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article de la rubrique Big Brother > biométrie
date de publication : dimanche 4 septembre 2011
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Bien que sa mise en place continue à rencontrer de fortes résistances, l’analyse du contour de la main est utilisée depuis une dizaine d’années pour contrôler l’accès à certains lieux, notamment à la cantine de certains établissements scolaires. Cette utilisation de la biométrie est encadrée par la CNIL (Commission nationale informatique et libertés), comme on le verra avec l’exemple de la piscine de Nogent-sur-Marne.

Le Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) a été institué par un décret du 8 avril 1987. Utilisé par la police et par la gendarmerie il a, à ce jour, enregistré les empreintes digitales de plus de plus de 3.5 millions de personnes. « Afin d’augmenter l’utilité du fichier automatisé des empreintes digitales dans l’élucidation des enquêtes », la loi n° 2002-1094 du 29 août 2002, d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure – dite LOPSI 1 –, l’a étendu aux empreintes palmaires.

Depuis le début 2010, un nouveau logiciel de traitement des empreintes digitales du nom de MetaMorpho, commercialisé par Sagem Sécurité, est capable de gérer l’empreinte de la paume de la main en plus de celles des doigts, ce qui permet désormais d’enregistrer dans le FAED les empreintes palmaires des auteurs d’infraction.


Biométrie à la piscine de Nogent sur Marne [1]

Jeux de main biométriques

Composer son code personnel et rentrer sa main droite dans un appareil qui, après identification du contour de la main, libère les tourniquets, tel est désormais le moyen mis en place par le gestionnaire du centre nautique municipal, Vert Marine, qui permet d’accéder à la piscine de Nogent-sur-Marne. Ce système d’identification biométrique des usagers permet de stopper les resquilleurs.

Ce dispositif pose la question du fichage éventuel de ces données biométriques et de leur utilisation. Devant la caisse, un avis indique qu’une déclaration a été faîte à la CNIL mais peu d’informations sont communiquées aux clients concernant le devenir de ces informations corporelles d’identification.

Pas d’autorisation légale

A Nogent Citoyen qui s’en informe, Sophie Nerbonne, directrice adjointe des affaires juridiques, internationales et de l’expertise de la CNIL, répond que celle-ci « n’a fait l’objet d’aucune demande d’autorisation concernant la mise en place d’un dispositif de biométrie au centre nautique de Nogent-sur-Marne et sa mise en œuvre actuelle est donc illégale ». Cette technologie biométrique reposant sur le contour de la main ne peut être utilisée que dans deux cas précis sans faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable de la CNIL mais d’une simple déclaration. Ces deux cas précis concernent l’accès à la restauration scolaire, et le contrôle d’accès ainsi que la gestion des horaires et de la restauration sur les lieux de travail. L’usage de la biométrie pour le contrôle d’accès des clients nécessite en revanche impérativement une autorisation préalable de la CNIL [2].

Il n’existe pas de matériel « agréé CNIL »

Comme le rappelle en effet Sophie Nerbonne : « Un dispositif matériel de biométrie ne peut en aucun cas faire l’objet en soi d’une autorisation automatique ou d’un agrément de la CNIL. C’est l’usage qui en est fait qui conditionne l’avis de la CNIL et non la technologie. » C’est sur ce point que l’avis du directeur de la piscine, Albin Mathias, diffère, qui considère que le système de reconnaissance de la main utilisé est « agréé par la CNIL. » C’est aussi ce que laisse à penser le petit mot à l’entête de Zalix Biométrie (filiale du groupe de casinos Georges Tranchant), affiché devant les caisses du centre nautique. Le même raisonnement se retrouve du reste sur la page Internet de Zalix Biométrie consacrée cette technologie, dont le tampon Autorisation CNIL AU 007 en bas du paragraphe donne l’impression qu’il suffit de remplir cette déclaration pour être en conformité [3].

Cette omission d’une déclaration en bonne et due forme ne veut toutefois pas dire que la CNIL n’aurait pas donné un avis favorable à la requête de la piscine, car la technique biométrique du contour de la main fait partie des technologies « sans trace », contrairement par exemple aux empreintes digitales, et son usage est par conséquent soumis à moins de contraintes. Mais il nécessite tout de même une autorisation au cas par cas de la CNIL, qui rend son avis en fonction des enjeux et des conditions de mise en œuvre du dispositif.

Le maire demande la suspension de la biométrie

Dans un courrier daté du 31 août
adressé à Thierry Chaix, président de Vert Marine, le maire de Nogent a donc demandé la suspension du dispositif de gestion des accès par biométrie en attendant une preuve en bonne et due forme de la légalité de cette installation.

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Metamorpho : reconnaissance d’empreintes palmaires pour la police

[repris du site technologie-innovation.fr ]


L’identification automatique des empreintes digitales est maîtrisée de longue date par les logiciels utilisés par la police mais cà n’était pas encore le cas pour les paumes. Pourtant les enquêteurs relevaient les traces de paumes sur les scènes de crimes et délits depuis des années sans pouvoir les comparer informatiquement. L’arrivée du logiciel Métamorpho va permettre de faire grimper le taux d’identification.

Créé par Sagem sécurité, le logiciel Metamorpho permet désormais aux policiers d’intégrer les traces et empreintes palmaires dans le FAED (Fichier Automatisé des Empreintes Digitales) qui ne permettait donc jusqu’à présent que de comparer les traces ou empreintes de doigts laissées sur les scènes de crimes ou de délits.

Le principe de reconnaissance d’empreinte reste le même : le logiciel Metamorpho quadrille la paume de la main en 16 zones de la taille d’une empreinte digitale. Comme pour la reconnaissance des empreintes digitales, pour pouvoir affirmer qu’une empreinte de paume ou trace relevée sur une scène de crime ou de délit appartiennent à une personne fichée par la Police il faut qu’il y ait au moins 12 points qui correspondent parfaitement à l’empreinte qui a déjà éventuellement été numérisée dans le FAED (Fichier Automatisé des Empreintes Digitales). Metamorpho présente alors 25 profils suspects de sa base de données qu’un traceur (un policier spécialisé) analyse pour donner ses conclusions d’enquête.

Voir également la présentation de Métamorpho sur le site Morpho.

Notes

[1Référence : les articles de Cécile Dubois, du 18 et du 31 août, et du 1er septembre 2011, sur le site Nogent-citoyen.

[3Voir cette page sur le site de Zalix Biométrie.


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