les Philippe Vitel, ça court les rues


article de la rubrique démocratie > le blog de Mavida
date de publication : mardi 30 avril 2013
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[Mis en ligne le 29 avril 2013, mis à jour le 30]



En voici un qui aurait pu figurer sur le « mur » du Syndicat de la Magistrature. Mais peut-être Philippe Vitel y était-il entre Nadine Morano et Brice Hortefeux ?

Il n’hésite pas à « attaquer les Roms au portefeuille ». Il s’emmêle un peu les pieds dans son combat d’arrière garde contre la loi dite du mariage pour tous, croyant qu’il s’agissait d’un texte sur la procréation médicale assistée. À noter sa brillante question au Ministre de l’Agriculture à propos du charançon rouge qui détruit les palmiers du Var, intervention qui a, comme on s’en doute, passionné l’hémicycle. Je n’aurai pas le mauvais goût de rappeler ses fréquentations coupables avec certains des anciens de l’OAS.

Mieux vaut oublier Philippe Vitel.

Et pour se rafraîchir le cerveau parlons une fois encore de Stéphane Hessel. Ou plutôt laissons la parole à Edgar Morin qui lui a rendu hommage dans un texte remarquable publié dans le magazine trimestriel Pote à Pote n° 137/138 , dont voici un extrait.

« Aujourd’hui, je voudrais surtout montrer sa relation profonde entre son sentiment de poésie, d’émerveillement devant la vie et sa résistance et sa révolte. En effet, Stéphane, on le voyait dans son regard, regardait tout avec douceur, amitié, compréhension, avec un sens de la beauté. S’il aimait tellement la poésie, les poésies qu’il récitait et qu’il faisait réciter, c’est parce qu’il avait le sens, de ce qu’avaient bien compris les surréalistes, de la poésie de la vie, la poésie de vivre qui est communion, fraternité, amitié et amour. C’était cette poésie qui le faisait vivre et qui le rendait capable de s’émerveiller. C’est justement dans cette capacité de s’émerveiller et d’aimer qu’il puisait l’énergie et la force de se révolter contre les horreurs de ce monde, contre les indignités, contre les cruautés, contre les dominations. Et c’est, je pense, ce qui est le plus extraordinaire dans sa nature. Le figer dans un personnage d’indigné est une vision unilatérale. Il faut aussi voir ce côté merveilleux d’humanité que nous pleurons aujourd’hui parce qu’il fut rare, il fut exceptionnel.

« Stéphane Hessel fut un homme, un être humain complet. Je ne vois pas de faille, de lacune. Je le vois aussi sous tous ses aspects, son aspect privé, son aspect personnel, son aspect politique, son aspect social, et toujours les bonnes causes, les justes causes, la cause des malheureux, la cause des opprimés, la cause des inconnus. C’était ça, je crois, qu’il faut reconnaître en lui, cette totalité, cet exemple d’humanité sincère. Merci, merci Stéphane. »

Pendant que je copiais ce texte, une remarque m’est venue à l’esprit. N’est-ce pas de très mauvais goût d’accoler sur une même page le nom de Philippe Vitel et celui de Stéphane Hessel. Mais je me suis dit que la stature de l’un montrerait la petitesse de l’autre. Et que peut-être, les électeurs du Var, s’il y en a quelques uns pour lire ces lignes, seront amenés à s’interroger sur la pertinence de leurs votes. En tout cas, on pourra voir que les êtres d’exception sont rares. Les Philippe Vitel courent les rues.

Stéphane Mavida


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