urgence pour les libertés ! urgence pour les droits !


article de la rubrique démocratie
date de publication : dimanche 13 décembre 2009
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La Ligue des droits de l’Homme lance une nouvelle campagne d’information sur les droits et les libertés.

Luc de Bernardo, président de la section de Toulon, en rappelle les enjeux.


Urgence pour les libertés ! Urgence pour les droits !

Où sont passées les libertés ?
Le tout pénal, le détournement de la police au mépris de nos libertés, c’est la société de l’enfermement et de l’arbitraire. Avec la surveillance généralisée, c’est la société du chacun pour soi, du fichage et du soupçon, du tous contre tous.

Que deviennent les droits ?
Au nom de la marchandisation et de la concurrence généralisée, les droits sociaux reculent, les services publics sont remis en cause. Alors que la France est plus riche qu’il y a vingt ans, chômage, exclusions, inégalités et discriminations ravagent le corps social.

Rien de tout cela n’est fatal !
Rien ne nous condamne à subir ! En France comme en Europe, des forces associatives, sociales et politiques partagent la conviction qu’il n’est de société que solidaire. Il est temps d’en débattre ensemble, au delà de nos divergences et de nos différences.

La Ligue des droits de l’Homme invite les citoyennes et les citoyens, leurs associations, organisations syndicales et politiques, à en débattre largement. A penser ensemble un autre chemin vers un avenir plus humain, plus juste et plus solidaire.
Depuis le mois de novembre, la LDH est entrée en campagne.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la campagne.

Le niveau zéro de la politique

un entretien avec Luc de Bernardo,
publié dans La Marseillaise du 13 décembre 2009


  • Que vous inspire l’attitude du gouvernement qui agite le spectre de tous les dangers ?

Cette instrumentalisation de la peur est un travers courant dans le populisme en politique. Mais avec Nicolas Sarkozy cette pratique a atteint son apogée. Il est évident qu’à l’approche des élections régionales, on évite de parler de la crise économique et sociale et,de l’échec du gouvernement en matière d’emploi, de logement et d’éducation. On occulte les véritables questions en utilisant ce sentiment de peur : Cela s’appelle du populisme. Le niveau zéro de la politique.

  • De quelles façons le pouvoir procède-t-il ?

On brandit un fait divers sordide comme le viol du petit Enis par Francis Evrard, un pédophile récidiviste. Et on propose la castration chimique comme unique solution sans se poser la question du respect des libertés fondamentales. Sans évoquer la récidive comme un problème complexe.
On agite le chiffon rouge, on avance une solution radicale qui est l’élimination pure et simple des délinquants récidivistes. Et on fait de plusieurs figures de la population des boucs émissaires. Les jeunes, par exemple, en voulant nous faire avaler une réforme de l’ordonnance de 1945 qui soi-disant n’est plus du tout adaptée. Quand Christian Estrosi lance dans sa ville un couvre-feu pour les mineurs, on dit attention à nos libertés. Et puis, lorsque des arrêtés sont pris pour expulser les SDF, on s’en prend directement aux pauvres. Quand on évoque la question de l’identité nationale ou quand on expulse, c’est l’étranger que l’on vise. La politique de la peur a pour corollaire la politique sécuritaire. La, politique sécuritaire a pour risque la politique totalitaire.

  • Alors comment alerter l’opinion publique ?

Par un travail d’alerte et d’information... En expliquant aussi pourquoi le risque social est inhérent à toute société et que l’on ne pourra jamais supprimer la délinquance et la récidive. C’est un discours difficile à entendre mais il est de notre responsabilité de le faire entendre,
Aujourd’hui, les atteintes contre l’Etat de droit sont loin d’être bénignes. La loi sur la rétention de sûreté permet ainsi de retenir en prison un criminel qualifié de dangereux ad vitam aeternam, même à l’issue de sa peine. A l’heure actuelle, chacun d’entre nous qui va chercher son pain est observé par des caméras de vidéo surveillance. Et qui cela choque-t-il de voir son sac à main fouillé dans les magasins ? Le plan Vigipirate se perpétue d’année en année sans que cela ne pose problème à personne. Petit à petit, la politique de la peur a créé une entaille dans nos solidarités sociales. Il faut que les citoyens en prennent conscience.

  • Alors, comment faire concrètement ?

On a confiance dans le mouvement social au sens large. Le gouvernement a quand même reculé sur les premiers fichiers Edwige. Et bien nous allons continuer à employer les mêmes actions pour essayer de contrecarrer ses projets de fichiers à grande échelle. Rappelons que c’est un grand mouvement médiatique qui a fait céder le gouvernement. De la même façon que Réseau Education Sans Frontières médiatise son combat contre les expulsions arbitraires des enfants sans papiers... Nous allons donc nous faire entendre.

  • C’est pourquoi d’ailleurs, La Ligue des droits de l’Homme lance actuellement une nouvelle initiative...

En effet, une campagne à grande échelle intitulée "Urgence pour les Libertés ! Urgence pour les droits !" Nous allons essayer de fédérer les idées alternatives à cette politique de la peur. La LDH va organiser plusieurs réunions publiques dans toute la France. Elle s’est également lancée sur Twitter et sur Facebook pour essayer d’alerter un maximum les citoyens afin qu’ils puissent se saisir de la question des libertés.
Les droits ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas !

Propos recueillis par Sandrine Guidon



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