le refus d’obéir s’étend parmi les enseignants du primaire


article de la rubrique démocratie > désobéissance pédagogique
date de publication : mardi 27 janvier 2009
version imprimable : imprimer


Dans une lettre ouverte qu’ils adressent au ministre de l’Education nationale, plus de 160 “désobéisseurs pédagogiques” demandent le retrait de l’aide personnalisée de deux heures hebdomadaires à l’école primaire : « [...] il est temps d’écouter et de prendre en considération l’opinion des enseignants et de réviser d’urgence votre politique pour l’école. En conscience, nous refusons d’obéir ! »

Leur démarche rejoint celle des enseignants qui contestent les évaluations CM2 et celle des directeurs d’école “réfractaires” – ils sont aujourd’hui 172 – qui refusent de mettre en place Base élèves.


Là, ce sont les parents qui ont contribué à la lutte et ils ont conservé les livrets scolaires et l’Inspecteur d’Académie a porté plainte, là, un désobéisseur (ils sont 1800 répertoriés) vient expliquer comment ceux qui luttent peuvent être classés en catégories, de la résistance à la manifestation ostentatoire et personnelle du refus d’appliquer les ordres, là, l’adjoint au maire de la ville qui a pris la responsabilité d’accueillir et de soutenir cette assemblée vient dire la brutalité et la verticalité des réformes et de ceux qui les imposent, là, l’organisation nationale de parents d’élèves vient apporter son soutien, dans le respect des personnes, des biens et de la loi, là, les candidats au concours, inscrits sur liste complémentaire font part de leur ténacité depuis la rentrée pour obtenir d’être traités comme par le passé, là, il y a trois collectifs qui ne s’opposent pas et qui ne se soudent pas, là, on rapporte que les syndicats attendent de savoir si le nombre de désobeisseurs est suffisant pour justifier un soutien… [1]

Il y a l’appel Halte au feu ! du syndicat SNPI-FSU d’Inspecteurs de l’Education nationale au sujet des évaluations CM2 qui fait état de ce que « la crise de confiance que d’aucuns pressentaient est en train de se cristalliser dans le développement d’un spectaculaire mouvement de désobéissance où se retrouvent des milliers d’enseignants et de familles. »

____________________________

Ecole : les “désobéisseurs pédagogiques” interpellent Xavier Darcos

par Philippe Jacqué, LEMONDE.FR, 26 janvier 2009


Ils n’étaient qu’une poignée début novembre, ils sont aujourd’hui près de 2 000 professeurs des écoles à entrer officiellement en « résistance pédagogique » contre les réformes du ministère de l’éducation nationale, voire « plusieurs dizaine de milliers » à être en désobéissance « officieusement », précise Alain Refalo, professeur des écoles à Colomiers (Haute-Garonne), l’un des « meneurs » de cette fronde inédite au sein de l’éducation nationale.

Dans une lettre qui sera adressée le 27 janvier à Xavier Darcos, cent-cinquante de ces « désobéisseurs pédagogiques » demandent officiellement au ministre de l’éducation nationale le retrait de son dispositif d’aide personnalisée aux élèves en difficultés ainsi que des nouveaux programmes du primaire mis en place à la rentrée dernière.

Le « mouvement » a débuté le 6 novembre 2008 avec une lettre ouverte rédigée par Alain Refalo à travers laquelle il avait informé son inspecteur de circonscription qu’il entrait en désobéissance pédagogique et refusait d’appliquer les réformes du ministre de l’éducation nationale. Lundi 26 janvier, ils étaient officiellement 1937 dans trente départements différents, à avoir signé une lettre individuelle ou collective qui matérialise cet engagement.

« Nous espérons vous convaincre qu’il est temps d’écouter et de prendre en considération l’opinion des enseignants et de réviser d’urgence votre politique pour l’école », expliquent les professeurs des écoles. Selon eux, « ce dispositif d’aide personnalisée est totalement illégitime sur le plan structurel, inefficace sur le plan pédagogique et désastreux pour l’avenir de l’école », car il «  “commercialise” l’école. Sa présentation, son organisation différente d’une école à l’autre introduit l’idée dans l’opinion générale que l’école devient un supermarché où le client (ici les parents d’élèves) est roi. Les parents sont alors abusés et certains qui ne connaissent légitimement pas cet univers scolaire complexe, risquent de se comporter en véritables consommateurs déclinant leur souhait au gré de leurs envies ou humeur. »

Face à cette mobilisation, Xavier Darcos estimait dans Le Figaro la semaine dernière qu’« on parle beaucoup de la centaine d’enseignants militants qui agissent par pure idéologie et pas assez des 380 000 professeurs des écoles qui font leur travail avec un grand dévouement. Quand un professeur refuse d’aider ses élèves, il rompt la confiance que la Nation place dans l’école ».

Et lors de sa conférence de presse le 22 janvier, le ministre avait enfoncé clou. « Toute la réforme de l’école primaire consiste à sortir de l’anonymat ces élèves en difficultés qui venaient grossir chaque année les statistiques de l’échec scolaire, pour leur proposer les solutions les plus adaptées, qu’il s’agisse des deux heures d’aide individualisée par semaine, ou encore des stages de remise à niveau en français et en mathématiques offerts durant les congés scolaires aux élèves de CM1 et de CM2. Là encore, je voudrais dire qu’il est parfaitement insupportable à tout esprit républicain qu’on prétende priver d’aide scolaire des élèves qui en ont besoin et qui y ont droit. »

« Notre volonté n’est pas de priver les élèves de toute aide. Au contraire, nous souhaitons les aider mais en rendant cohérents les dispositifs d’aide avec les projets éducatifs mis en place dans chaque école », défend Alain Refalo.

Au-delà de la réaction du ministre de l’éducation nationale, les autorités académiques commencent à sanctionner les enseignants récalcitrants. Ainsi, Alain Refalo s’est vu signifier, la semaine dernière, un retrait de salaire de deux journées par semaine pour refuser d’appliquer les deux heures hebdomadaires de soutien aux élèves en difficulté. Une sanction qu’avait déjà subie une douzaine de ses collègues fin décembre. Mais la sanction aide a popularisé cette cause selon Alain Refalo : « La mobilisation devrait s’en trouver renforcée ».

Philippe Jacqué

Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP