les enfants de sans papiers sont aussi des victimes


article de la rubrique démocratie > les cercles de silence
date de publication : mardi 1er décembre 2009
version imprimable : imprimer


Chaque mois, depuis octobre 2008, un cercle de silence se reforme à Toulon. Le 30 novembre 2009, nous étions présents sur la Place de la Liberté pour le quatorzième cercle.

Prochain cercle :
vendredi 18 décembre, de midi à 13h, place de la Liberté
 [1]


Toulon – Les enfants de sans-papiers sont aussi des victimes

par Catherine Pontone, Var Matin, le 1er décembre 2009


Pas de slogan tapageur. Seulement, un cercle formé, hier à midi, d’une cinquantaine de citoyens toutes générations confondues sur la place de la Liberté. Un cercle où chacun, durant près d’une heure, proteste en silence contre les « atteintes à la dignité dont sont victimes les sans-papiers. » Dans le collimateur de citoyens, et du collectif, emmené par le Réseau éducation sans frontières 83, La Ligue des droits de l’homme, et le comité catholique contre la faim et pour le développement [2] : « L’enfermement dans les Centres de rétention administrative (CRA), et dans des conditions dégradantes, qui n’ont pas lieu d’exister à ce jour », explique cette militante de la Ligue des droits de l’Homme, présidée par Luc de Bernado.

L’assignation à résidence ?

Les enfants de familles en situation irrégulière sont pris dans la spirale « d’une politique de refoulement ». Ils étaient hier au centre du cercle du silence à l’occasion du 20e anniversaire de la convention internationale des droits de l’enfant.

« Dans la mise en rétention des étrangers sans papiers, nous ne sommes pas d’accord sur le sort réservé aux familles. Elles pourraient être assignées à résidence. Il n’est pas normal de les mettre en prison en France, sur le seul principe, selon les directives du ministère de l’Immigration, de ne pas séparer les enfants de leurs parents », s’indignait cette citoyenne.

Le collectif du Cercle du Silence se retranche derrière le dernier rapport du 29 octobre de la Cimade [3], « le seul organisme qui intervient encore à ce jour dans les centres de rétention. Sur les 32 284 étrangers, 222 enfants sont enfermés en vue de leur expulsion du territoire français. »

L’interdiction de la rétention d’enfants

Le collectif du cercle du Silence s’offusque des « conditions de confinement et d’interpellation dans les zones d’attentes d’aéroport où des enfants ont été menottés en débarquant à Roissy.  » Le Réseau éducation sans frontières fixe trois priorités en matière d’immigration : « L’interdiction de la rétention d’enfants, la lutte contre le démembrement des familles, et la régularisation des jeunes majeurs scolarisés. »

Pour Philippe Molinas, président de « Terre Solidaire », le comité catholique contre la faim et pour le développement, « il faut d’abord agir sur les causes. Or, aujourd’hui, on agit sur les effets, les conséquences », déplore-t-il. « Les personnes sans papiers n’ont commis aucun délit, ne sont pas dangereuses pour la société, et sont privées de liberté. Le problème lié à l’immigration est un problème lié à un mal-vivre dans les pays. Quand on est bien chez soi, on n’a pas envie de couper ses racines », explique-t-il, à quelques jours du Cercle du silence dédié aux migrants le 18 décembre. Le CCFD 83 qui milite pour « consacrer plus d’argent pour aider les peuples à se développer » dénonce ainsi « le problème de la répartition des richesses dans ces pays. » « Savez-vous que la diaspora des migrants représente plus du double de l’argent que les Etats donnent pour le développement ? » Philippe Molinas de conclure : « Au lieu de construire des murs et des grillages, que l’on fasse en sorte de donner à la population. »

Catherine Pontone


Le cercle du Silence, qui défend la liberté et de la dignité des migrants, était composé d’une cinquantaine de personnes (Photo : Magali Ruffato)

Notes

[1Le 18 décembre est la date anniversaire de la signature (1990) de la Convention des Nations unies pour la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille. Ce texte ne crée pas de nouveaux droits mais réaffirme que, au regard de "la situation de vulnérabilité" dans laquelle se trouvent fréquemment les migrants, leurs droits fondamentaux doivent être respectés, et cela qu’ils soient ou non en situation dite régulière. Aucun pays d’Europe ou d’Amérique du Nord n’a encore ratifié cette Convention entrée en vigueur en 2003 !

Des précisions : http://portal.unesco.org/shs/fr/ev.....

[2L’UNL, l’Adajeti, Cap 21, la FCPE 83, les unions départementales varoises CGT, CFDT, FSU, Solidaires et l’Unsa.

[3Organisation non gouvernementale qui accueille, oriente et défend les demandeurs d’asile, les réfugiés et tous les migrants.
Pour des développements récents concernant la Cimade, voir cette page.


Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP