le conseil municipal de Toulon nettoie le carrefour


article de la rubrique extrême droite > Toulon : la stèle, le carrefour
date de publication : lundi 4 juillet 2005
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Lors du conseil municipal du vendredi 24 juin 2005, le maire a accédé à une revendication "historique" de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme.

Depuis quatre ans et demi, elle demandait que soit rebaptisé le carrefour du "général Salan", ainsi dénommé en décembre 2000 par l’équipe Front national.

Désormais, on lui donnera du « colonel », eu égard à sa participation à la Libération de Toulon en août 1944.

Relayée par l’opposition de gauche, la LDH a fini par avoir gain de cause.

[Première mise en ligne, le 26 juin 2005,
mise à jour le 4 juillet 2005.]


L’affaire de la stèle de Marignane en hommage à l’OAS ne pouvait manquer de faire des vagues à Toulon.

Dès le début du conseil, Lorenzo Matéos (PC) lance le débat. Pour lui, il s’agit de ne pas nier la vérité historique.

A son tour, Bruno Maranzana (PS) dit son souhait « d’en finir avec le nom de ce carrefour ». « L’Algérie n’a jamais été française, c’était une colonie ». Et il pointe un autre symbole dérangeant, la stèle de la porte d’Italie à la mémoire des « martyrs de l’Algérie française » : à la suite de certaines commémorations, on peut y voir la gerbe de la municipalité cotoyer celle de l’ADIMAD, qui, elle, rend hommage aux « victimes du gaullisme » [1].

Jean-Louis Marfaing (les Verts) regrette l’absence de vérité historique : « pour beaucoup, le général Salan symbolise celui qui a tenté de renverser la République. »

Ghislaine Ruvira, adjointe au maire, prend la parole pour protester contre certains des propos qui l’ont choquée et blessée. Calme et digne, elle défend ceux pour qui la terre d’Algérie était une « terre de France » [2] et qui ont dû la quitter dans les conditions que l’on sait. Elle évoque le besoin de « lieux de mémoire ».

Bruno Maranzana précise : « je m’incline devant ceux qui ont souffert. Loin de moi l’idée de stigmatiser la communauté pied-noire. J’y ai assez d’amis pour prouver que j’ai mené des combats contre tous les racismes. »

Le respect de la vérité historique

Hubert Falco prend alors la parole et exprime sa « volonté de changer la dénomination ».

Il montre des lettres reçues d’anciens combattants qui soulignent que « en 1944, le colonel était des nôtres ».
Il évoque également les sensibilités très diverses de la forte communauté pied-noire.

« Comme le souhaitent la Ligue des droits de l’Homme et l’ensemble des Républicains (ils ne sont pas qu’à gauche), nous allons rebaptiser ce carrefour. (..)
L’histoire est douloureuse et je n’ai pas l’intention de la refaire. ll faut juste rétablir la vérité : notre ville a été libérée un certain 28 août avec le général De Lattre, et dans son armée un certain colonel Salan qui a fait tomber le fort Sainte-Catherine [3]. Je n’aurai de cesse de rendre hommage également à ces soldats aux couleurs différentes qui ont libéré nos villes et nos villages. »

Et le maire propose de donner au carrefour le nom moins ambigu de « carrefour du colonel Salan - Libération de Toulon - août 1944 », proposition émanant de la LDH en 2003.

Le conseil municipal est suspendu. La commission culture, immédiatement convoquée en session extraordinaire, adopte la proposition. Le conseil municipal à nouveau réuni vote la délibération à l’unanimité moins une voix - celle de Bruno Maranzana qui s’abstient [4].

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Jean-Claude Lunardelli, ancien conseiller municipal et adjoint au maire Front national de 1995 à 2001, a réagi dans une lettre dont Var-Matin a publié de larges extraits le 3 juillet. En voici les passages essentiels :

"Pied-noir et adjoint au maire de 1995 à 2001, j’ai été de ceux qui ont demandé et obtenu en 1998 la création du carrefour Général Salan pour l’ensemble de son oeuvre : libérateur de Toulon, grand soldat, il s’est battu pour défendre les intérêts de la France en Indochine et en Algérie. [...] Le Général Salan voulait simplement respecter la parole donnée aux Pieds-noirs et aux Algériens fidèles et garder la belle province d’Algérie à la France. Un autre général rebelle, réfugié à Londres, a prononcé le discours du 18 juin 1940 que l’on sait. [...]

La contestation (sic) essentielle de cette lamentable décision est que la majorité dite de droite s’est mise à genoux [...] Toulon, qui a toujours eu la fibre nationaliste s’en souviendra !"

Notes

[1Ce fait a choqué de nombreux Toulonnais.

[2La terre d’Algérie a pu être considérée comme une "terre de France" par de nombreux Européens qui y demeuraient, mais qu’en pensaient les Algériens ?

[3Hubert Falco pensait sans doute au Fort d’Artigue.

[4Peut-être aurait-t-il préféré le nom du Général de Bollardière, comme l’avait proposé initialement la section LDH - sans doute dans un moment d’égarement : comment imaginer que Toulon puisse rendre hommage à un général qui a été manifester, avec Green Peace, contre la force de frappe française ?


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