souriez, vous êtes « vidéo-protégés »


article communiqué de la LDH  de la rubrique Big Brother > vidéosurveillance
date de publication : mardi 23 mars 2010
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La semaine dernière, cinq pompiers catalans en vacances ont été présentés à des millions de téléspectateurs comme des membres de l’ETA assassins de policiers. Ils avaient été filmés à leur insu, dans un supermarché où ils faisaient leurs courses...


Les suspects présumés, présentés comme membres de l’ETA, étaient des pompiers catalans en vacances.

Communiqué LDH

Paris, le 23 mars 2010

Souriez, vous êtes « vidéoprotégés » !

La semaine dernière, cinq pompiers catalans ont été présentés à des millions de téléspectateurs comme des assassins de policiers : ils avaient été filmés à leur insu, à Dammarie-les-Lys, dans un supermarché où ils faisaient leurs courses en parlant entre eux... le catalan. Les fins limiers qui avaient récupéré la bande de vidéosurveillance de cette entreprise privée (destinée à « protéger » le commerçant contre les chapardages, chacun l’avait compris) n’ont pas hésité à prendre le catalan pour du basque, ni à considérer que parler basque en public signait une appartenance à ETA (les terroristes étant bien sûr si stupides qu’ils parlent toujours des langues étrangères en public...).

Ces cinq pompiers ont eu plus de chances de survie que le touriste brésilien tué « par erreur » par la police dans le métro de Londres en 2005 parce que la caméra de vidéosurveillance l’avait montré avec... un sac à dos « suspect ». Mais il est peu probable qu’ils reviennent de sitôt en France pour une autre formation de lutte contre le feu. Il est même permis de penser qu’ils se sentent mieux « protégés » depuis leur retour en Catalogne.

Lundi 22 mars, on apprend que dans certaines villes du sud-est de la France les caméras de vidéosurveillance sont utilisées pour verbaliser les propriétaires de véhicules en stationnement interdit. La « vidéoprotection » contre les dangers de la vie urbaine progresse à pas de géant...

Avant que les fumeurs et les propriétaires de chiens ne « respectant pas le caniveau » ne soient à leur tour l’objet de pareille sollicitude sécuritaire, la Ligue des droits de l’Homme tient à alerter les citoyens sur le rythme effréné de la contamination de certains élus locaux par le virus de la surveillance généralisée. La société des « miradors invisibles » n’est ni plus sûre, ni simplement supportable... y compris pour les « honnêtes gens qui n’ont rien à cacher », qu’ils soient français ou catalans.

Compléments :

  • Enquête sur les dessous et les mystères de "l’erreur" de lecture de la vidéosurveillance confondant l’ETA avec des pompiers catalans,
    par Claude-Marie Vadrot : http://www.politis.fr/Enquete-sur-l....

Le gouvernement persiste :

Avec le concours des communes, le ministère de l’intérieur accélère l’installation de nouvelles caméras de vidéoprotection

[Source : le site du ministère de l’Intérieur [1], le 10 mars 2010]


Le ministère de l’intérieur mobilise, cette semaine, une première somme de 13,1 millions d’euros afin de financer l’installation de 3 203 caméras de vidéoprotection supplémentaires dans 231 communes, 19 établissements scolaires et 19 ensembles d’habitation.

L’Etat apporte ainsi une contribution de 40 % en moyenne aux dépenses d’investissement nécessaires pour installer les caméras de vidéoprotection. Les préfets, qui sont destinataires de ces fonds, ont préalablement préparé les dossiers retenus, avec les porteurs de projet. Ils leur verseront les sommes correspondantes pour des installations qui seront engagées en 2010.

Au total, le ministère de l’intérieur dispose de crédits à hauteur de 30 millions d’euros pour l’ensemble de l’année 2010, soit près du double de 2009 (17 millions d’euros) et du triple de 2008 (11,7 millions en 2008).

D’autres projets d’installation de vidéoprotection sont en cours d’instruction dans les préfectures. Chaque jour, des communes de toutes tailles et de toutes tendances politiques, font connaître leur intention de déposer des dossiers. Tous les projets de vidéoprotection pertinents et prêts à être réalisés recevront un soutien financier de l’Etat dès cette année.

Notes


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