Le débat sur le temps de travail est-il dépassé ? Et que signifie la notion de "durée du travail" quand c’est le résultat qui compte, beaucoup plus que la quantité de temps qui lui est consacrée ? [1]
Allemagne : Après des semaines de négociations et de débrayages dans les usines de la part du syndicat de branche IG Metall, les salariés du secteur, ayant au moins 2 ans d’ancienneté dans leur entreprise, peuvent demander à bénéficier d’un temps de travail réduit (28 h) durant 6 à 24 mois, période à l’issue de laquelle ils auront la garantie de pouvoir retrouver leur poste à temps plein. En contrepartie, le patronat obtient un accroissement de la possibilité de porter à 40 heures, sur la base du volontariat, le temps de travail hebdomadaire pour faire face avec plus de souplesse à une hausse temporaire des commandes. Mais le patronat n’a pas cédé sur un point, la compensation salariale. Ceux qui travailleront moins gagneront moins. [2]
En Suède, une expérience d’une semaine de 30 heures qui a été menée en 2017 dans une maison de retraite a été suspendue en raison des coûts élevés pour l’entreprise. Dans un certain nombre de centres de services locaux suédois du constructeur automobile japonais Toyota, les journées de travail de 6 heures sont la norme depuis 13 ans. Tant dans la maison de retraite, que dans les centres de services de Toyota, on a constaté une nette réduction des arrêts maladie par rapport au système de 8 heures. [3]
En Italie, la durée légale du travail, au-delà de laquelle sont déclenchées les heures supplémentaires, est de 40 heures par semaine, avec une durée maximale (heures supplémentaires comprises), de 48 heures hebdomadaires.
En France, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, expliquait être favorable à davantage de flexibilité, dans une interview à l’Obs : "Il faut aussi s’adapter aux individus. On peut ainsi imaginer que les branches professionnelles négocient une possibilité pour les salariés qui le souhaiteraient de travailler moins à partir de 50 ou 55 ans : 30 heures, 32 heures, pourquoi pas ? En revanche, quand on est jeune, 35 heures, ce n’est pas long." [4]
En 2016, un rapport de l’Igas révélait qu’une réduction du temps de travail peut jouer sur les créations d’emplois, que les 35 heures n’ont pas eu l’effet dévastateur qu’on leur prête parfois, qu’en revanche cette réduction avait permis la création de 350 000 postes "sans impacter la compétitivité des entreprises. Le hic ? Ce rapport, révélé par Le Monde, n’est jamais paru." [5]