le 1er mai 2012 : fête du travail


article  communiqué de la LDH  de la rubrique droits sociaux > travail
date de publication : jeudi 26 avril 2012
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C’est une fois de plus en divisant que le président-candidat entend faire passer son message aux relents d’une sombre époque. Ainsi donc le Travail, jadis premier mot d’une triste devise, serait l’apanage de Nicolas Sarkozy et de la droite qu’il représente. Un Travail "vrai" dont la définition échapperait aux syndicats et aux militants progressistes... Un Travail qui ne serait plus un droit mais une valeur à opposer à ceux qui n’y ont pas accès.

De provocations en réflexes, le chef de l’Etat tente de détourner la lutte historique du 1er mai en dressant une fois de plus les uns contre les autres.
A l’occasion du 1er mai, la LDH de Toulon s’associe aux syndicats, aux associations, aux partis politiques, à tous les travailleurs, et à ceux qui souffrent du chômage et de la précarité. Afin de montrer l’unité de tous ceux qui se battent pour la démocratie et le progrès social, elle donne rendez-vous, mardi 1er mai, à 10h, place de la Liberté (Toulon).

Ci-dessous : un communiqué de la Ligue des droits de l’Homme, suivi de quelques rappels de l’époque de la Révolution nationale... puis d’une des nombreuses palinodies du président-candidat.


Communiqué LDH

Paris, le 26 avril 2012

1er Mai 2012 : Pour la démocratie, le progrès social

La mobilisation sociale du 1er Mai de cette année revêt une place singulière en raison du contexte de l’élection présidentielle et des tentatives d’instrumentalisation dont il est l’objet.

Parce qu’elle défend l’idée que les droits sociaux sont indivisibles des droits et des libertés politiques, parce qu’elle pense que la solidarité est une valeur universelle, ici et là-bas, parce qu’elle a la conviction que le dialogue social doit irriguer une démocratie effective et vivante, la Ligue des droits de l’Homme appelle toujours ceux qui vivent et travaillent en France à participer aux défilés syndicaux unitaires.

Cette année plus que jamais, il est important, face aux crises et aux politiques d’austérité, de faire entendre les priorités sociales et les préoccupations des salariés, des demandeurs d’emploi, des jeunes et des retraités ; d’exprimer la défense des droits fondamentaux et des libertés partout dans le monde ; de faire reculer la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme.

De fait, la crise ne peut être le prétexte pour remettre en cause des systèmes sociaux construits sur la solidarité, les libertés publiques, le principe de l’égalité des droits qui fondent notre vivre ensemble.

Tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la Ligue des droits de l’Homme s’est mobilisée contre un gouvernement qui a asphyxié la démocratie, nié les droits, discriminé en fonction d’une origine supposée ou réelle, augmenté les inégalités, attaqué le service public, et enfin, développé un tel sentiment de peur de tous contre tous qu’il a voulu faire des services de la justice et de la police les gardiens de son propre pouvoir.

Persuadée qu’infliger une défaite au candidat sortant ne suffira pas à répondre aux angoisses et aux espoirs que traduit le premier tour des élections présidentielles, la LDH appelle à manifester aux côtés des organisations syndicales qui défileront dans l’unité, et à faire du 1er Mai 2012 un moment d’affirmation de la démocratie et du progrès social.

Fête Sarkozy du « vrai travail » : retour aux idéaux des années 40 ?

[Extrait du blog de J-C Slovar, le 24 avril 2012]


En vue du deuxième tour, le Président candidat a désigné les responsables et coupables selon lui des difficultés de la France : Syndicats, titulaires des minima sociaux, chômeurs et émigrés. Les mêmes cibles qu’en ... 1940 !

En 1987, Michel Noir, à l’époque député maire RPR de Lyon, jetait un pavé dans la marre politique en publiant une tribune dans laquelle il écrivait : « qu’il valait mieux perdre une élection que son âme ...  » pour rejeter toute connivence avec le Front National

C’est cette vision que Chantal Jouanno, met en cause quand elle déclare « craindre que la droitisation ne soit qu’un mirage douloureux [...] Dans les prochains jours, j’appelle de mes vœux un discours beaucoup plus équilibré dans le choix des thèmes de campagne et dans les mots utilisés ».

[...]

Cette droitisation qui semble de plus en plus prendre ses racines dans une idéologie qu’on croyait pourtant disparue, celle de la révolution nationale chère à Philippe Pétain. Extraits de son discours au peuple français du 11 Octobre 1940.

« Seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve [...] Tous les Français, ouvriers, cultivateurs, fonctionnaires, techniciens, patrons ont d’abord le devoir de travailler, ceux qui méconnaîtraient ce devoir ne mériteraient plus leur qualité de citoyen [...] Les organisations professionnelles traiteront de tout ce qui concerne le métier, mais se limiteront au seul domaine professionnel. Elles assureront, sous l’autorité de l’État, la rédaction et l’exécution des conventions de travail [...] Elles éviteront enfin les conflits, par l’interdiction absolue des « lockout » et des grèves, par l’arbitrage obligatoire des tribunaux de travail ».

Pour mémoire : Un an plus tard, nous rappelle Gilles Devers sur son blog : « L’activité des syndicats nationaux était suspendue, et leur biens saisis. Alors, Pétain avait les mains libres pour recréer à sa façon une fête du travail et de l’unité du pays, le 1° mai devenant « la fête du travail et de la concorde sociale ».

Beaucoup répondront que le but de Nicolas Sarkozy n’est pas de faire disparaître les syndicats et que, ses (trop) nombreux propos opposant les petites gens aux titulaires des minima sociaux ou au chômeurs, ne sont qu’un leurre destiné à attirer les électeurs de Marine le Pen.

Ce qui revient, vous en conviendrez, à risquer de perdre son âme pour gagner une élection et finalement expliquer aux électeurs que l’original vaut largement la copie. Français, à vous de voir si vous souhaitez vraiment ouvrir la boîte de Pandore !

Nicolas Sarkozy nie avoir parlé de “vrai travail”

[Le Monde.fr, le 26 avril 2012]


Invité du journal télévisé de TF1, Nicolas Sarkozy a reculé sur le terme de “vrai travail” qu’il entendait célébrer le 1er mai, en opposition aux syndicats.

"Je n’ai pas dit “le vrai travail”. C’est une fête du travail. Je n’avais pas compris que François Hollande avait privatisé le 1er Mai", a déclaré le président-candidat.

Lundi 23 avril, M. Sarkozy avait déclaré devant des journalistes :
"Nous allons organiser la Fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille."



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