits à la liberté de réunion et d’expression. Elles doivent libérer immédiatement et sans condition les deux manifestants incarcérés, qu’Amnesty International considère comme des prisonniers d’opinion.

Des centaines de manifestants protestant contre l’intervention militaire russe en Ukraine ont été appréhendés devant le ministère de la Défense, sur la place Manejnaïa. Des dizaines d’entre eux ont passé la nuit en garde à vue.

Selon certaines informations, plusieurs dizaines de personnes ont par ailleurs été arrêtées à Saint-Pétersbourg.

« Le tour que prennent actuellement les relations entre la Russie et l’Ukraine ne doit pas servir de prétexte pour entraver de quelque manière que ce soit la liberté d’expression et de réunion, ni pour porter atteinte aux autres droits fondamentaux »
Sergueï Nikitine


Déclaration des anarchistes contre la guerre en Ukraine

[Référence : Regard Noir, le 3 mars 2014]


Guerre à la guerre ! Pas une goutte de sang pour la « nation » !

La lutte de pouvoir entre les clans de l’oligarchie en Ukraine menace de se transformer en conflit international armé. Le capitalisme russe tente d’utiliser la redistribution du pouvoir au sein de l’Etat ukrainien pour mettre en oeuvre ses vieilles aspirations impériales et expansionnistes en Crimée et en Ukraine orientale, régions où il a d’importants intérêts économiques, financiers et politiques.

Dans le contexte de la prochaine crise imminente en Russie, le régime tente d’attiser le nationalisme russe afin de détourner l’attention de l’aggravation des problèmes socio-économiques des travailleurs : salaires et pensions de misère, démantèlement des soins accessibles, de l’éducation et d’autres services sociaux. Dans la tempête d’une rhétorique nationaliste et agressive, il est plus facile d’instaurer un Etat autoritaire et corporatiste basé sur des valeurs réactionnaires et des politiques répressives.

En Ukraine, la crise politique et économique aiguë a conduit à exaspérer la confrontation entre les « nouveaux » et « vieux » clans oligarchiques, et a pour la première fois utilisé des formations ultra-nationalistes et ultra-droitières pour réaliser un coup d’Etat à Kiev. L’élite politique de Crimée et d’Ukraine orientale n’a pas l’intention de partager son pouvoir et ses propriétés avec les nouveaux dirigeants de Kiev et se tourne vers le gouvernement russe pour avoir de l’aide. Des deux côtés, on a recours à l’hystérie nationaliste, respectivement ukrainien et russe. Il y a des affrontements armés et effusion de sang. Les puissances occidentales ont leurs propres intérêts et leurs propres aspirations, et leur intervention dans le conflit pourrait mener à une troisième guerre mondiale.

Ces messieurs des différentes cliques belligérantes nous poussent, comme
d’habitude, nous les gens ordinaires, les travailleurs salariés, les chômeurs, les étudiants, les retraités…, à nous battre pour leurs intérêts. Ils veulent nous saouler avec leur drogue nationaliste, nous pousser les uns contre les autres, nous faire oublier nos réels besoins et intérêts : que nous n’avons que faire de leurs « nations », alors que nous avons à régler d’autres problèmes urgents et vitaux : comment joindre les deux bouts dans ce système qu’ils ont instauré pour nous opprimer et nous réduire en esclavage.

Nous ne succomberons pas à l’intoxication nationaliste ! Qu’ils aillent en enfer avec leurs Etats et « nations », leurs drapeaux et leurs discours ! Ce n’est pas notre guerre et nous ne devons pas y participer et payer avec notre sang leurs palais, leurs comptes en banque et leurs plaisirs de s’asseoir dans les confortables fauteuils du pouvoir. Et si les messieurs de Moscou, Kiev, Lvov, Kharkov, Donetsk et Simferopol commence cette guerre, notre devoir est d’y résister par tous les moyens !

Pas de guerre entre les « nations » – pas de paix entre les classes !

KRAS-AIT (Confédération Révolutionnaire Anarcho-Syndicaliste, Russie),
Fédération Anarchiste de Moldavie (Moldavie),
Fraction Socialisme Révolutionnaire (Ukraine),
Internationalistes d’Ukraine, de Russie, de Lituanie, d’Israël et de
Moldavie.

Monument aux morts de Mazaugues (Var)

Notes

[1Référence : Etudes russes.


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