Saïdou ZEP et Saïd Bouamama poursuivis par l’Agrif


article de la rubrique libertés > liberté d’expression / presse
date de publication : mercredi 21 janvier 2015
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Le procès du sociologue et militant Saïd Bouamama et du rappeur Saïdou Z.E.P. (Zone d’Expression Populaire), se déroulera mardi 20 janvier 2015 à 13h30 à la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris (4 Boulevard du Palais, Paris – Métro Cité).
Ils sont poursuivis pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur plainte d’un groupe d’extrême droite l’AGRIF. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, Nique la France.

Ci-dessous : un communiqué de presse du SIPMCS, suivi de la chanson objet du délit et d’une pétition de soutien.
 [1]

Dernière minute [21 janvier 2015] – La procureure n’a requis aucune peine contre Saïd Bouamama et Saïdou. Le jugement sera rendu le 19 mars prochain (voir le compte rendu de l’audience).

[Mis en ligne le 18 janvier 2015, mis à jour le 21]



Communiqué de presse du SIPMCS

Procès de Saidou et Said Bouamama mardi 20 janvier, 13 heures, 17e chambre du TGI de Paris : soyons solidaires !

Saidou, chanteur du groupe ZEP, et Said Bouamama, sociologue et militant
(sociologie des dominations, lutte contre les discriminations fondés sur
le sexe, les origines et la classe sociale) passent en procès pour leur
contribution à un livre/disque intitulé Nique la France, devoir
d’insolence
.

Cette œuvre qui dénonce le passé colonialiste et impérialiste de la France
ainsi que ses conséquences actuelles a été attaquée par l’Alliance
générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et
chrétienne, l’Agrif, association d’extrême droite, pour injure publique et
incitation à la haine.

L’Agrif, qui a par exemple intenté cinq procès contre Charlie Hebdo entre
1994 et 1998, lutte principalement par voie juridique pour
systématiquement défendre ce qu’elle appelle "l’identité chrétienne" et
"nationale".

À l’heure où des millions de manifestants défilent pour la liberté
d’expression, ce procès et les motifs retenus paraissent venir d’un autre
âge. Ou ne font hélas que confirmer les paroles de la chanson Nique la
France
de Saidou, écrite par Said Bouamama.

Saidou a de nombreuses fois joué pour la CNT, aussi bien au sein du groupe
MAP que dans ZEP. Il l’a fait, pendant des années, en soutien à notre
Confédération et à ses luttes, tant sociales qu’’internationalistes.

Pour démontrer que pour nous, libertaires et anarcho-syndicalistes, la
solidarité n’est pas un vain mot, nous appelons à venir nombreux
à 13 heures, au TGI de Paris (4, bd du Palais, métro Cité), 17e chambre),
pour soutenir Saidou et Said Bouamama.

Le 20 janvier 2015

Le Syndicat interprofessionnel de la presse, des médias, de la culture et du spectacle - SIPMCS.


PÉTITION POUR LE DROIT A L’INSOLENCE ANTIRACISTE

Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’Expression Populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama ont été mis en examen pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur une plainte de l’AGRIF, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, « Nique la France », qui assène en refrain : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes ». Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées. Comme de nombreux habitants des quartiers populaires, ils ont criés leur colère contre les inégalités, les discriminations et la justice à double vitesse.

S’inscrivant dans une longue tradition pamphlétaire des artistes engagés en France contre l’État français, du « nation de porcs et de chiens » d’André Breton à « le temps que j’baise ma marseillaise » de Léo Ferré en passant par le « je conchie l’armée française » d’Aragon ou le « votre République, moi j’ la tringle » de Renaud, Saïdou et Saïd Bouamama ont choisi d’assumer leur « devoir d’insolence » afin d’interpeller et de faire entendre des opinions qui ont peu droit de cité au sein des grands canaux de diffusion médiatique.
Mais voilà, cela dépasse, choque et insupporte qu’une telle parole puisse être portée, d’autant plus quand elle l’est par ceux qui subissent en premier lieu les politiques racistes et antisociales. Lorsque des Noirs ou des arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice – la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’État s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours. NTM, Sniper, Ministère Amër, Mr R, La Rumeur, Youssoupha ou Houria Bouteldja sont autant de rappeurs et militants attaqués ces dernières années pour des paroles jugées trop irrévérencieuses. Pourtant tous n’ont fait que porter publiquement l’expression populaire du rejet des discriminations et de la stigmatisation des quartiers populaires, des Noirs, arabes et musulmans.

En signant cette pétition, nous exigeons que les poursuites contre Saïdou et Saïd Bouamama soient abandonnées. D’accord ou pas d’accord avec les propos et les formulations incriminés, nous défendons leur droit de les tenir. L’extrême droite veut interdire le droit de chanter la révolte, imposons le droit de l’exprimer sans entraves.

Pour signer cette pétition pour le droit à l’insolence antiraciste, cliquez.

Communiqué du MRAP [2]

Le MRAP dénonce les procès intentés par l’AGRIF à l’encontre de Saïd Bouamama et Saïdou du groupe de rap ZEP.

L’AGRIF est une organisation d’extrême-droite, liée aux fondamentalistes chrétiens. Elle tente d’instrumentaliser la justice en multipliant des plaintes qui sont autant d’atteintes à la liberté d’expression : plainte contre les auteurs de la pièce de théâtre GOLGOTA PICNIC, plainte contre Caroline Fourest, plainte contre Charlie Hebdo, plainte contre Houria Bouteldja ou encore, ces derniers jours, contre Saîd Bouamama et le rappeur Saïdou.

Ces atteintes à la liberté d’expression émanent d’une mouvance islamophobe, homophobe, anti-immigrés dont le président, Bernard Antony, est un nostalgique de l’Algérie française.
La liberté d’expression est un acquis fondamental qui ne saurait souffrir les pressions de l’extrême droite.

Elle doit s’exercer avec esprit de responsabilité, surtout en période de tensions sociales. Le MRAP entend poursuivre son combat contre tout discours stigmatisant tel ou tel groupe humain et tout antagonisme de nature « raciale ». Seul doit prévaloir un message rassembleur pour mieux lutter contre la relégation sociale, le racisme et les discriminations qui gangrènent notre société.

Le MRAP fait confiance à la Justice pour refuser cette nouvelle manipulation de l’extrême-droite à l’encontre de Saïd Bouamama et de Saïdou.

Paris, le 26 octobre 2012

Notes

[1Présentation du livre Devoir d’insolence :
http://www.zep-lesite.com/v02/Nique_la_France.pdf

Un appel pour Saïd Bouamama et Saïdou : https://www.facebook.com/video.php?....


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