ici l’eau monte tout doucement


article de la rubrique roms et gens du voyage > gens du voyage dans le Var
date de publication : lundi 17 mars 2008
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Le schéma départemental du Var pour l’accueil des gens du voyage du Var a été approuvé le 17 avril 2003, il y a cinq ans [1].
Lenteurs administratives, opposition de riverains, conflit d’intérêts, mésententes entre édiles... ce schéma départemental peine à se mettre en place. Difficile aujourd’hui d’en faire un bilan : « Il est arrêté mais quasiment personne ne l’a respecté, sauf en Centre Var. »

Une exception : l’aire de grand passage pour les gens du voyage en voie de réalisation à Fréjus. Nous reprenons ci-dessous des articles de Véronique Georges qui depuis deux ans rend compte dans Var Matin de la progression du dossier. Le maire de Fréjus y explique pourquoi il s’est impliqué dans ce projet : «  Comme Fréjus aura satisfait à ses obligations, dès qu’un petit groupe de caravanes arrivera et s’installera, il pourra être verbalisé. On n’aura plus besoin de faire des référés et on pourra également requérir la force publique pour les déloger. »


L’aire de grand passage de Fréjus en bordure de l’Argens.

Feu vert préfectoral pour l’aire de grand passage

[Var Matin, le 7 mars 2008]

Y a-t-il une solution pour le problème des nomades ? Telle est la première question posée de but en blanc par un Fréjusien à Élie Brun, lors d’une réunion publique le 22 février 2008.

« La solution est trouvée, grâce à la ténacité du premier adjoint et du maire, a répondu ce dernier. On a enfin l’autorisation du préfet pour ouvrir l’aire de grand passage. On a eu son accord voici trois semaines. »

Des bulldozers de la ville ont déjà commencé à faire place nette et à nettoyer les lieux — un terrain de 2,2 hectares, quartier de la Palissade — en prévision des aménagements futurs, visant à accueillir 150 caravanes. Loué à un particulier pour l’instant, il sera acheté par la communauté d’agglomération lors d’un prochain conseil communautaire (après les élections municipales). Un compromis de vente a déjà été signé, le prix étant fixé à 200 000 euros.

L’entrée de la future aire de Fréjus, le 13 mars 2008. (D. R.)

Demande d’autorisation

Les futurs occupants, pour la plupart les missions des évangélistes (convois dits de transhumance), devront faire une demande d’installation.

Une réunion importante à la DDE de Toulon s’est déroulée vendredi dernier afin de s’accorder sur la mise en service de cette aire de grand passage. Car si l’autorisation de principe a été donnée par le préfet, il reste des détails à peaufiner pour obtenir son feu vert définitif.

Le site étant en bordure de l’Argens, il a fallu convaincre la préfecture qu’il ne présentait aucun risque pour ses utilisateurs.

« L’analyse hydraulique a été validée par les services de l’État, qui nous ont demandé certaines petites choses, explique Alain Thomas, directeur des services techniques. Nous devons rédiger un règlement intérieur sur l’utilisation de l’aire de grand passage. Celle-ci sera englobée dans le plan communal de sécurité qui est activé en cas de sinistre. Enfin, nous devrons retourner une fiche-type aux demandeurs, pour qu’ils nous donnent les coordonnées de la personne responsable du groupe afin de les prévenir en cas d’évacuation. Enfin, dans le trajet de préférence, ils partiront par le nouveau pont sur l’Argens, qui devrait être inauguré le 13 juin prochain. »

... au bord de l’Argens, le 13 mars 2008 (D. R.)

Une aire très attendue

Seuls aménagements nécessaires : la loi impose un point d’eau (déjà existant), un point d’électricité (également sur place), une fosse pour les eaux usées (elle a été faite) et le passage de véhicules pour le ramassage des ordures ménagères.

L’aire de grand passage est très attendue par les gens du voyage (« on a déjà six
demandes entre mai et mi-juillet
 » précise Alain Thomas).

Les responsables de la commune sont tout autant impatients, mais pas pour les mêmes raisons : «  Comme Fréjus aura satisfait à ses obligations, dès qu’un petit groupe de caravanes arrivera et s’installera, il pourra être verbalisé. On n’aura plus
besoin de faire des référés et on pourra également requérir la force publique pour les déloger
, précise le maire Élie Brun. Car l’aire de grand passage n’est pas destinée à ces itinérants isolés [lire ci-dessous] qui, selon le schéma directeur départemental doivent être hébergés dans des aires d’accueil.

Un schéma peu respecté

Le schéma directeur départemental de stationnement des gens du voyage, arrêté en 2003, fixe les besoins en aires de grand passage et en aires d’accueil. Les services de l’État y ont défini les communes et le nombre de places qu’elles devront proposer. « Il est arrêté mais quasiment personne ne l’a respecté, sauf en Centre Var » avoue Élie Brun.

« On s’est battu pendant un an avec l’État pour leur faire admettre que l’aire de grand passage prévue sur Fréjus peut être réalisée en zone agricole et en zone inondable dans la mesure où il n’y a pas de risque grave. Ici, l’eau monte tout doucement. Les études hydrauliques, car on en a fait deux, l’ont prouvé ».

La commune (et par extension la communauté d’agglomération) se sera mise en règle dans le courant de l’année. « L’intérêt, c’est que les gens seront répertoriés et qu’on va leur offrir un service » ajoute Alain Thomas.

Ce terrain de 22 500 m², situé à la Palissade, devrait pourra accueillir 150 caravanes. (Le 13 mars 2008 - D. R.)

Gens du voyage : l’aire de grand passage en bonne voie

[Var Matin, le 26 juin 2007]

Lentement mais sûrement, le projet de création d’un site aménagé pour le transit des nomades, quartier de " la Palissade ", avance.

C’est une obligation dans le cadre du schéma départemental pour l’accueil et l’habitat des gens du voyage, une nécessité pour le public concerné, une urgence pour les habitants de la basse vallée de l’Argens. La création d’une aire d’accueil de soixante places et d’une aire de grand passage de cent cinquante places est espérée, attendue par tous. Avec beaucoup d’impatience.


En particulier les riverains du quartier de " la Palissade ", situé sur le CD 8 avant la déchetterie. Dans ce périmètre, où la commune espère réaliser son projet, les habitants se plaignent de la présence de familles Roms qui vivent dans des conditions d’hygiène déplorables et dégradent l’environnement.

Avis favorable de la sous-préfecture

Le mois dernier, excédés par les pollutions multiples (visuelles, olfactives, sonores) de ce voisinage, quelques propriétaires ont remis au maire une pétition de 124 signatures (Var Matin du 25 mai), précisant qu’elle ne concerne pas les gens du voyage qui stationnent sur les aires d’accueil et qui respectent les terrains gracieusement mis à leur disposition, ni bien sûr ceux installés sur leurs propres terrains.

En revanche, ces agriculteurs pour la plupart souhaitent être débarrassés de ceux qui squattent deux parcelles sur la route de la Grande Carraire, et dont ils font le portrait peu ragoûtant : « des gens en toute impunité s’installent, déversent leurs gravats, leurs excréments, leurs déchets ménagers et leurs huiles de vidange sur nos terres et dans les fossés qui viennent d’être recreusés. Cette situation doit cesser très vite ».

Le premier magistrat a rassuré ses interlocuteurs sur l’avancée du projet d’aire de grand passage. Voici quelques semaines, Mme Souliman, sous-préfet, a émis un avis favorable à sa réalisation.

Terrain acheté par la communauté d’agglo

La ville a dès lors sollicité le préfet du Var et l’aide des services de l’État pour le financement de l’acquisition foncière et des travaux à venir.

«  Lors du dépôt de gerbe au mémorial des guerres en Indochine, Mme Souliman m’a confirmé le feu vert de l’État, souligne Élie Brun. Dans les toutes prochaines semaines, nous allons organiser un rendez-vous avec les services de l’État et ceux de la ville pour préparer le montage financier. J’espère que ça va se faire le plus rapidement possible. Le terrain sera acheté par la communauté d’agglomération
pour répondre aux besoins de toute la zone. Ensuite, il faudra faire des aménagements : clôture, plantations entre les berges de l’Argens et l’aire de grand passage pour que le camping en face ne soit pas gêné, toilettes, etc. J’ai déjà donné des instructions au directeur des services techniques pour que le terrain soit nettoyé.
 »

L’aire de grand passage aura une capacité de 150 places de caravanes

Elle sera gardée et surveillée. L’État peut apporter jusqu’à 70 % du financement des aménagements. Mais en quoi sa réalisation va-t-elle résoudre le problème posé par la présence des Roms ?

« Tant qu’on n’a pas respecté la loi, on ne peut pas l’utiliser, répond le maire. Quand l’aire sera réalisée, toute occupation illégale de terrain privé ou public par des gens du voyage pourra être stoppée par le recours à la force publique. »
Et Élie Brun d’assurer :
«  Dès que la convention avec l’État sera signée, je vais accélérer le processus pour matérialiser les investissements.
Si je peux attaquer les travaux cet été ou en septembre, ce sera fait.
 »

D’ici là, les riverains des camps Roms devront donc encore patienter.

Le maire, le sous-préfet et le premier adjoint (de dr. à g.), en visite à « La Palissade ». (Photo Philippe Arnassan)

Fréjus : une aire d’accueil de 2 hectares

[Var Matin, le 26 août 2006]

La ville a pris le taureau par les cornes. Hier matin, le sous-préfet du Var, Michel Henry, était en visite à Fréjus où après avoir rencontré le maire, Elie Brun, il s’est rendu sur le terrain « La Palissade »situé dans la basse Vallée de l’Argens. Une aire de grand passage le plus de 2 hectares destinée à accueillir les gens du voyage.

Soit un terrain deux fois plus étendu que ne le réclame le schéma départemental. Selon la loi Besson, datant de 1990 et amendée en 2000, chaque département doit établir un schéma d’accueil imposant aux communes de plus de 5000 habitants de prévoir une aire, financée à 70 % par l’Etat.

«  En proposant ce terrain à l’Etat, la ville montre l’exemple. Fréjus est une des rares villes du Var à avoir enclenché le processus préfectoral d’implantation d’une aire de grand passage pour nomades. Et ce, dès la fin de l’année 2005 », expliquait le maire.

Accord de principe avant étude topographique

Enregistré pour une vocation agricole dans le plan d’occupation des sols, sur une zone peu inondable, ce site pourrait devenir une plate-forme d’accueil accessible toute l’année pour les gens du voyage. Il peut accueillir jusqu’à 150 caravanes.

« Il faut avant tout vérifier la zone d’inondabilité du site et s’assurer des risques de crues. Cela demande donc une élude topographique du terrain en question... », précisait Michel Henry.

Après la visite des lieux, le sous-préfet a donné un accord de principe tout en ordonnant une étude préalable. En marge, il a également pu rencontrer des nomades sédentaires résidant sur un terrain voisin.

Concernant l’aide de l’Etat, la subvention sera intégrée dans l’achat du terrain de la « Palissade » vendu 200 000 euros.
«  Pour bénéficier de cette aide, il faudra déposer le dossier avant le 31 mai 2007 », annonçait une des collaboratrices du sous-préfet.
«  Ne vous inquiétez pas ce dossier sera bouclé dès la fin du mois de septembre...  », répondait sans détour Elie Brun.

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Var Matin, le 7 juin 2006.

P.-S.

Pour savoir ce qu’il est advenu de cette aire, voir cette page : « on n’ira pas sur leur aire ; d’ailleurs on ne nous a jamais consultés à ce sujet ! ». [Note ajoutée le 11 août 2008]

Notes

[1Il est téléchargeable : http://www.var.equipement.gouv.fr/a....


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