Au lendemain de ce 14 juillet riche en xénophobie rampante, il convient de remettre à l’honneur les trois mots fondateurs de la République, de très beaux mots :
Ils sont au fronton de tous nos bâtiments publics mais chaque jour un peu plus ignorés, dévoyés.
LIBERTÉ : C’est le mot fondateur de la Révolution, il est le fondateur de la République française.
Or, aujourd’hui, on pourrait presque reprendre la phrase de Rousseau « L’homme est né libre mais partout il est dans les fers ». Certes les « fers » ne sont plus les mêmes que ceux évoqués par Rousseau. Il n’en reste pas moins vrai que la liberté est bafouée un peu plus chaque jour.
Où est notre liberté, la liberté de chacun de nous face au pouvoir économique et financier exorbitant et dont on peut constater chaque jour les ravages ? Peut-on oser parler de liberté lorsque l’on emprisonne des enfants qui ont eu le tort de naître de parents dits « illégaux », lorsque l’on expulse des personnes venues chercher refuge chez nous ? Où est-elle la liberté lorsque l’on va bientôt pouvoir enfermer quelqu’un selon la volonté du préfet qui sera seul juge de votre état de santé mentale ? Où se cache la liberté lorsque nous sommes espionnés pas à pas par des caméras de surveillance, dites de “protection” ? Où sera-t-elle la liberté lorsque notre voisin pourra être recruté par le maire de notre ville ou village pour nous espionner ?
Je pourrais multiplier les interrogations. Venons-en plutôt à l’autre mot :
ÉGALITÉ : Il devrait être le maître-mot des gouvernants ! Égalité sociale et politique !
Ce mot est devenu aujourd’hui un non-sens !
Au point qu’il est important de relire le préambule de la Constitution de 1791 :
« Il n’y a plus ni noblesse, ni pairie, ni distinctions héréditaires, ni distinctions d’ordres, ni aucun des titres, dénominations et prérogatives qui en dériveraient, ni aucun ordre de chevalerie, ni aucune des corporations ou décorations pour lesquelles on exigeait des personnes de noblesse ou qui supposaient des distinctions de naissance, ni aucune autre supériorité , que celle des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions.
Il n’y a plus ni vénalité, ni hérédité d’aucun office public.
Il n’y a plus, pour aucune partie de la Nation, ni pour aucun individu, aucun privilège, ni exception au droit commun de tous les Français… »
Vous avez bien lu ! Cela s’appelle encore aujourd’hui l’égalité devant la loi, mais aussi l’égalité et la justice des conditions sociales.
Conclusion : ce mot a bel et bien été vidé de son sens non pas par vous, moi, nous tous, mais par la grâce de nos politiques d’aujourd’hui !
FRATERNITÉ : Peut-être le sens de ce mot a-t-il un peu vieilli depuis 1791. Je lui préfère quant à moi, mais cette opinion ne remet nullement en cause le mot fraternité des pères de la Révolution, je lui préfère donc celui de solidarité.
Alors là aussi on peut s’interroger sur ce que de tels mots peuvent signifier pour nos gouvernants actuels. Ils sont, pour eux, tombés dans l’oubli, inusités comme l’on dit dans le Petit Larousse. Ne cherchez pas ! Aucune trace de solidarité ni de fraternité, par exemple, dans les propos et les actes de nos ministres de l’Intérieur successifs, qu’ils aient pour noms Hortefeux ou Guéant. Encore que pour le dernier on pourrait se demander s’il a jamais prononcé ces mots. Aujourd’hui ce serait plutôt : Chacun pour soi et dieu – si tant est qu’il existe – pour tous. Un autre mot dont cet homme n’a certainement jamais entendu parler, ni cherché la signification, un mot qui sous-tend la fraternité, c’est celui, tout simple, d’humanité.
Alors, n’ai-je pas raison ? Ne devons-nous pas profiter de la campagne présidentielle pour rappeler, avec force, ces trois mots à TOUS les candidats, et en particulier à notre actuel président et à son entourage ? Leur rappeler qu’il s’agit là des mots indissociables de celui de République, de beaux mots qui ont un sens et qu’il est de leur devoir de sauvegarder non seulement aux frontons des bâtiments mais dans chacun de leurs actes, dans chacune de leurs décisions. Aucun manque ne sera plus toléré !
Toulon, le 17 juillet 2011