Conseil municipal de Toulon, le 21 déc. 2000


article de la rubrique extrême droite > Toulon : la stèle, le carrefour
date de publication : 2001
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Ce jour-là, le Conseil municipal a voté une délibération attribuant le "nom Général Raoul SALAN au carrefour situé à l’intersection du boulevard de Sainte Anne et du boulevard du Faron"(Article 4.1.2).

L’assemblée était fort réduite, puisque, en dehors de l’extrême droite, les seuls conseillers municipaux présents étaient Mesdames RIBES (UDF), VERDERY-COCHETEL (RPR), de MARCH (PC), et M.GOUX (PS).

Il faut souligner le courage de Danielle DE MARCH et de Monique RIBES qui, dans une ambiance de grande violence verbale, ont su prononcer des paroles courageuses.

Vous trouverez ci-dessous des extraits des débats ; cette compilation a été faite à partir du compte-rendu officiel de la séance. Le compte-rendu consacre 10 pages à cette délibération ; nous n’en avons gardé que les passages qui nous ont paru les plus significatifs .Les dénominations des groupes politiques et les affiliations des conseillers municipaux étant particulièrement instables à l’extrême droite toulonnaise, nous avons attribué l’étiquette "Extrême droite" à tous les conseillers municipaux qui ont été élus en 1995 sous l’étiquette F.N.


M. SOCCOJA ( Extrême Droite - adjoint "culture - patrimoine" ) :

[...] Il conviendra de rendre hommage au libérateur de Toulon, le général Raoul SALAN grand croix de la Légion d’honneur qui à la tête du 6ème régiment du tirailleur sénégalais, a joué un rôle primordial et qui fut aussi le premier gouverneur militaire de Toulon. La dénomination prévue : carrefour « Général Raoul SALAN » libérateur de Toulon le 26 août 1944 à la tête du 6ème régiment de tirailleurs sénégalais.
[...]

Mme DE MARCH (PC) :

Monsieur le Maire, notre groupe votera contre la proposition de délibération sur l’attribution du nom du général Raoul SALAN au carrefour Sainte Anne boulevard du Faron. Cette proposition faite par le Front National et Monsieur Soccoja à l’heure où l’opinion publique exige un débat sur la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie, est inacceptable.

Raoul Salan a pris part au putsch des généraux à Alger, en avril 1961. Il a été condamné à mort par contumace en juillet 61, il a été condamné à la détention perpétuelle en 62, il a été amnistié en 68. Nous soutenons, pour les élus de notre groupe, la proposition de la Ligue des droits de l’homme de Toulon, proposant le nom du général Jacques de Bollardière qui a été l’honneur de l’armée française parce qu’il a refusé la torture en Algérie au nom des valeurs morales. Il y a de ce point de vue effectivement, un débat sur lequel je comprends bien que le Front National n’accepte pas sereinement ce problème là, mais c’est vous qui l’avez souhaité puisque vous avez fait cette proposition de donner le nom à un carrefour Raoul SALAN, nous proposons le carrefour général « Jacques de Bollardière ».

M. LE CHEVALLIER ( Maire - Extrême Droite ) :

[...] Nous sommes attachés à la libération de Toulon comme tout le monde, et je crois qu’il manquait à Toulon un hommage particulier au général SALAN qui était à l’époque le colonel SALAN. Nous ne recherchons pas à refaire la guerre d’Algérie, pas du tout, nous ne cherchons pas du tout à vouloir insulter les populations d’origine algérienne qui sont ici sur le territoire toulonnais et qui se comportent d’une façon normale, civilisée, et qui souhaitent être français [...]

Mme RIBES (UDF) :

[...] Les Français n’ont rien oublié de ce qui s’est passé en Algérie jusqu’en 1962. Ils n’ont rien oublié des combats, des attentats, des atrocités commises par les rebelles, des sévices infligés par l’armée française aux populations, rien oublié des morts de la rue d’Isly, des massacres de harkis par le FLN au départ des Français. Qu’ils soient d’un camp ou d’un autre, les Français n’oublient rien de ce passé déchirant, du départ des pieds noirs et de leur retour amer en métropole. [...]

Ceci étant, la commune, le conseil municipal de Toulon doivent-ils par délibération, donner à une de nos places, le nom d’un général qui a dirigé le putsch des généraux d’ Alger, déclenchant une des crises politiques les plus graves de notre histoire ? Car ce putsch était bien un acte politique délibéré d’insurrection contre le gouvernement de l’époque qui incarnait, qu’on le veuille ou non, la volonté de la majorité des Français. [...]

Il y a des gens à Toulon, certes, qui aiment et respectent le général SALAN notamment pour le rôle qu’il a joué dans la libération de Toulon, vous l’avez dit, mais il y en a d’autres, nombreux, qui désapprouvent, comme nous le faisons nous mêmes, l’action politique qu’il a menée en Algérie contre le gouvernement élu de l’époque.

La délibération que vous nous proposez, Monsieur le Maire, dans un effort un peu dérisoire pour s’attacher davantage les suffrages de nos amis pieds noirs toulonnais, n’est pas opportune. C’est une démarche déplacée, polémique et provocatrice à laquelle nous ne pouvons nous associer.

M. NEGREL ( Extrême Droite - adjoint ) :

[...] Salan a quitté Toulon le 9 septembre [1944] après avoir exercé les fonctions de gouverneur militaire de Toulon. Son régiment a été tellement handicapé, qu’il a fallu le compléter avec des FFI, là il a eu quelques petits problèmes, parce que ces odieux racistes qui encadraient les régiments de Sénégalais, étaient adorés de leurs hommes. Voilà les odieux racistes, mais quand les FFI ont intégré, là il y a eu des petits problèmes de racisme, parce que les FFI n’avaient pas l’habitude d’encadrer des supplétifs surtout sénégalais, et pour obtenir quelque chose de ces gens là, je les ai servis, il faut être aimé par eux, les aimer d’abord et être aimé par eux [...]

Christian GOUX (PS) :

Personnellement, je trouve qu’il n’est pas opportun de mettre sur la place ce qui a opposé les Français au cours de cette guerre d’Algérie. Toujours à titre personnel, à l’égard de l’Algérie, je ne suis pas pour une attitude de repentance. [...] J’étais moi-même envoyé comme lieutenant en Algérie, et, malgré des convictions opposées à la guerre à l’époque, si c’était à refaire je repartirais en Algérie. Par devoir, parce qu’il est important de servir son pays.

D. JOFFARD ( divers droite ) :

[...] je voterai votre délibération en honorant le nom de celui qui a joué le plus grand rôle dans la libération de cette ville.

D. MICHEL ( Extrême Droite - adjoint ) :

Moi, je voudrais juste vous dire une chose, je vais être relativement bref, puisque par de mon âge, je n’ai connu ni la guerre d’Algérie, ni encore moins la guerre de 39/45. Mais je n’ai aucune honte à reconnaître que pourtant étant toulonnais de souche, je ne connaissais le général SALAN, je ne l’appréciais que par rapport à la fin de sa carrière. Pour moi, le général SALAN c’était l’OAS, c’était le putsch etc. Et cela a permis, cette délibération, d’apprendre un certain nombre de choses sur ce général, d’apprendre que c’était un des militaires les plus décorés de notre armée et d’apprendre le parcours exceptionnel qu’il avait eu au service de notre pays. Et je crois que si cette délibération n’a qu’une utilité, c’est celle de permettre à des gens de ma génération et des jeunes générations futures, de sortir de l’image caricaturale qu’on a parfois du général SALAN, qu’elle soit positive ou négative d’ailleurs. Si elle permet de connaître la complexité de l’homme que cela a été, et surtout l’homme et le militaire exceptionnel que cela a été le grand français que cela a été, cette délibération est en soi amplement méritée. C’est pour ça que moi et mes amis nous la voterons.

VOTE :

L’article 4.1.2 est ADOPTE A LA MAJORITE ABSOLUE.
Votes contraires des élus PS / PC et Radicaux.
Abstention des élus UDF / RPR et de M. FOUQUE.


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