les forains, une espèce en voie de disparition ?


article de la rubrique droits sociaux
date de publication : jeudi 3 août 2006
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Sanary-sur-Mer (Var) : après Antibes, Toulon ou Carpentras, la station balnéaire varoise, elle aussi, obtenu l’expulsion des forains de son centre-ville.


A Sanary, le 28 juillet 2006.

Sanary fait déménager ses manèges

par Philippe Jérôme, L’Humanité, le 2 août 2006

Pour le deuxième été consécutif, pas de barbe à papa ni d’autos tamponneuses pour la Saint-Pierre, la fête patronale de Sanary-sur-Mer, cette petite station balnéaire varoise située à l’ouest de Toulon. La quarantaine de forains qui, avec leurs camions, avaient bravé, jeudi dernier, l’arrêté municipal leur interdisant l’accès au site de l’Esplanade et qui s’étaient installés de force, à 4 heures du matin, écornant au passage un muret en béton et bousculant trois policiers municipaux, ont été priés par le tribunal d’instance de Toulon de déguerpir. Ce qu’ils ont fait nuitamment et dans le calme, après avoir « symboliquement » fait tourner quelques manèges, lundi dernier jusqu’à minuit. Mais non sans avoir poussé un coup de gueule par le biais de la responsable de leur syndicat, Marie-Lise Truqui : « Il n’est pas normal que l’on prive des gens de leur travail et qu’il n’existe aucune loi, pas plus qu’un ministère de tutelle, pour protéger notre activité. »

L’installation des forains sur un terrain communal n’est en effet soumise in fine qu’au bon vouloir des pouvoirs locaux. Pression des commerçants sédentaires du coin ou des riverains ? Problèmes de parking et de circulation en centre-ville ou près des plages ? Toujours est-il que, l’an dernier, le maire (UDF) de Sanary-sur-Mer, Ferdinand Bernhard, avait pris, en mai, un arrêté interdisant la fête estivale de la Saint-Pierre. La demande d’annulation de cet arrêté par le préfet du Var avait été rejetée par le tribunal administratif. Ainsi, l’an dernier à la même époque, c’est une compagnie de CRS qui avait été mobilisée pour empêcher l’installation des forains. Ces derniers avaient alors déménagé leurs manèges sur le site des Sablettes à La Seyne-sur-Mer, où le maire s’était montré plus accueillant que son collègue et voisin toulonnais. Lequel avait, peu avant, fait expulser les forains des plages du Mourillon.

Il n’y a donc plus de fête foraine à Toulon. À Antibes (Alpes-Maritimes) non plus, la mairie ayant mis en avant des « problèmes de circulation en ville » pour refuser l’installation de manèges. Forains oubliés : à Carpentras (Vaucluse) ou à Allauch (Bouches-du-Rhône) aussi, les marchands ambulants de pommes d’amour ont provoqué la discorde. Mais à chaque fois la justice administrative a donné raison aux maires allergiques à ces encombrantes fêtes populaires. En conséquence de quoi, leur nombre fond comme glace sur gaufre. C’est pourquoi en manifestant bruyamment durant la dernière foire du Trône à l’occasion d’une « journée morte » en mai dernier, la profession (35 000 emplois directs, 200 000 induits) avait tiré la sonnette d’alarme. Près des plages méditerranéennes, cet été, elle n’a manifestement pas été entendue.

Philippe Jérôme


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