Naama Asfari a été enlevé en 2010 par la police marocaine, torturé et incarcéré la veille du démantèlement du camp de Gdeim Izik. Le 19 juillet 2017, la justice militaire a condamné cet homme "figure de la résistance pacifique à l’occupation du Sahara occidental", à 30 ans de prison ferme, sans preuves.
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En 2014, Me Joseph Breham a déposé une plainte devant le doyen des juges d’instruction parisiens au nom du militant sahraoui Naâma Asfari, de son épouse française, Claude Mangin, et de l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat).
Son client aurait été victime de tortures et d’autres peines et traitements cruels, inhumains et dégradants entre les mains de la gendarmerie et de la police chérifiennes, en novembre 2010 -des tortionnaires dont les noms figurent noir sur blanc dans la plainte.
Parallèlement, l’avocat parisien et l’Acat ont également porté plainte contre le Maroc devant le Comité contre la torture des Nations Unies, à Genève. [2]
Son épouse, Claude Mangin, une ressortissante française venue le mercredi 19 octobre 2017, rendre visite à son mari, a été refoulée hors du territoire marocain. Un agent des douanes marocaines lui a indiqué "qu’elle était interdite d’entrée sur le territoire marocain".
Le 29 janvier 2018, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), contre les violations des droits humains et du droit international au Sahara occidental occupé, a remis le prix Engel-du-Tertre des droits de l’homme 2017 à Naâma Asfari. C’est l’épouse, française, du militant sahraoui, Claude Mangin Asfari (professeure d’histoire-géographie en région parisienne), qui a reçu la distinction en son nom.
Le 16 avril 2018, une nouvelle fois, Mme Mangin est interdite d’entrée sur le territoire marocain à son arrivée à l’aéroport de Rabat, sans qu’aucun motif ne lui soit communiqué.
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Une lettre au Président de la République française en avril 2018,
Lettre ouverte au Président de la République Française
Monsieur Emmanuel MACRON
Paris, le 24 avril 2018
Concerne : Droit de Visite de la citoyenne française Claude Mangin
Monsieur le Président,
Pour la quatrième fois consécutive, la citoyenne française Claude Mangin, qui voulait rendre visite à son époux Naâma Asfari emprisonné à Kénitra, s’est vue refuser l’accès au territoire marocain où elle voulait rendre visite à son époux Naama Asfari.
En effet, elle vient, une nouvelle fois, d’être interdite d’entrée sur le territoire marocain à son arrivée à l’aéroport de Rabat le 16 avril 2018, sans qu’aucun motif ne lui soit communiqué. Elle a été empêchée de descendre de l’avion et renvoyée vers Paris.
Elle se trouve ainsi privée de visite depuis 21 mois, en violation flagrante des conventions internationales des droits humains et de la propre législation marocaine qui établissent le droit à une vie privée et familiale pour les prisonniers, en particulier à travers le droit de visite.
À la suite de cette atteinte, Claude Mangin a commencé le 18 avril une grève de faim illimitée dans les locaux de la mairie d’Ivry-sur-Seine, afin d’interpeller l’opinion publique française et internationale sur la grave situation à laquelle elle doit faire face.
Son époux Naama Asfari est un défenseur des droits humains, engagé au Sahara Occidental. Il a été arrêté le 7 novembre 2010, à la veille du violent démantèlement du campement de Gdeim Izik par l’armée et la police marocaines. Lors de sa détention arbitraire, il a été soumis à la torture et aux mauvais traitements. Le 12 décembre 2016, le Comité contre la Torture de l’ONU a condamné le Royaume du Maroc pour la torture infligée à l’encontre de Naama Asfari. Le Comité a exigé du Royaume du Maroc l’indemnisation de la victime, de mettre un terme aux représailles contre Naama Asfari et des poursuites à l’encontre des responsables. Au lieu de cela, le Royaume du Maroc a décidé de confirmer sa condamnation à 30 ans de prison ferme.
Les organisations signataires condamnent la privation du Droit de visite de la citoyenne Claude Mangin. Elles vous demandent expressément, Monsieur le Président, d’intervenir auprès des autorités marocaines pour que cette interdiction d’accès au territoire du Maroc soit levée. Il s’agit de faire respecter les droits fondamentaux d’une citoyenne française.
Les organisations signataires vous appellent en outre à intervenir auprès des autorités marocaines afin de mettre un terme aux graves violations des Droits de l’Homme au Sahara Occidental. Elles vous appellent à soutenir à l’ONU la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits humains sur l’ensemble des territoires du Sahara Occidental.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à notre profond respect.
Organisations signataires :
Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis – AFAPREDESA
Comité Pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie - CRLDHT
Association des Travailleurs Maghrébins de France - ATMF
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives - FTCR
FONDATION FRANTZ FANON
Sortir du Colonialisme
Union syndicale Solidaires
Centre d’Etudes et d’Initiatives de Solidarité Internationale CEDETIM/IPAM
Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc - ASDHOM
Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples - MRAP
ATTAC Sénégal
Voir Communiqué de la LDH https://www.ldh-france.org/droit-visite-au-maroc-claude-mangin-asfari/