grève des détenus au centre de détention de La Farlède


article de la rubrique prisons > Toulon - La Farlède
date de publication : mardi 19 octobre 2004
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Flambant neuf, l’établissement pénitentiaire de La Farlède a pourtant connu des heures agitées hier, lundi 18 octobre 2004. La grande majorité des prisonniers du centre de détention, 161 sur les 185 qui y sont incarcérés [1], ont commencé une grève "des plateaux" pour protester contre les modalités d’exécution de leurs peines.

Entre colère exaspération, ils indiquent que le mouvement débute « afin de pouvoir obtenir les mêmes traitements d’application des peines (permissions, conditionnelles, semi-libertés, grâces, bracelets électroniques) que dans les autres centres de détention de la région PACA et de faire cesser les abus de pouvoir du juge d’application des peines (JAP) » du tribunal de Toulon.
Les signataires réclament aussi « l’amélioration de la qualité et du respect de l’intimité dans les parloirs », la « diminution de l’attente des familles », la « mise enfonction des unités de vie familiale déjà construites et opérationnelles » et dénoncent l’« impossibilité d’obtenir des doubles parloirs ».
Ils déclarent cesser « ainsi que toutes activités sportives éducatives, l’achat des cantines en attendant un signal positif ».

Selon la compagne d’un détenu, « les demandes de permission sont refusées de façon quasi-systématiques ou réduites à quelques heures. (...)
Quand un détenu a fait presque la moitié de sa peine, il a droit à des permissions. La première étant de trois jours, et, tous les deux mois et demi, il repasse en commission pour une autre permission de cinq jours et ainsi de suite jusqu’à sa sortie. Jamais, il n’a été question d’heures pour une permission sauf en cas exceptionnel ».

La sévérité du JAP a déjà été relayée par de nombreuses associations qui travaillent en milieu carcéral : « C’est de notoriété nationale, le juge n’accorde les permissions qu’au compte-gouttes », commente un visiteur de prison, Jean-Paul Labouret. Par ailleurs, « on a construit une prison de 600 places en augmentant les capacités de parloirs sans augmenter le nombre de personnels. Il était encore possible à Saint-Roch [2] de rallonger le temps de parloir de 30 à 45 minutes, c’est devenu extrêmement difficile à La Farlède sauf dans des conditions très particulières ».

Les mesures d’aménagement des peines sont semble-t-il, plus fréquentes à Draguignan qu’à Toulon où, « c’est sûr, on ne peut pas les accuser de laxisme » commente une source judiciaire.

Hier, un représentant du parquet a rencontré une délégation des détenus. Le procureur de la République a refusé la « personnalisation » du débat. Le JAP visé et le président du TGI de Toulon n’ont pas souhaité faire de commentaires.

Après avoir obtenu des assurances verbales, les détenus devaient décider dans la soirée de suspendre leur mouvement.

Notes

[1377 personnes sont également détenues en maison d’arrêt, condamnées à des peines plus courtes ou en attente de jugement.

[2Saint-Roch est la prison vétuste de Toulon qui a été remplacée, au cours de l’été 2004, par l’établissement de La Farlède.


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