L’indignation consécutive à la mort de George Floyd a croisé la manifestation « Vérité et Justice » pour Adama Traoré, mort il y a quatre ans dans une gendarmerie.
(près de 150 personnes rassemblées pour rendre hommage à George Floyd, le 9 juin, à 18 h à Toulon)
Plusieurs personnes ont pris la parole lors de ce rassemblement clôturé par un genou à terre et une minute de silence. Est reproduite ci-dessous une des interventions publiques :
« Aujourd’hui, c’est à George Floyd, à sa famille, à ses amis, à ses proches que nous pensons. Que notre rassemblement lui rende hommage et nous permette de dire notre douleur et notre tristesse après l’agression indigne qui lui a ôté la vie.
Aujourd’hui, ici, ensemble, nous affirmons que notre démocratie est en grand danger quand :
le virus du racisme revient nous infecter ;
quand certains portent un projet de loi visant à interdire de filmer les forces de police et donc le contrôle citoyen de leur action ;
quand d’autres décrédibilisent les témoins afin de ne pas être mis en cause ;
quand d’autres encore refusent de poursuivre des justiciables en raison de leur profession.
Mais, gardons nous d’opposer les noirs, les roses, les beiges …., gardons nous des amalgames qui nous laisseraient croire qu’il n’y a, au sein de certaines professions, que des racistes ; gardons nous des communications qui visent à nous endormir, à nous faire croire que les mesures à venir pourraient résoudre une crise profonde au sein de la société toute entière.
Oui la crise est profonde, à tel point qu’à la fois, nous devons nous mobiliser pour que le racisme soit condamné, que les brutalités soient réprimées -d’où qu’elles viennent- mais aussi entendre que celles et ceux qui assurent le maintien de l’ordre ont besoin d’être sécurisés dans leurs missions, ...
… car si nous ne méconnaissons pas le nombre insupportable des violences subies durant les manifestations, durant les interpellations, durant les contrôles au faciès, durant les évacuations de camps de migrants …, car si nous n’ignorons pas le nombre des sanctions contre les violences policières demandées par le défenseur des droits et qui ne sont pas suivies d’effet , nous savons l’augmentation effrayante du nombre de suicides dans la police.
Restons vigilants. A quel moment nous manipule t-on ? Pourquoi en juillet 2019, le conseil d’Etat a t-il donné carte blanche au gouvernement pour continuer à utiliser les LBD 40 durant les manifestations ? Pourquoi les récentes annonces de sanctions au sein des forces de police n’abordent-elles pas la question de leurs moyens, de la disparition de la police de proximité, de leur formation ? Pourquoi nous levons nous pour que tous les êtres humains soient égaux dans leurs droits alors que des centaines, des milliers d’entre eux sont niés parce que sans papiers et que le gouvernement refuse de les régulariser ?
D’ores et déjà, que les « forces du maintien de l’ordre » redeviennent les « gardiens de la paix » et que l’IGPN soit enfin, totalement indépendante ; c’est à cela que nous aspirons.
La société est fracturée ? Ce sont eux qui le disent, dont certains pourraient trouver cela très pratique pour nous opposer, nous diviser et poursuivre, chemin faisant, leurs attaques contre nos droits fondamentaux …,
nous, nous sommes ensemble et c’est ensemble que nous demandons que cessent le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, l’homophobie. C’est ensemble que nous demandons une condamnation ferme et systématique de toutes les violences policières, avec l’absolue nécessité de faire toute la lumière sur les interpellations qui aboutissent à l’atteinte à l’intégrité physique et/ou à la mort d’un être humain. C’est ensemble que nous rappelons que le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit. » (Zachary Mamane)