Albert Lévy revient à Toulon, mercredi 28 janvier 2009


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date de publication : lundi 26 janvier 2009
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Mercredi 28 janvier 2009, Albert Lévy consacrera son après-midi à Toulon, avec la section locale de la Ligue des droits de l’Homme :

  • de 16h30 à 18 h, présentation de son livre Toulon ou l’histoire contemporaine d’une justice singulière,
    à la Librairie Charlemagne (boulevard de Strasbourg),
  • de 18h30 à 20 h, conférence-débat, à la Faculté de droit sur le thème Justice et Liberté.

Un tract présentant cette journée.
Lire également : La justice, garante de nos valeurs sociales.


Au milieu des années 90, Albert Lévy était substitut du procureur à Toulon, chargé notamment du grand banditisme dans le ressort judiciaire du Var, marqué par les liaisons entre la pègre et certains personnages politiques.

En 1998, le contexte était celui d’une municipalité tenue depuis trois années par le Front national, sous l’autorité institutionnelle du Préfet, Jean-Charles Marchiani [1], chargé en particulier par le pouvoir de récupérer la manne électorale de l’extrême droite. Le combat judiciaire d’Albert Lévy s’est inscrit dans la démystification des objectifs du Maire fraîchement élu, qui souhaitait transformer Toulon en laboratoire …

Les urnes avaient cependant choisi. La démocratie s’était exprimée !... Il n’était pas question de bousculer ces nouveaux « amis politiques », certes, devenus encombrants, mais avec lesquels il avait été prévu de composer en haut lieu en leur donnant des gages… Albert Lévy a pourtant voulu continuer à être le garant constitutionnel des libertés publiques et individuelles. Mal lui en a pris !...

Le dimanche 6 septembre 1998, après une interpellation et une perquisition à son domicile, Albert Lévy est placé en garde à vue. Il s’agit de tenter de le faire taire en montant une fausse affaire avec de piètres mensonges. C’est le début de huit années d’un véritable acharnement judiciaire.

Le magistrat est soumis à l’examen d’un expert psychiatre insinuant qu’il voyait des fascistes partout, et concluant sa visite par un certificat décrivant un homme qui « se perçoit comme le défenseur des valeurs républicaines dans un environnement corrompu ». S’appuyant sur cette savante expertise, une juge plaçait Albert Lévy sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre au tribunal et obligations de soins psychologiques. Dans ce cadre, un nouvel expert osait interroger Albert Lévy sur « son seuil d’intolérance à l’antisémitisme ».

Au tribunal de Toulon, « on est passé d’un certain silence à la duplicité pour finir par la complicité » [2].

En février 1999, Albert Lévy est nommé au Tribunal de Lyon. Mais il lui faudra attendre novembre 2006 pour que soit reconnue son innocence dans ce dossier monté de toutes pièces dans l’intention de faire plier un magistrat républicain.

L'ouvrage de l'ex-substitut du procureur retrace une sombre période.

Mercredi 28 janvier 2009 de 16 h 30 à 18 h, à la Librairie Charlemagne (boulevard de Strasbourg), Albert Lévy présentera l’ouvrage qu’il vient de consacrer à cette manipulation :

Toulon ou l’histoire contemporaine d’une justice singulière

Préfacé par l’ancienne Garde des Sceaux, Elisabeth Guigou, accompagné d’une post-face signée Evelyne Sire-Marin et Dominique Brault, membres du Syndicat de la Magistrature, le livre d’Albert Lévy résonne plus que jamais dans l’actualité d’une Justice bousculée [3].

Mercredi 29 janvier 2009 à 18h30, conférence-débat animée par Albert Lévy à la Fac de droit, sur le thème :

Justice et Liberté

«  Je suis juge et alors... Comme d’autres, rigides et condescendants, restent eux-mêmes. Je suis juge d’accord ! Mais avec ceux qui ont décidé de faire entrer la liberté dans la justice et la justice dans la paix avec les autres... »

Lors de la présentation à Lyon de son ouvrage, le 11 décembre dernier, Albert Lévy devait préciser « Ne nous y trompons pas : ce qui s’est passé à Toulon aurait pu arriver n’importe où en France. Cela peut se reproduire actuellement à tout moment. » [2]

La venue d’Albert Lévy à Toulon est un appel à la vigilance. Quand les matins bruns sont devenus une réalité il est souvent trop tard, car, comme l’a écrit Franck Pavloff dans Matin brun :

« Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement
les petites lâchetés de chacun d’entre nous ? »

Notes

[1Un dossier sur l’ex-préfet du Var : Jean-Charles Marchiani.

[2« Albert Lévy publie un livre qui se veut un appel à la vigilance », Le Progrès, édition du 11 décembre 2008.

[3ISBN : 978-2-91748-604-7, 8 €, éditions A plus d’un titre, dans la Collection « Les Merles Moqueurs ».

Albert Lévy est actuellement juge directeur au tribunal d’instance de Vienne (Isère). Il est membre du Syndicat de la Magistrature et de la Ligue des Droit de l’Homme