sécurité : Toulon sous l’oeil de la chambre régionale des comptes


article de la rubrique Big Brother > vidéosurveillance
date de publication : jeudi 22 décembre 2011
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Le conseil municipal de Toulon s’est penché le 28 avril 2011 sur le Rapport d’observations définitif de la chambre régionale des comptes qui analyse la politique de sécurité publique de la ville de 2002 à 2010. On y apprend que le coût total du système de surveillance jusqu’à 2009 s’établissait déjà à 1,3 million d’euros, dont 252 300 euros pris en charge par l’État et le conseil général ; et on y trouve confirmation de la décision de la municipalité de mettre en service 90 nouvelles caméras de vidéosurveillance en 3 ans qui s’ajouteront aux 34 existant déjà..

Mais le plus surprenant est d’apprendre qu’il n’existe aucun « outil dédié permettant de quantifier l’impact de la vidéosurveillance sur l’évolution de la délinquance ». Comme l’a souligné la conseillère municipale socialiste Sophie Lebedel, il serait pourtant intéressant de savoir si ce système de caméras est réellement efficace. Mais le seul élément sur lequel s’appuie la municipalité est « un diagnostic local de sécurité de 1999 qui analyse le sentiment d’insécurité des Toulonnais, [et qui] n’a pas été renouvelé depuis. » [1]

Sur quels éléments objectifs s’est donc appuyé le maire pour décider de multiplier par 4 le nombre de caméras videosurveillantes ? Hubert Falco a invoqué l’existence d’un «  Contrat urbain de cohérence sociale, dont les représentants se rendent à chaque réunion de Comité d’intérêt local  » (CIL), et précisé qu’« il y a des réactions positives dans les secteurs où nous avons mis des caméras. Et nous allons donc bien harmoniser les futures installations dans les quartiers. ». Décryptons cette déclaration : le maire s’appuie sur les CIL des quartiers non encore pourvus de caméras qui font état d’une augmentation du sentiment d’insécurité du fait d’une prétendue délocalisation de la délinquance vers les zones hors couverture. « Mais bien sûr que nous alIons dresser un bilan général » conclut-il ... sans préciser ni quand ni comment.

C’est toujours la politique du doigt mouillé qui vise à rassurer les électeurs, en gardant les yeux fixés sur les élections à venir.

[Mise en ligne le 5 mai 2011, mise à jour le 22 décembre]



On pouvait lire dans Var-matin du 10 décembre 2011 :

« Dans les trois ans à venir, quatre-vingt dix caméras de surveillance seront implantées sur la ville. Dans quatre ans, leur nombre pourrait passer à 110. Ce programme d’extension des caméras de surveillance, assorti d’une étude sur la faisabilité technique, prévoit l’installation d’une trentaine par an. «  Un marché va passer en commission d’appel d’offres avant la fin de l’année », a précisé la députée Geneviève Levy, première adjointe au maire. La question qui titille tous les habitants est leur lieu d’implantation. L’élue s’est dite favorable à la tenue d’une réunion d’information en début d’année pour faire un « point précis sur l’implantation de la trentaine de caméras » sur la ville.

Autrement dit : Ce n’est pas parce que les caméras ne servent à rien qu’il ne faut pas en rajouter  [2]

Le rapport de l’instance régionale sur la politique de sécurité de la ville pointe les moyens mis en oeuvre, là où elle est efficace et là où elle l’est moins

[Un dossier, publié par Var-Matin, le 3 mai 2011]


Le rapport d’observations définitif de la chambre régionale des comptes, qui analyse la politique de sécurité publique de la ville de 2002 à 2010, a été présenté lors du dernier conseil municipal.

Comme le veut la loi, ce texte de trente pages, qui détaille, point par point l’état de la politique de la commune, les missions et l’organisation de la direction de la police municipale, la gestion du personnel, la vidéosurveillance et la gestion budgétaire, devait être présenté et son contenu débattu lors de la réunion.

Premier bémol pointé par le rapport et dont l’élue socialiste de l’opposition, Sophie Lebedel, s’est fait l’écho : « Le texte se base sur un diagnostic local de sécurité de 1999 qui analyse le sentiment d’insécurité des Toulonnais. Et il n’a pas été renouvelé depuis. »

Un diagnostic cependant « modéré » qui faisait ressortir à l’époque que « 60 % des Toulonnais pensaient que leur ville n’était pas sûre et que 66,5 % se sentaient en insécurité dans leur vie quotidienne ».

Fléchissement de la délinquance

L’absence de mise à jour formelle de ce diagnostic ne permet donc pas de mesurer l’impact de la baisse de la délinquance constatée entre 2000 et 2009 sur ce sentiment. En revanche, ce bilan datant de 1999, il évolue néanmoins, comme le précise la ville du fait de « la participation active de l’équipe municipale aux assemblées générales des comités d’intérêt local, les visites de terrain et la gestion des doléances enregistrées par la police municipale permettent d’actualiser en permanence les éléments du diagnostic et d’adapter concrètement les moyens sur le terrain. »

Toujours selon le rapport de la chambre régionale des comptes, les chiffres font état d’un fléchissement de 6,11 % sur les faits de délinquance générale et 43 % sur les faits de délinquance de proximité.

Cependant, en 2009, Toulon se situait toujours au-dessus de la moyenne nationale des villes de même taille avec 70 faits pour mille habitants, contre 56 faits en moyenne ; la ville est également au-dessus de la moyenne départementale qui était de 65 faits pour mille habitants. « On a nos problèmes, comme ailleurs, mais Toulon reste en sécurité », a maintenu le maire, Hubert Falco.

Laura Fournier


D’ici 2013, 124 caméras devraient scruter les rues de toute la ville... (Ph. doc P. Blanchard)

Vers une évaluation de la vidéosurveillance

Sur le volet de la vidéosurveillance, le rapport fait état de la volonté municipale de renforcer le réseau par l’installation de 90 caméras d’ici 2013 pour renforcer le réseau actuel de 34 appareils principalement installés au Mourillon et en Centre-ville.

Le coût total du système mis en place jusqu’à 2009 est d’1,3 million d’euros, dont 252 300 euros pris en charge par l’État et le conseil général.

« La chambre des comptes a souligné qu’il n’existait aucun “outil dédié permettant de quantifier l’impact de la vidéosurveillance sur l’évolution de la délinquance”, précise Sophie Lebedel. Il serait pourtant intéressant de savoir si ce système de caméras est réellement efficace Son coût n’est pas négligeable et les seuls chiffres que nous donne le rapport sont assez peu élogieux : 15 interventions en flagrant délit opérées par la police, municipale entre 2005 et 2009 grâce aux caméras. » Avant de demander au premier édile s’il « projette une étude quantifiant l’intérêt de ce système ».

Un bilan à dresser

« Aujourd’hui, c’est plus que positif, nous le savons : en plus des flagrants délits observés, le système a permis de résoudre des enquêtes par des recoupements entre la police nationale et municipale, a répondu le maire Hubert Falco. Il y a des réactions positives dans les secteurs où nous avons mis des caméras. Et nous allons donc bien harmoniser les futures installations dans les quartiers. Mais bien sûr que nous alIons dresser un bilan général »

Le rapport de la chambre régionale des comptes pointe, par ailleurs, que « les représentants des quartiers qui ne sont pas couverts par le dispositif font remonter dans leurs comités d’intérêt local une augmentation de leur sentiment d’insécurité du fait de la délocalisation de la délinquance vers les zones hors couverture. Il s’ensuit un accroissement régulier des demandes d’installation de nouvelles caméras. »

Pas de bilan dédié mais le sentiment partagé dans les Cil que les caméras font reculer la délinquance.

Instances en cascade

Le rapport s’intéresse également au Contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), créé en 2003 et qui assure
« le suivi transversal institutionnel des questions de sécurité publique et l’interaction entre la politique de la ville et le secteur associatif ». Ainsi qu’au Conseil local de sécurité (CLS) créé en 2001 et qui agit sur différents axes : renforcer l’aide aux victimes, prévenir la récidive, agir sur
les établissements scolaires et les quartiers d’habitat et sur les déplacements dans la ville.

L’élue de l’opposition Sophie Lebedel pointe le faible nombre de réunions du CLSPD qui « s’est réuni en comité restreint trois fois en 2005, six fois en 2006, une fois en 2007 et deux fois en 2008 ». Et ajoute : « En ce qui concerne le CLS, le rapport constate que les instances de pilotage chargées d’examiner l’état d’avancement des actions n’ont pas été créées alors qu’elles étaient prévues et la mise en oeuvre des objectifs a été “partielle” ».

« Le CLSPD se réunit deux fois par an, a répondu le maire, mais la ville a créé le Contrat urbain de cohérence sociale, dont les représentants se rendent à chaque réunion de comité d’intérêt local, tribunes d’expression importantes pour la population toulonnaise, comme le souligne le rapport Ce qui fait une dizaine de réunions par an dans chacun de ces quartiers qui a ses spécificité. »

Pour la municipalité : « Nous avons fait le choix de renforcer les moyens dédiés à la coordination et l’animation des CLSPD avec le recrutement d’un chargé de mission, l’adoption d’une stratégie territoriale de sécurité, I’augmentation des effectifs de la. Police municipale et le renforcement du dispositif de videoprotection. »

P.-S.

Nous invitons le maire de Toulon à visionner cette brève vidéo où la section de Dijon de la LDH démontre l’inutilité du système et sa dangerosité sociale.

Notes

[1A propos de l’insécurité et du sentiment d’insécurité, on pourra lire l’article de Laurent Mucchielli : http://insecurite.blog.lemonde.fr/2....

[2Titre emprunté à l’excellent article sur ce sujet de Jean-Marc Manach : « Ce n’est pas parce que les caméras ne servent à rien qu’il ne faut pas en rajouter »


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