Une demi-douzaine de députés UMP avaient cosigné avec la nièce de Marine Le Pen une proposition de loi en vue d’une reconnaissance du « génocide vendéen de 1793-1794 ». Parmi eux, le député toulonnais Phlippe Vitel, membre de la droite populaire et fervent activiste du rapprochement avec le FN.
Il est vrai que Toulon est un lieu riche d’enseignement en ce qui concerne l’utilisation politique de l’histoire : outre le monument en hommage à l’Algérie française devant lequel Jean-Marie Le Pen n’oublie pas de venir se recueillir, on y trouve une stèle en hommage aux victimes de la répression qui s’est abattue sur la ville en décembre 1793 après sa reconquête – gouvernée par une municipalité monarchiste, la ville s’était donnée aux Anglais en août 1793.
Aux dernières nouvelles, Philippe Vitel déclare avoir retiré sa signature tout en maintenant son appui à « la cause du génocide vendéen ».
Plusieurs députés UMP ont cosigné une proposition de loi – n° 607, enregistrée le 16 janvier 2013 – avec leur collègue frontiste Marion Maréchal-Le Pen. Cette proposition comporte un article unique :
« La République française reconnaît le génocide vendéen de 1793-1794. »
Au côté de la jeune nièce de Marine Le Pen figurent ainsi les députés UMP Lionnel Luca, Alain Marleix, Dominique Tian, Alain Lebœuf, Philippe Vitel, ainsi que deux députés non-inscrits Yannick Moreau (ex MPF)et Véronique Besse (MPF), tous deux proches de Philippe de Villiers, ancien président du conseil général de Vendée – Leboeuf, Moreau et Besse sont les trois députés de droite du département de Vendée.
Une tradition familiale [1]
Lors de la séance du 9 octobre 1987, le député Jean-Marie Le Pen avait présenté le sous-amendement (n° 76) suivant :
« Compléter l’amendement n° 74 par les mots : " et notamment les crimes commis contre la population de Vendée pendant la Révolution française " . »
qu’il avait ainsi défendu :
M. Jean-Marie Le Pen : « Il nous paraît nécessaire, dans l’esprit invoqué par notre ami M. Gollnisch, d’inscrire dans la liste des crimes contre l’humanité, qui sont inexpiables et qu’il est impossible de faire disparaître du souvenir des générations futures, l’abominable crime qui fut commis au nom de la Convention nationale, sous le régime de la Terreur institué par les Robespierre, les Couthon, les Saint-Just, et qui
conduisit les « colonnes infernales » du général Westermann et du général Turreau à raser les villages, à fusiller les hommes, à massacrer les femmes. »
Comme le site Slate le remarque, plusieurs propositions de loi pour la reconnaissance d’un génocide vendéen ont déjà été déposées par le passé, sans jamais aboutir. Le site rappelle également qu’un certain nombre d’historiens rejettent fermement l’attribution du terme de "génocide" à cette période, durant laquelle quelque 170 000 Vendéens ont trouvé la mort dans une guerre dans des combats contre le pouvoir républicain.
Toujours est-il que le fait que des députés UMP acceptent de partager une proposition de loi avec une députée Front national n’est pas dénué de signification.
Dernière minute
Philippe Vitel retire sa signature à Lionnel Luca
[Var Matin, le 20 janvier 2013]
Ça, c’est un coup à se fâcher… Philippe Vitel, le député UMP, courant Droite populaire, ne décolère pas contre son ami et voisin Lionnel Luca.
« Je me sens piégé et je lui ai dit ma façon de penser », raconte le Varois, qui s’est « expliqué » avec le député des Alpes-Maritimes, chef de file de la Droite populaire.
Un petit retour « historique » s’impose. Le 16 janvier, Lionnel Luca dépose une proposition de loi visant à reconnaître le « génocide » vendéen de 1793.
Une revendication qui revient régulièrement sur le tapis. Mais cette fois, surprise : on découvre, parmi les cosignataires, des députés UMP – dont Philippe Vitel – aux côtés de Marion Maréchal-Le Pen, l’élue du FN. Ce qui crée une certaine émotion… Et suscite la colère du Varois. « Ce n’est pas le fond qui me gêne, j’appuie la cause du génocide vendéen. J’ai déjà cosigné une première proposition de loi de Luca allant dans ce sens en 2007, raconte le député. Mais mon collègue a soumis sa proposition à l’ensemble des députés, et pas seulement au groupe UMP, sans nous le dire ; mais en plus il l’a déposée sans nous informer de qui l’avait signée. »
Conséquence : Philippe Vitel a décidé de retirer sa signature. Ou comment la Vendée a semé la zizanie au cœur de la Droite populaire dans le sud-est de la France…
[1] Référence : http://archives.assemblee-nationale....