la CPI, “arme du droit contre les dictatures”


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date de publication : dimanche 24 février 2013
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C’est ainsi que le président de la République, François Hollande, a qualifié la Cour pénale internationale (CPI) dans le discours qu’il a prononcé lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le 18 janvier 2013.

La France a été l’un des premiers pays à ratifier le Statut de Rome de la CPI. Néanmoins la loi du 9 août 2010 « portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI » a rendu pratiquement impossible la poursuite devant les tribunaux français de suspects de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre, car elle la subordonne à quatre conditions restrictives et cumulatives. La France devenait ainsi une terre d’impunité pour les auteurs de crimes internationaux.

Différentes voix se sont élevées pour que la France mette en conformité son droit interne avec ses engagements internationaux [1], et une proposition de loi a été déposée par le sénateur Jean-Pierre Sueur visant à supprimer ces quatre verrous. La Coalition française pour la cour pénale internationale (CFCPI) – qui regroupe une cinquantaine d’organisations, et dont la LDH fait partie – se félicite de l’inscription à l’ordre du jour du Sénat de l’examen de la proposition de loi Sueur à la date du 26 février 2013.

[Mis en ligne le 2 février 2013, mis à jour le 24]



Communiqué de presse de la CFCPI

Le 23 octobre 2012

Se félicitant de l’avis adopté ce jour par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) sur la Cour pénale internationale (CPI), la CFCPI appelle le gouvernement à inscrire à l’ordre du jour du Sénat la proposition de loi "Sueur" déposée le 6 septembre 2012, visant à permettre la poursuite des auteurs de crimes internationaux devant les tribunaux français.

Dans son avis, la CNCDH demande à la France de prendre des engagements juridiques au regard du Statut de Rome et de mettre pleinement en œuvre dans son droit interne le principe de complémentarité, en vertu duquel il revient d’abord aux Etats de poursuivre les auteurs de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre devant leurs tribunaux internes. La CPI ne peut en effet intervenir que dans les cas les plus graves.

La CFCPI avait été consternée par l’adoption de la loi du 9 août 2010 « portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI », qui rendait pratiquement impossible la poursuite en France des auteurs de tels crimes internationaux (1).

Pendant sa campagne pour l’élection présidentielle, François Hollande s’était engagé à revenir sur ce texte, déclarant « Je n’accepterai pas que la France soit terre d’impunité pour les criminels de guerre ou des auteurs de génocide » (2).

Tout comme la CFCPI, la CNCDH recommande que la loi du 9 août 2010 soit amendée et mise en conformité avec les exigences du Statut de la Rome, par l’élimination des conditions restrictives adoptées en 2010.

Dans ce sens, la CFCPI appelle à la mise à l’ordre du jour et l’adoption de la proposition de loi déposée au Sénat le 6 septembre dernier par M. Jean-Pierre Sueur, Président de la Commission des lois du Sénat, ainsi que plusieurs de ses collègues du groupe socialiste. Cette proposition de loi vise, en effet, à supprimer les "4 verrous" rendant ineffective la compétence extra-territoriale des juges français à l’égard des auteurs de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.

Informations complémentaires

(1) La loi du 9 août 2010 portant adaptation du droit pénal à l’institution de la CPI rend en pratique impossible la poursuite judiciaire en France des auteurs de crimes internationaux. Elle subordonne la compétence extra-territoriale des tribunaux français à quatre conditions restrictives et cumulatives :

  • monopole des poursuites laissé au Parquet, empêchant ainsi les victimes de mettre en mouvement l’action publique ;
  • exigence d’une résidence habituelle en France de la personne recherchée ;
  • exigence d’une double incrimination ;
  • exigence de ce que la CPI ait préalablement décliné sa compétence, inversant le principe de complémentarité inscrit dans le Statut de la CPI.

(2) Dans un courrier à l’ACAT François Hollande avait notamment déclaré :

« Je veux être ici très ferme. Je n’accepte pas le mécanisme juridique existant qui défend (protège) des bourreaux en France. La Loi du 9/08/2010 ne permet pas aux victimes des crimes internationaux les plus graves d’obtenir justice dans notre pays. Les possibilités de poursuites à l’encontre des auteurs présumés de ces crimes sont restreintes. Ce texte a rendu quasiment impossible le bon fonctionnement de la Cour pénale internationale en France. Je veux, bien entendu, revenir sur ces restrictions. Je n’accepterai pas que la France soit terre d’impunité pour les criminels de guerre ou des auteurs de génocide ».

Hommage de François Hollande à la CPI [2]

A l’occasion de l’audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le président de la République a prononcé le 18 janvier 2013 un discours sur la justice, dans lequel il a rendu un hommage appuyé à la Cour pénale internationale.
Un extrait :

"L’arme du droit contre les dictatures"

« Dans la période très particulière que nous traversons, alors que nos soldats luttent, au Mali, pour la liberté d’un peuple ami et pour la défense de valeurs universelles, l’idée même de justice internationale prend tout son sens.

« C’est, dans une large mesure, une idée française. Notre pays, avec d’autres, en a porté le projet, il contribue à son financement et il en défend inlassablement le principe.

« Je me réjouis notamment de la coopération exemplaire de la France avec la Cour pénale internationale. Nous continuerons à la soutenir en dépit des critiques de ceux qui trouvent qu’elle va trop loin et de ceux qui considèrent qu’elle ne va pas assez vite. Elle doit encore faire face à de nombreux défis, notamment pour réduire ses délais de jugement.

« Mais elle est aussi l’arme du droit contre les dictatures. »

P.-S.

Communiqué de presse de la CFCPI publié le 18 février 2013

Le Sénat doit retirer au parquet le monopole de poursuites des crimes de guerre et contre l’humanité

Le 26 février prochain, le Sénat débattra d’une proposition de loi visant à retirer les quatre « verrous » qui bloquent les poursuites d’auteurs de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de génocide devant les tribunaux français.

Cette proposition du Sénateur Jean­‐Pierre Sueur qui tente de lever les freins mis par le Parlement en août 2010, est sous pression.

Le 13 février, la Commission des lois du Sénat a rétabli le plus puissant de ces verrous : le monopole des poursuites par le Parquet, privant ainsi d’accès aux juges les victimes des crimes les plus atroces.

Dans son communiqué – http://www.cfcpi.fr/IMG/pdf/Communi... – la CFCPI appelle solennellement les sénatrices et sénateurs à revenir au texte initial de la proposition Sueur et à retirer au parquet le monopole des poursuites pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.


Notes

[1Voir l’avis de la CNCDH publié en octobre 2012 http://www.cncdh.fr/sites/default/f....


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