masqués et trackés ?


article de la rubrique libertés > censure
date de publication : samedi 25 avril 2020
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La crise sanitaire ne justifie pas d’imposer les technologies de surveillance. (Communiqué OLN et LDH - 08-04-2020)


"Le traçage des contacts pose de nombreux problèmes de sécurité et de respect de la vie privée, et les quelques scénarios que nous avons présentés n’illustrent qu’un petit nombre des détournements possibles. (...)
Un principe essentiel en sécurité informatique est que l’innocuité d’un système ne doit en aucun cas être présumée en comptant sur l’honnêteté de certains de ses acteurs." (in "Le traçage anonyme, dangereux oxymore" - Analyse de risques à destination des non-spécialistes - Version du 21 avril 2020) Lire : [1]

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Pour anticiper les effets de la télésurveillance, voir : [2]
Tous surveillés” sur Arte : “Attention à cette société du tout-sécuritaire qui se dessine !” (21-04-2020) [3]

Communiqué de l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN), dont la LDH est membre :

Chacune des crises qui ont marqué le 21e siècle ont été l’occasion d’une régression des libertés publiques. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont vu l’Europe adopter la Directive sur la rétention des données de connexions électroniques et l’obligation faite aux opérateurs de stocker celles de tous leurs clients. Les attentats terroristes qui ont touché la France en 2015 ont permis le vote sans débat de la loi renseignement. Ils ont aussi entraîné la mise en place de l’état d’urgence dont des mesures liberticides ont été introduites dans le droit commun en 2017. La pandémie de Covid-19 menace d’entraîner de nouvelles régressions : discriminations, atteintes aux libertés, à la protection des données personnelles et à la vie privée… (...) L’atteinte au secret médical, à la confidentialité des données de santé est aussi en cause car ces applications présentent une possibilité d’identifier les malades et de les stigmatiser (...)

En matière de lutte contre la pandémie et notamment de fin de confinement, il semble que le gouvernement tente de masquer ses manques et ses erreurs avec des outils technologiques présentés comme des solutions miracles. Et alors que leur efficacité n’a pas été démontrée, les dangers pour nos libertés sont eux bien réels.

Organisations signataires membres de l’OLN  : CECIL, CREIS-TERMINAL, GLOBENET, Ligue des droits de l’Homme, La Quadrature du Net (LQDN), Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la Magistrature.

Paris, le 8 avril 2020 [4]

Communiqué d’Amnesty International :

"Nous sommes confronté·e·s à une crise sanitaire planétaire qui justifie la mise en place de mesures limitant temporairement nos droits et libertés. Opportunisme pandémique, cynisme moderne ? Certains gouvernements en profitent pour renforcer ou envisager des systèmes de surveillance disproportionnés sur leur population.

Ce que nous acceptons aujourd’hui peut se retourner contre nous demain. (...) Autant de pratiques que nous devons, collectivement, renvoyer au domaine de la fiction. Nous avons plus que jamais besoin de vous pour repousser l’accroissement sans précédent des technologies malveillantes." [5]

Extrait de l’article de D. Strauss-Kahn [6] :

"Que les gouvernements privilégient l’efficacité n’est pas une spécificité de la crise sanitaire. Que les citoyens soient moins attentifs à la sauvegarde de leurs droits fondamentaux reflète sans doute d’une angoisse face au fléau nouveau après des décennies d’absence d’adversités collectives. Ces mesures prises à titre exceptionnel et temporaire doivent impérativement le rester. Or, depuis quelques années, force est de constater que d’autres mesures prises au nom de la lutte contre le terrorisme sont passées dans une indifférence quasi générale du statut de mesures exceptionnelles et temporaires à celui du droit commun.

Nous devons veiller à ne pas affaiblir durablement l’État de droit au nom de l’urgence à combattre le virus. (...)"

P.-S.

N.B. : Mercredi 1er avril, Édouard Philippe avait exclu la possibilité d’un traçage numérique “obligatoire” des individus pour lutter contre l’épidémie du coronavirus, mais la question d’un recours à des méthodes de “tracking” sur la base d’un “engagement volontaire” est “encore ouverte”.


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