le Président Sarkozy déclare adhérer aux valeurs du programme du CNR de 1944


article de la rubrique droits sociaux > programme du CNR
date de publication : mardi 23 juin 2009
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« On ne peut que se réjouir que notre Président adhère ainsi, 65 ans plus tard, au programme de ceux qui ont résisté dans la France occupée et préparé la France libérée », nous écrit le président de l’association « Jean ZAY en Provence – Pédagogie, Mémoire et Histoire » [1].


Dans son discours du 22 juin 2009 devant le Congrès [2], nous avons entendu le Président Nicolas Sarkozy vanter les mérites du programme élaboré par le Conseil National de la Résistance, adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944.

Il déclare en effet :

« Le modèle républicain reste notre référence commune. Et nous rêvons tous de faire coïncider la logique économique avec cette exigence républicaine.

« Ce rêve nous vient, pourquoi ne pas le dire, du Conseil National de la Résistance qui, dans les heures les plus sombres de notre histoire, a su rassembler toutes les forces politiques pour forger le pacte social qui allait permettre la renaissance française.

« Cet héritage est notre héritage commun. »

Mais qu’en ont dit jusqu’à présent l’UMP et le patronat ?

Ce Programme de la Résistance, rédigé en 1944 par le CNR et repris dans le préambule de la Constitution de 1946, a établi les fondements du modèle économique et social français de l’après guerre, celui des « trente glorieuses. » Ce texte déplait profondément au patronat qui aimerait bien le voir disparaître de la Constitution.

Le patronat veut s’affranchir du Programme de la Résistance.

Jean-Luc Porquet, pour le Canard Enchaîné du 6 février 2008, épingle Charles Beigbeder, qui vient de repartir à l’attaque dans le JDD contre ce vestige insupportable des « jours heureux. »

A bas les jours heureux !

C’est le genre de choses qu’on laisse passer, à force. Il y en a tellement. Ils sont tellement « décomplexés »... La première fois, c’était en octobre dernier. Denis Kessler, ex-mao passé au capitalisme financier, ancienne éminence grise du baron Seillière lorsque celui-ci pilotait le Medef, lâchait cette mâle déclaration de guerre : « II faut défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Qu’est-ce qu’elle venait faire là, la Résistance ?

Kessler s’en réjouissait : au fond, les différentes réformes engagées par Sarkozy, disait-il, « peuvent donner une impression de patchwork », mais « on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux » : défaire ce qu’ont fait les résistants, justement. Cette provoc’ avait fait quelques vagues, sans plus.

Et puis la semaine dernière, Charles Beigbeder a remis ça. Dans une tribune au « JDD » (27/1), le pédégé de Poweo a affirmé, l’air de rien, que selon lui le rapport Attali permettrait enfin d’en finir avec cette France « qui continue à vivre sur un modèle fondé en 1946, à partir du programme du Conseil national de la Résistance ». Tiens, tiens. Lui et Kessler, même combat. Charles Beigbeder, le prototype du jeune loup moderne. L’homme qui veut tailler des croupières à EDF en vendant de l’électricité privée aux Français.

Il avait un beau titre, le programme des résistants : « Les jours heureux ». On comprend qu’il faille en finir d’urgence. Il était le résultat d’un compromis né entre tous les mouvements de résistance luttant contre l’occupant et les principaux partis politiques, dont le PC. On comprend que cela paraisse aujourd’hui insupportable. Il affichait de hautes ambitions. Entre autres, « la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».

Insupportable, non ? On y trouvait d’autres projets complètement fous. Les résistants rêvaient que les enfants français puissent « bénéficier de l’instruction et accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents ». Affreusement égalitariste !

Ils voulaient aussi que soit assurée « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent ». On comprend que ça énerve. Et aussi « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ». Complètement ringard, non ?

On remercie MM. Kessler et Beigbeder de nous avoir annoncé franchement la fin des beaux jours, prévue pour l’après-municipales.

Jean Luc Porquet


Conseil National de la Résistance - 15 mars 1944

Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.

Aussi les représentants des organisations de la Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R., délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

A l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire du Programme de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944, treize résistants ont lancé un appel aux jeunes générations, pour que « la flamme de la résistance ne s’éteigne jamais. »

Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

P.-S.

L’association « Jean ZAY en Provence – Pédagogie, Mémoire et Histoire »
organise

  • une exposition « JEAN ZAY, Mémoire d’un homme, modernité d’une oeuvre »
    à la médiathèque de ROUSSET, de mardi 23 juin à 18 h jusqu’au samedi 4 juillet : mardi (14h – 18h30), mercredi (10h – 18h30)
    jeudi (14h – 18h30), vendredi (14h – 18h30) et samedi (10h – 12h).
  • un hommage à Albéric LAURENT, instituteur, Résistant,mort pour la France
    Cours Albéric Laurent à PEYNIER, samedi 27 juin à 11h. Remise en Mairie d’une plaque rénovée à sa mémoire sur le mur de la Mairie. en présence d’invités du monde combattant et de la famille.

Notes

[1L’association a pour buts :

- d’honorer et entretenir la mémoire de la vie et de l’oeuvre pédagogique de l’ancien ministre Jean ZAY qui fut en charge de l’Education Nationale et de la Culture de juin 1936 à septembre 1939, grand défenseur de l’école publique et laïque, résistant, condamné à la déportation par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand aux ordres de Vichy, emprisonné à Riom jusqu’au 20 juin 1944 où des miliciens viennent l’arracher à sa prison pour l’abattre dans un bois,

- d’honorer et entretenir la mémoire des Résistants de la Haute Vallée de l’Arc, et particulièrement d’ Albéric LAURENT, instituteur à Peynier dès 1932, membre des Forces Françaises de l’Intérieur dès 1943, mortellement blessé au combat dans le Haut-Rhin le 21 janvier 1945 ;

et, plus généralement

- d’approfondir et diffuser la connaissance de l’histoire des acteurs de la deuxième guerre mondiale, de la Déportation et de la Résistance dans les Bouches-du-Rhône et en Provence.

Comité scientifique : Raymond AUBRAC, Résistant, Commissaire de la République à la Libération, région de Marseille, Marie Thérèse BRUN-CLAVERIE, Présidente Les Amis de la Résistance, ANACR Aix, épouse de René CLAVERIE, fils d’André CLAVERIE, Résistant maquis de Saint Antonin sur Bayon, Jean-Paul CHINY, Président, Les Amis de la Résistance, ANACR Marseille, Auguste DELEUIL, Résistant du maquis du Puy Saint Jean (Trets), Michel GILLET, Trets, José GOTOVITCH, Historien Académie Royale de Belgique, Jean-Marie GUILLON, Historien, Robert LAZENNEC pédagogue, Robert MENCHERINI, Historien, Catherine MARTIN-ZAY, fille aînée de Jean ZAY, Hélène MOUCHARD-ZAY, fille cadette de Jean ZAY, Antoine PROST, Historien de la pédagogie, Président de l’association nationale des Amis de Jean Zay, Joe RONSMANS-DAVRAY, Résistant, Engagé volontaire, débarquement de Provence, André SAMAT, neveu d’Albéric LAURENT, Guy VAN OOST, Pédagogue.

[2Le discours de Versailles dans son intégralité.


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