L’Assemblée nationale a maintenu l’autorisation de la chasse à la glu encore pratiquée dans 5 départements, dont le Var, pour chasser la grive.
Adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en mars 2015, un amendement de la loi Biodiversité, visant à interdire la chasse à la glu, a été, par la suite, rejeté par le Sénat, puis définitivement écarté, par l’Assemblée nationale le 18 mars 2016,
“C’est le fruit d’un intense travail de lobbying et de sensibilisation”, s’est félicité le président de la Fédération des chasseurs du Var, qui a tenu à “remercier les parlementaires ayant entendu notre appel, dont trois Varois : Josette Pons, Olivier Audibert-Troin et Philippe Vitel”.
Mais, où est donc la démocratie dans cette affaire ?
Dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 mars 2016, , à 2 h 18 du matin et par 28 voix contre 9, l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement « Abeille » de la loi biodiversité à son sujet, et donc sauvé la chasse à la glu.
« C’est le fruit d’un intense travail de lobbying et de sensibilisation auprès des parlementaires », se réjouit Marc Meissel, président de la fédération des chasseurs du Var, dont le siège est à Brignoles. On rappellera qu’en première instance, en mars 2014, ce même amendement avait été adopté par huit voix contre cinq. De treize députés, le vote en deuxième lecture en a donc intéressé près du triple, soit 37...
Les sénateurs s’étaient montrés bien plus concernés, en rejetant déjà massivement l’amendement par 209 voix contre 26 ce 22 janvier.
L’amendement proposé par la députée EELV Laurence Abeille visait en effet à interdire « cette chasse traditionnelle, seulement pratiquée dans cinq départements français, tous en Paca, dont le Var, pour chasser la grive », rappelle Marc Meissel.
« Rester vigilant »
Depuis le vote de mars 2014, « de nombreuses instances de la chasse provençale s’étaient rassemblées dans un collectif actif et dynamique pour éviter l’interdiction de cette pratique. Tous les chasseurs se sont sentis concernés, car on connaît bien les méthodes des anti-chasses : on attaque certaines pratiques — chasse à courre, glu, etc. — les unes après les autres pour, au final, s’en prendre à la chasse dans son intégralité ».
La mobilisation du monde cynégétique s’est donc conclue par une victoire législative. « Mais ça n’a pas été simple. Il a fallu abattre un important travail pour convaincre certains députés d’autres régions françaises de sauver cette pratique seulement en cours dans cinq départements de Paca... » Dans le Var, la cause des chasseurs a été entendue par trois députés — Josette Pons, Olivier Audibert-Troin et Philippe Vitel — qui ont veillé dans la nuit de jeudi à vendredi pour voter contre l’amendement.
Aussi, ce vote constitue « un réel soulagement. S’il faut rester vigilant, et que les choses ne sont jamais définitives, on peut considérer que la chasse à la glu est durablement sauvée. Un souci de moins pour les chasseurs ! », s’amuse-t-il.
Parmi les lobbys les plus puissants et les plus organisés du Parlement, il y a le lobby des chasseurs. On s’en était rendu compte en novembre dernier lorsque la commission développement durable avait étudié un rapport entier dédié à la chasse aux oies cendrées. Le groupe d’études Chasse et territoires est aussi l’un des plus couru du Parlement (et sa présidence toujours très disputée).
Les débats sur la projet de loi pour la reconquête de la biodiversité en ont été un autre exemple assez criant. De bout en bout de l’étude du texte, le lobby de la chasse a fait passer un calvaire à la rapporteure et au gouvernement. Le lobby de la chasse s’était bien organisé et avait envoyé une pile d’amendements qui ont été déposés à l’identique par des députés de groupes différents. Le lobby souhaitait en effet la suppression ou le non-rétablissement de dispositions « anti-chasse » adoptées en première lecture (par exemple l’article qui envisageait la très décriée chasse à la glu), mais aussi satisfaire plusieurs revendications. La fédération nationale des chasseurs avait même envoyé tout un tableau à de nombreux députés pour leur expliquer les « bons » votes sur plusieurs articles.
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Le plaidoyer de Philippe Vitel à la tribune de l’Assemblée nationale
Mes chers collègues, cette pratique ancestrale ne date pas de quelques centaines, mais de quelques milliers d’années. Les Grecs, déjà, fabriquaient cette glu avec des baies de gui et les Romains avec des écorces de houx.
Aujourd’hui, nous poursuivons cette tradition, dans le plus grand respect – je dois le dire – des animaux concernés, comme la grive ou le merle noir.
Pratiquée par 6 000 chasseurs, il s’agit moins d’une chasse que d’une capture opérée avec grand soin. De surcroît, cette « chasse » est sélective, comme la Cour de justice de l’Union européenne l’a reconnu le 28 avril 1988.
On prend grand soin des oiseaux capturés, on ne les torture pas ; ils sont simplement utilisés comme appelants, puis relâchés à la fin de la saison. Telle est la réalité, madame la rapporteure !