censure politique à Radio France


article communiqué de la LDH  de la rubrique libertés > liberté d’expression / presse
date de publication : mardi 29 juin 2010
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Au moment où l’on apprenait le limogeage par Radio France de Stéphane Guillon et Didier Porte, la justice relaxait définitivement le rappeur Hamé du groupe La Rumeur, poursuivi depuis 8 ans par le ministère de l’Intérieur pour « diffamation, atteinte à l’honneur et la considération de la police nationale », suite à un article publié dans un fanzine qui accompagnait la sortie d’un de leurs albums.


Communiqué de la LDH

Radio France rétablit la censure politique contre Stéphane Guillon et Didier Porte

En limogeant les deux humoristes de la tranche matinale, et en privant Didier Porte de sa chronique dans le Fou du roi, la direction de Radio France fait preuve d’une allégeance sans précédent au pouvoir en place.

Que les caricaturistes déplaisent, voilà qui est dans la grande tradition de la démocratie française.

La Ligue de droits de l’Homme doit-elle rappeler à Jean-Luc Hees et à Philippe Val que le principe qui fonde la liberté de la presse n’est pas divisible, et qu’en limogeant, avec force insultes, deux trublions de l’antenne, ils se conduisent comme des « petits tyrans » d’une « grande pauvreté intellectuelle » ?

Paris, le 24 juin 2010.

Relaxe définitive du rappeur Hamé poursuivi depuis 8 ans par le ministère de l’Intérieur

[Reprise de l’article publié le 27 juin 2010
par l’Observatoire de la censure, sous le titre
Victoire sans appel de La Rumeur sur le ministère de l’Intérieur ]


En juillet 2002, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, portait plainte pour « diffamation, atteinte à l’honneur et la considération de la police nationale » contre Hamé, chanteur du groupe de rap La Rumeur, suite à un article publié dans un fanzine qui accompagnait la sortie de leur album, L’ombre sur la mesure. Dans ce pamphlet, intitulé L’insécurité sous la plume d’un barbare, Hamé disait notamment que les jeunes de banlieue, plutôt que cause de l’insécurité, en étaient surtout les victimes : “La réalité est que vivre aujourd’hui dans nos quartiers, c’est avoir plus de chances de vivre des situations d’abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l’embauche, d’humiliations policières régulières, d’instruction bâclée...”. Il écrivait aussi : “Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété.” [1]

Après huit ans de procédure, la Cour de cassation a définitivement relaxé, vendredi 25 juin 2010, le rappeur, poursuivi pour ses propos contre des policiers “assassins”, rejetant le pourvoi de la Cour d’appel de Versailles. Hamé était déjà passé deux fois devant la Cour d’appel et une fois devant la Cour de cassation. Le ministère de l’Intérieur avait contesté, chaque fois, les décisions de justice qui lui étaient défavorables. Hamé a déclaré s’être rendu compte que l’affaire avait été “le théâtre d’un affrontement entre le pouvoir politique et une partie de la magistrature, qui entendait protéger son indépendance, et qui a jugé cette affaire en toute indépendance.” Il a considéré le verdict comme une victoire pour la liberté de pensée, la liberté d’expression et le droit de la presse. (Libération - Rue89 - Les Inrocks - Nouvel Obs)

Notes

[1Lire « Insécurité sous la plume d’un barbare », le texte qui a rendu fou le Ministère de l’Intérieur : une plainte, trois relaxes, deux jugements en appel, deux pourvois en cassation : http://lmsi.net/spip.php?article308.


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