L’ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a fait samedi après-midi une apparition de quelques secondes sur les deux écrans géants du Stade Mayol, à Toulon [2]. Juste avant le début de la rencontre Toulon-Biarritz, à 15 heures, une photo de DSK s’est affichée. Dans un entretien accordé à La Provence, Mourad Boudjellal, président du Rugby Club Toulonnais, s’explique sur un choix qu’il assume.

Photo afp et nicolas vallauri

Le clin d’œil controversé du président du RCT

Mourad Boudjellal s’explique.

• Qu’avez-vous voulu exprimer à travers cette image ?

Il y a quelques années, je portais un tee-shirt avec le portrait d’Obama. C’était juste avant son élection à la présidence des États-Unis où il allait succéder à Georges Bush (en 2009). Un journaliste m’avait demandé quel était le rapport avec le rugby et je lui avais répondu : ’Si je dois être champion de France un jour, je préférerais l’être dans un monde en paix.’

Par la suite, j’ai toujours voulu faire des petits clins d’oeil humoristiques sur les écrans géants du stade Mayol. Cette fois-ci, j’ai fait le choix de DSK parce que, d’abord, je le respecte énormément. Je trouve qu’il est devenu un personnage humoristique et authentique, car à travers ce qu’il représentait, à travers l’image de ce qu’on en a fait entre Les Guignols de l’Info et ce qui lui est arrivé [les affaires du Sofitel de New-York et du Carlton de Lille, NDLR], on a la réalité d’un homme politique.

• C’est-à-dire ?

Des tas d’hommes politiques nous ont fait croire qu’ils étaient axés sur leur travail, alors que ce qui intéresse 99 % d’entre eux, quand ils ont fini leurs discours, c’est le ’cul’, picoler et le pouvoir. Du coup, je trouve extraordinaire que DSK ait pu être vilipendé par ses semblables, lesquels ont soudainement incarné le refus de tout ça ! Dès lors, ceux qui ont pris mon message comme une attaque contre DSK se trompent totalement, car de ma part, c’est plutôt une marque d’affection. Alors, oui, je suis sûr que les féministes vont me tirer dessus à boulets rouges, mais c’est une attention pour un politique normal, un mec normal et ça le rend plutôt sympathique.

• En revanche, pouvez-vous comprendre que votre initiative ait pu surprendre voire choquer, au-delà des féministes tout court, bien des femmes ou même des hommes qui ont jugé la combinaison DSK-Journée de la Femme plutôt malvenue ?

Les femmes, dont la préoccupation première aujourd’hui est de savoir qui est le successeur de Benoît XVI, ont pu évidemment être choquées ! Mais les autres non, j’en suis persuadé. Ce n’est que de l’amusement.

Je le répète, pour moi, DSK a donné une dimension "extra-ordinaire" aux hommes politiques, ce qui le rend vraiment sympathique. Ensuite, s’il y a des femmes qui ont été outrées par mon initiative, OK, pourquoi pas. Mais comme dirait Larry Flynt : ’Don’t panic, just sex !’ De toute façon, quand je pense à un truc amusant, je ne me soucie pas beaucoup de l’avis des cons. Sinon je ne ferais rien. Accessoirement, quand j’arrive à choquer un peu les cons, j’ai réussi ce que je voulais faire.

• Votre démarche, en tout cas, est toujours liée à un fait d’actualité ou de société...

Oui et elle correspond toujours à une façon de voir qui nous est propre, au RCT.

• C’est votre marque, en somme...

Tout à fait. Je faisais pareil dans l’édition [de 1982 à 2011, il a été pdg de "Soleil Productions", la maison d’éditions de BD qu’il avait lui-même fondée, NDLR)]. Sans vouloir non plus imposer mes idées au RCT, je pars du principe qu’on n’est pas un club du Sud-Ouest. Le RCT est davantage un club génération Dionnet-Manoeuvre ! L’image diffusée samedi à Mayol n’est en rien dévalorisante pour DSK.

• Ni pour les femmes ?

Bien entendu ! Accessoirement, et j’insiste là-dessus, il faut se dire que DSK est juste le reflet de 99 % des hommes politiques, à part que celui-ci, aujourd’hui, est beaucoup plus sympathique que les autres. Je trouvais ainsi que DSK était le mieux placé pour souhaiter une bonne fête à toutes les femmes, car s’il y a en un qui aiment vraiment les femmes, c’est bien lui ! Maintenant, c’est sûr, par rapport aux féministes, l’initiative peut être jugée osée, mais comme disait l’autre : s’il n’y avait que des féministes, il n’y aurait pas des milliards d’habitants sur la planète.

• Allez-vous continuer ce type d’initiatives ?

Oui et dans le style du RCT, bien sûr !