ILS ONT OSÉ !

Les juges de Bordeaux ont osé mettre en examen « qui vous savez ».
Un crime de lèse-majesté !
Bien heureusement le Parquet a demandé un non-lieu.
Cet homme a tant fait pour la France !

IL A OSÉ

Il a osé mettre quelque argent sur un compte suisse. On ignore encore la somme.
Les juges de Paris ont recueilli ses aveux, lui qui devait combattre les fraudeurs !
Il a plongé la France dans l’austérité, voire la récession initiée par « qui vous
savez ».
L’un ne croyait pas à la lutte des classes, l’autre disait qu’elle n’avait jamais
existé.
L’un était de droite, et aimait, à l’occasion, fréquenter l’extrême droite.
L’autre se disait de gauche, tout en fréquentant l’extrême droite !

Ces deux hommes ne seraient-­ils pas une des faces de ce qu’est aujourd’hui
la France, peut-­être même le monde ?
D’un côté des peuples qui souffrent, de l’autre des individus qui s’enrichissent.
Jamais, dit-on, l’écart n’a été aussi grand entre les petits — celles et ceux qui subissent —, et les gros qui s’engraissent et qui partent visiter la Suisse et Singapour.
Nous vivons un temps de mensonges, de veulerie, de forfaiture et de lâcheté
chez les uns, de sacrifice et de courage moral, chez les autres.

L’écœurement pointe son nez.
Alors on donne au bas peuple des os à ronger.
Les immigrés sans-papiers ? Il faut les expulser sans penser qu’un jour certains, ou leurs enfants, reviendront peut-­être et nous demanderont des comptes. Les Rrom, il faut les chasser, en oubliant qu’ils ont le droit de circuler partout en Europe. Les Juifs on n’ose plus trop…

« Indignez-vous ! » disait Stéphane Hessel !
L’indignation est-elle aujourd’hui suffisante pour crier notre dégoût ?
Il ajoutait : « Le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance,
n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec des propres serviteurs
jusque dans les plus hautes sphères de l’État ».
On ne saurait mieux dire.
Cet homme de bien s’adressant aux jeunes leur disait
« Regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient
votre indignation » !!!!

Edgar Morin, lui, interroge : « Allons-­nous vers des catastrophes en chaîne ? »
Il répond : « C’est ce qui paraît probable si nous ne parvenons pas à changer
de voie ».
Et pour trouver cette autre voie, il écrit « C’est l’éthique du citoyen qui, dans
une société au sein de laquelle il jouit de droits, doit assumer ses devoirs
pour la collectivité ».
Et il cite la LDH : « La justice est plus dure dans les banlieues, plus douce
avec les délinquants financiers ».

Voici deux hommes de réflexion, des gens « bien ».
Je me suis permis de les citer car ils sont bien évidemment d’un autre niveau
que les deux affairistes susnommés.
Le problème est que ce sont ces derniers qui ont le pouvoir et ils s’y accrochent.

Sans doute faudrait-il que les opprimés dont parlait Sartre osent la même
violence que les présomptueux hommes de finance qui, eux, osent tout
sans vergogne.

Cerise sur le gâteau, l’ex-ministre du budget qui a tant menti, veut revenir
à l’Assemblée nationale !
L’autre veut redevenir président !

Si jamais, ils osaient revenir, ne faudrait-il pas crier notre refus, notre rejet,
notre dégoût devant tant de félonie ?

Jérôme-Nicolas Mavida