Nicolas Sarkozy, la loi et les belles âmes


article de la rubrique droits sociaux > logement
date de publication : lundi 5 septembre 2005
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"Qu’il commence par appliquer la loi chez lui !" [1]

PARIS [AFP - lundi 5 septembre 2005] - La porte-parole du PS Annick Lepetit a demandé lundi à Nicolas Sarkozy, après ses déclarations sur le logement, de "commencer par appliquer chez lui" la loi SRU fixant à 20% la part de logements sociaux dans le total des logements construits dans les communes et départements.

La députée de Paris a souligné lors du point de presse hebdomadaire du parti que "dans les Hauts-de-Seine, il y a très, très peu de logements sociaux". "Ce département n’applique pas la loi SRU, et la part des logements sociaux à Neuilly serait d’à peine 3%", a-t-elle ajouté.

Le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP est aussi président du conseil général de ce département, et élu de Neuilly.

Le ministre avait justifié dimanche soir ces évacuations en affirmant qu’"on ne peut laisser vivre (les) gens dans des situations innommables".

Nicolas Sarkozy persiste et signe. Hier soir, sur TF1, le ministre a déclaré : « J’ai décidé de faire évacuer ces squats, je ne le regrette pas. (...) Aux belles âmes qui me demandaient de ne pas le faire, je pose une question : devant la multiplication des incendies, qu’est-ce qu’il faut faire ? » [2]

Cas ubuesque rue de la Fraternité

La manifestation de samedi s’est terminée dans le square de la Butte-du-Chapeau-Rouge. C’est là que campe depuis vendredi, sous des tentes de la Croix-Rouge, la vingtaine de familles expulsées du squat de la rue de la Fraternité (Libération des 3 et 4 septembre). La situation de ces Africains quasiment tous ivoiriens est ubuesque. Il y a quelques mois, ils s’étaient constitués en association pour dialoguer avec les pouvoirs publics. Et avaient entamé, avec la préfecture et la mairie de Paris, un processus de régularisation. Relogement pour les familles en règle. Examen au cas par cas pour les sans-papiers. Le traitement des dossiers devait débuter en septembre pour s’achever fin 2005-début 2006. Le squat avait été sécurisé : une issue de secours ajoutée, des extincteurs posés, un exercice d’évacuation incendie organisé. Vendredi matin, la police a viré tout le monde. Et proposé un relogement provisoire dans des hôtels de l’Essonne, que les familles ont refusé. L’après-midi, une réunion a eu lieu entre la mairie de Paris et la préfecture. Ils ont annoncé que le processus engagé avant l’expulsion allait s’accélérer. En attendant, la survie s’organise. Samedi, l’ambassadeur de Côte-d’Ivoire est venu rassurer ses compatriotes. Les directeurs des trois écoles où sont scolarisés les enfants ont fait le déplacement pour tenter de convaincre les familles de les envoyer en classe aujourd’hui.

Catherine Coroller - Libération, lundi 5 septembre 2005

Y avait-il une si grande urgence, un tel besoin de spectacle de la part du ministre de l’intérieur, pour que ces personnes soient ainsi chassées sans ménagement, au nom d’une sécurité dont on se préoccupait soudain, alors que certains occupaient les lieux depuis dix ans... Avait-on seulement pensé, avant pareilles incursions, à leur offrir un logement décent ? Les avait-on prévenus ?

Eric Fottorino - Le Monde, 6 septembre 2005

P.-S.

D’autres extraits de la presse du jour :
http://www.minorites.org/article.ph....

Notes

[2Libération, lundi 5 septembre 2005.


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