mouvement lycéen : écouter et dialoguer


article point de vue de la section LDH de Toulon  de la rubrique démocratie > mouvement lycéen du printemps 2008
date de publication : lundi 5 mai 2008
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La décision de retirer les forces de l’ordre, dont certaines interventions ont été jugées disproportionnées, a permis d’apaiser les tensions et d’amorcer le dialogue entre l’administration et les élèves du lycée Beaussier. Les élèves devraient poursuivre leurs actions en se limitant à un barrage filtrant qui permettra l’accès au lycée. Mais l’administration a refusé toute assemblée générale et toute réunion au sein de l’établissement.

[Première mise en ligne le 2 mai, mise à jour le 5 mai 2008]

Communiqué de la section toulonnaise de la LDH

La condamnation d’un élève du lycée Bonaparte le 18 avril n’a rien résolu.
Les manifestations de lycéens se sont poursuivies dans l’agglomération varoise, toujours bon enfant et pacifiques.

Ils demandent à être entendus.
Personne ne leur répond.

La présence de la police, à l’intérieur et à l’extérieur de certains établissements, entretient une ambiance de tension. Les proviseurs ayant semble-t-il pour consigne d’interdire les assemblées générales à l’intérieur des lycées, les élèves font des sit-in devant les accès.

Mercredi 30 avril, des forces de l’ordre sont intervenues peu après 8 heures de façon vigoureuse pour dégager l’entrée du lycée Beaussier à La Seyne.
Les policiers ont saisi sans ménagement deux élèves, un mineur et un majeur, et les ont emmenés en garde à vue.

Dans la soirée, les décisions apaisantes du tribunal ont calmé les esprits, permettant la remise en liberté des mis en cause, sans aucun contrôle judiciaire.
Ils seront jugés ultérieurement, et l’un d’entre eux aura à répondre de la prévention de « violences volontaires » à l’encontre des policiers, alors qu’il tentait de protéger son compagnon gréviste, malmené par les forces de l’ordre à tel point qu’il avait fini en partie déshabillé devant ses camarades…

Ces jeunes demandent à être entendus, mais ils se heurtent à une démarche autoritaire.

Il faut les écouter et dialoguer avec eux.

Toulon, le 2 mai 2008
Les lycéens dans la manif du 1er mai 2008 à Toulon (photo : La Marseillaise)

Petite déception après la réunion de vendredi avec le proviseur adjoint du lycée

par N. T., La Marseillaise du 4 mai 2008

Il a refusé la tenue de réunion au sein de l’établissement. Elus, parents et professeurs n’ont pas obtenu satisfaction.

Présents hier matin aux côtés des élèves, enseignants et parents d’élèves de Langevin, les adjoints au maire de La Seyne ont fait part de leur déception suite à la réunion de la veille avec le proviseur-adjoint du lycée Beaussier. Une rencontre qui a réuni vendredi à 16h00 élus, parents et professeurs. Celle-ci intervenait après les événements de mercredi qui ont vu deux nouvelles interpellations de lycéens devant l’établissement.

Cette entrevue visait en premier lieu à apaiser les tensions notamment par le retrait des forces de l’ordre dont les procédés « disproportionnés » interpellent, voire scandalisent. Mais il s’agissait aussi de permettre d’amorcer le dialogue entre l’administration et les élèves et donner la possibilité à ces derniers de tenir leur assemblée générale au sein même de l’établissement. Le retrait de la police, a été entendu entre les différentes parties, il demeurera cependant une patrouille devant le lycée. De leurs côtés les élèves devraient poursuivre leurs actions à Beaussier en se limitant à un barrage filtrant qui permettra
l’accès des enseignants, des élèves et de l’ensemble des personnels de l’établissement. Mais la négociation s’est interrompue là. Marc Touvenot, le proviseur adjoint, n’a en effet pas donné pleinement satisfaction.«  Il a refusé toute assemblée générale et toute réunion au sein de
l’établissement
 », rapporte déçue Christine Sampère, adjointe déléguée aux écoles.

«  Malgré ce dénouement qui ferme la porte à toute négociation et surtout à toute expression de la démocratie (une AG aurait permis de légitimer ou pas le mouvement et d’apaiser le climat), les
représentants des élèves présents à cette réunion ont tout de même confirmé que seul un blocus filtrant continuera d’être assuré avec la présence d’adultes (enseignants, parents d’élèves, élèves volontaires) aux heures d’ouverture du lycée
 », souligne l’élue.

Elle précise d’autre part qu’un courrier conjoint (enseignants, parents d’élèves, élus) a été adressé au préfet pour solliciter la possibilité d’une assemblée générale rappelant qu’un texte de loi l’autorise. « Selon la loi, le proviseur doit motiver sa décision par écrit », insiste-t-elle.

N. T.

Invitation lancée aux parents, lundi à 18h00

Les personnels du lycée Beaussier, après réunion en assemblée générale, mercredi 30 avril, s’adressent aux parents d’élèves :

« Nous souhaiterions faire le point avec vous et préciser notre position. Nous comprenons votre inquiétude sur la situation qui se profile au mois de mai et les problèmes qui risquent de se poser pour le BAC et pour l’orientation. Cependant nous souhaiterions aussi plus largement débattre :

- Des conséquences des suppressions de postes programmées dans notre établissement, et qui découlent directement de la politique générale visant l’Education nationale.
- Du positionnement des professeurs et de leurs syndicats, ainsi que de celui des parents et de leurs fédérations afin d’envisager une action constructive, notamment pour la journée du 15 mai.

Nous vous invitons donc lundi 5 mai, à partir de 18h00 à la Bourse du travail ».

La présence de la police au lycée provoque un tollé

par L. A., La Marseillaise du 3 mai 2008

En ce début mai 2008, la jeunesse semble déterminée. Elle convoite (juste) la garantie d’étudier dans des conditions satisfaisantes. Tout du moins dans des conditions qui ne se dégraderont pas encore, à cause notamment, de la suppression programmée de nombreux postes d’enseignants.

Aussi, à La Seyne comme dans le reste de la France, le mouvement de protestation est-il loin de s’essouffler. Au lycée Beaussier en particulier.
Depuis la rentrée des vacances de printemps, en même temps que les revendications des élèves prennent de la hauteur - ils ont hissé leurs banderoles depuis les étages de leur établissement puis sur le pont levant -, les tensions elles aussi montent.

«  L’administration du lycée n’a pas tenu ses promesses  » , racontait, mardi dernier Thomas (UNL). « Nous avions accepté de lever le blocus total et de mettre en place un barrage filtrant en échange du retrait de la police des abords du lycée et de la mise à notre disposition d’une salle permettant d’organiser nos assemblées générales  ». « Nous n’avons toujours pas de lieu où nous réunir. La police est toujours là... de plus en plus sur les nerfs . »

C’est peu dire. Deux lycéens ont été interpellés le 23 avril (avant comparution immédiate), deux autres ce mercredi.

Les enseignants invoquent leur droit de retrait

Dans ce contexte, côté enseignants, Sébastien Dalmasso, représentant du SNES, déclare : « Les professeurs, choqués que l’on traite ainsi leurs élèves, estiment que des conditions sereines de travail à l’intérieur de l’établissement ne sont pas réunies. Ils déplorent le recours à de telles interventions qui ne peuvent qu’entraîner une escalade dans la violence. Les professeurs demandent le retrait immédiat de toutes les forces de police qui sont à l’intérieur de l’établissement et estiment que dans les conditions actuelles ils ne peuvent assurer leur mission d’enseignant
et invoquent donc leur droit de retrait
 ».

Dans un même élan, des élus [1] ont apporté hier matin leur soutien aux lycéens : « Nous avons rencontré le proviseur-adjoint (la Proviseur étant absente), des enseignants, des parents d’élèves et des élèves.  »

Les forces de l’ordre se sont retirées

«  L’objectif était de rechercher un consensus : afin d’apaiser le climat, par le retrait immédiat des forces de l’ordre occupant le lycée ; de renouer le dialogue entre les représentants des élèves et le représentant de l’administration ; de permettre l’exercice du droit de réunion des élèves dans l’établissement, l’organisation d’une assemblée générale, l’expression de la démocratie ; et d’obtenir l’engagement des élèves sur un blocus uniquement filtrant permettant l’accès des enseignants, des élèves, de l’ensemble des personnels de l’établissement. »

Ces objectifs devaient être finalisés lors d’une rencontre programmée le soir même. Une autre réunion, sera organisée par les enseignants, lundi.

Toutefois, relataient hier soir les élus : « Les forces de l’ordre se sont retirées à 11h00  ».

L. A.

Notes

[1L’adjointe déléguée aux écoles, Christine Sampère, les conseillers. municipaux Cécile Muschotti (animation et l’insertion de la jeunesse), Malika Riemer (commerce), Grazialla Gaujac (restauration scolaire et troisième âge, également représentante de parents d’élèves), Christian Berio (associations sportives) et Jean-Jacques Taurines (musiques et littératures).


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