la fresque des expulsés de Billère survivra


article de la rubrique libertés
date de publication : dimanche 2 janvier 2011
version imprimable : imprimer


Jean-Yves Lalanne, maire de Billère, a annoncé aux 250 personnes, dont de nombreux élus et militants, réunies samedi 18 décembre devant la fresque des expulsés, que celle-ci ne disparaitrait pas car elle sera reproduite à l’identique et de façon plus visible sur un wagon de la communauté Emmaüs à Lescar.

La cour administrative d’appel de Bordeaux avait confirmé le 26 octobre 2010 la décision de première instance, et ordonné l’effacement, avant le 26 décembre, de la peinture réalisée sur le mur de la salle municipale à la demande du maire, après un vote du conseil municipal. L’œuvre inaugurée le 5 septembre 2009 rendait hommage aux familles et aux enfants reconduits hors des frontières par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. C’est le préfet Philippe Rey, fonctionnaire zélé, qui, reprochant au maire d’être « sorti de son “devoir de neutralité” vis-à-vis de la politique gouvernementale », avait porté l’affaire devant le tribunal administratif de Pau [1].

[Mis en ligne le 6 décembre 2010, mis à jour le 2 janvier 2011]



Voir en ligne : article 3833

La « fresque des expulsés » de Billère (détail).

Billère le 5 décembre 2010

Appel au rassemblement devant la fresque des expulsés
Place de la mairie à Billère

Samedi 18 décembre à 11h00

Le maire et les élus de Billère, Réseau Education Sans Frontière, la FCPE,
Emmaüs Lescar-Pau, La Ligue des Droits de l’Homme, le Comité 64 du
Mouvement de la Paix, le Comité de Soutien Gaston Phoebus, le Mouvement
contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), la CIMADE 64,
ATTAC 64, la Maison des Femmes du Hédas, la Fédération Départementale du
Parti Socialiste, le Parti Communiste Français 64, la FASE/Gauche
Alternative 64, le Nouveau Parti Anticapitaliste, la FSU section
départementale, l’UIS-CFDT Béarn, MUSICAP, l’Association Nationale des
Gens du Voyage Catholiques (ANGVC) et l’Association France Palestine
Solidarité (AFPS),

invitent tous les démocrates et tous les citoyens qui veulent continuer à
faire vivre le message de la fresque, à se rassembler devant le mur de la
salle de Lacaze, Place de la mairie à Billère, sur lequel a été peinte la
fresque contre les expulsions.

Puisqu’ils nous obligent à effacer cette oeuvre d’art, puisqu’ils pensent
qu’en détruisant ce symbole ils affaibliront l’idée qu’il représente,
venez nombreux leur montrer que nous continuons à refuser les expulsions
d’enfants et de leurs familles.

Faites connaître cet appel autour de vous !

La « fresque des expulsés » de Billère doit être effacée

par Eric Bély, La République des Pyrénées, 3 novembre 2010


La cour administrative d’appel de Bordeaux a ordonné, comme en première instance, l’effacement de la fresque dite « des expulsés. Mais pour le maire de Billère, le combat continue.

La commune a jusqu’au 26 décembre pour s’exécuter. La cour administrative d’appel de Bordeaux ordonne, dans un arrêt rendu le 26 octobre, l’effacement de la fresque des expulsés réalisée à la mémoire des familles et enfants reconduits hors des frontières par la préfecture, et inaugurée le 5 septembre 2009. Si la commune n’obtempère pas, elle s’expose à 100 euros d’amende par jour de retard.

La cour confirme ainsi la décision du tribunal administratif de Pau rendue le 12 janvier 2010. Avec qui plus est les mêmes motifs : à savoir notamment que « la fresque litigieuse constituait en réalité une revendication politique qui contrevenait au principe de neutralité » et que, de toute façon, la réalisation de travaux de peinture sur un édifice communal nécessite une délibération.

Voilà donc une nouvelle victoire pour le préfet Philippe Rey dans cette affaire qui a fait couler énormément d’encre depuis un an. Reste à savoir si cet arrêt est de nature à mettre un terme au feuilleton.

Loin de là, répond d’ores et déjà, Me Jean-François Blanco, qui défend les intérêts de la commune de Billère dans ce dossier. Il compte déjà saisir le conseil d’Etat, seule juridiction susceptible de pouvoir casser cet arrêt. Mais il annonce également un recours de nature « exceptionnelle », celui de la « tierce opposition ». En clair, les créateurs de la fresque, Studio tricolore, non associés jusqu’à présent, vont demander l’annulation d’une décision qui leur cause un grief. En l’occurrence pour l’avocat, une atteinte à leur liberté créatrice. Dans le même temps, la commune de Billère va solliciter auprès de la cour d’appel une suspension de l’arrêt. La juridiction est en droit de la prononcer, mais n’en a pas l’obligation. « Nous allons utiliser ces deux mois pour résister », résume Me Blanco.

Me Blanco : « Une décision inquiétante »

Si la préfecture, n’a pas réagi pour l’instant, Jean-Yves Lalanne, le maire de Billère, y est allé de son commentaire hier : « Même si on nous oblige à effacer, le combat et la bataille démocratique continuent. Peut-être que l’on fera une autre fresque sur un mur privé. Il y aura d’autres initiatives ». L’avocat de la commune Me Blanco dénonce pour sa part : « Une décision très grave et très inquiétante qui porte atteinte à la liberté d’expression et à la liberté créatrice ». « Il faut remonter au XIXe siècle quand on interdisait des romans, pour voir une décision demandant la disparition d’une oeuvre d’art ».

Le préfet Philippe Rey s’en va.

Notes

[1Philippe Rey vient d’être nommé préfet hors cadre par un décret du 25 novembre 2010.


Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP