racisme anti-harki à l’UMP


article de la rubrique discriminations
date de publication : mardi 15 novembre 2011
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Jeannette Bougrab dénonce des propos tenus en réunion publique lors d’une convention de l’UMP sur l’immigration organisée par Lionnel Luca, au cours de laquelle il a été décidé que les nouveaux Français devraient subir un examen sur leur connaissance du français.

Ce nouvel incident, après l’agression verbale dont la secrétaire d’État avait été victime en mai dernier à Besançon, témoigne une fois de plus des ravages commis par la « lepénisation des esprits ».


Besançon : la ministre Jeannette Bougrab agressée par un militant UMP

[Macommune.info, le 14 mai 2011]


La secrétaire d’Etat à la Jeunesse a quitté précipitamment Besançon ce samedi après avoir été agressée verbalement par un militant UMP lors d’une réunion interne au parti. «  Y’en a marre des bougnoules », a lancé un homme qui aurait bénéficié du soutien d’une partie de la salle.

Les faits se sont produits lors d’une session régionale de formation des militants UMP en présence de la secrétaire d’Etat UMP. Peu avant le déjeuner, Jeannette Bougrab, ancienne présidente de La Halde et déléguée générale adjointe à la formation, a été prise à partie par un ancien militant à propos de ses origines. « Y’en a marre des bougnoules », aurait-il lancé selon plusieurs témoins.

Un bon tiers des quelque 150 participants à la formation aurait alors pris position en faveur du militant, ce qui a entrainé le départ précipité de la secrétaire d’Etat. Selon des témoins, elle est partie furieuse, tandis que deux secrétaires nationaux du parti ont poursuivi la réunion sous le mode « panique à bord »

Des consignes ont été données pour que cet incident, qui va nourrir la polémique sur la lepénisation de l’UMP, ne filtre pas à l’extérieur.

Contacté, le député UMP Jean-Marie Binetruy, président départemental du parti, a confirmé l’information. A la suite des propos du militant, Jeannette Bougrab aurait, selon lui, répondu : « Je suis fille de harki, toute ma famille s’est battue pour la France, je ne peux pas accepter ces propos ». Quant à Jean-Marie Binétruy, il a invité l’auteur des propos à quitter la salle.

Selon le secrétaire départemental de l’UMP du Doubs, Michel Viennet, le militant aurait prononcé la phrase suivante : "Il n’y en a que pour les bougnoules" dans le cadre d’un débat sur le financement de mosquées qui se ferait au détriment de la réfection des cathédrales. Selon lui, l’insulte ne s’adressait donc pas directement à Mme Bougrab. Et, contrairement à d’autres témoignages que nous avons recueillis, Michel Viennet affirme que toute la salle aurait apporté son soutien à la secrétaire d’État.

Maître de conférences à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, Jeannette Bougrab est maître des requêtes au Conseil d’État. Après un bref passage à la direction de la Halde, elle a été nommée en novembre 2010, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de la Vie associative. Cela n’a pas empêché Lionnel Luca, porte-étendard de la Droite populaire, « garde de fer du sarkozysme ! », de remettre « Jeannette » à sa place, de façon feutrée mais ferme, lors d’une convention de l’UMP consacrée à la nationalité :



Convention sur la nationalité : Jeannette Bougrab...
par LCP

Coup de gueule de Bougrab contre "certains mots qui blessent" à l’UMP

Le Point.fr - le 10 novembre 2011


La secrétaire d’État à la Jeunesse a dénoncé, jeudi [10 novembre], certains propos tenus en réunion publique. "Je suis fille de harki. Je n’ai aucun problème à venir débattre sur les questions de citoyenneté et de patriotisme parce que, dans ma famille, on sait le prix que cela a été", a lancé Jeannette Bougrab lors d’une convention UMP sur la nationalité.

La secrétaire d’État à la Jeunesse Jeannette Bougrab, fille de harki, a déploré jeudi, en pleine convention UMP sur la nationalité, "certains mots qui blessent", notamment sur le manque de volonté d’intégration des immigrés en France. "Attention à certains mots qui blessent. J’ai été blessée par les propos de (l’historien) Dimitri Casali et de (l’essayiste) Malika Sorel-Sutter", qui étaient invités comme intervenants à cette convention, a-t-elle lancé. Dimitri Casali a déclaré qu’il fallait "réapprendre aux enfants à aimer la France", déplorant au passage que les manuels d’histoire fassent la part belle aux empires africains au détriment de François 1er. Malika Sorel-Sutter a, elle, évoqué un déficit d’intégration, une mauvaise maîtrise de la langue et une ghettoïsation des immigrés souvent "voulue" et non "subie". L’UMP a aussi mis l’accent sur la nécessité d’écrire et de parler le français pour mieux s’intégrer.

"Moi, je suis fille de harki. Je n’ai aucun problème à venir débattre sur les questions de citoyenneté et de patriotisme parce que, dans ma famille, on sait le prix que cela a été", a lancé Jeannette Bougrab. "Mon père ne sait pas lire ni écrire et il est sans doute plus français que vous ne l’êtes. Mon père, demain, 11 novembre, il portera le drapeau. Il fait partie des officiers de réserve. Est-ce qu’on va le dénoncer parce qu’il ne sait pas lire ni écrire ? (...) Les gens comme mon père ne pouvaient pas aller à l’école. Dans l’Algérie coloniale, mon père n’est même pas allé en cours préparatoire parce qu’il n’y avait pas d’école", a-t-elle ajouté. Par ailleurs, "apprendre la civilisation arabe, la civilisation chinoise et les autres grandes civilisations, c’est un atout à l’heure de la mondialisation", a souligné Jeannette Bougrab.

"Merci de nous dire ta vérité. Si toutes les familles en France étaient (comme) ta famille, on n’aurait pas besoin de faire une convention aujourd’hui", lui a répondu le député UMP Lionnel Luca (Droite populaire), qui animait les débats. "Mais on n’exige pas pour hier ce que l’on est en droit d’exiger aujourd’hui. Un jeune d’aujourd’hui, quand l’école est obligatoire, c’est quand même bien qu’il maîtrise la langue nationale. On ne demande pas de porter les armes mais seulement le stylo-plume, ce n’est pas un effort insurmontable", a-t-il ajouté.

« Il est parfois difficile de se sentir français... »

« Je reconnais qu’il est parfois difficile de se sentir français quand d’autres procèdent, parfois de manière systématique, à une réassignation communautaire. Pour beaucoup, on est des beurs, des arabes, des maghrébins. Je n’ose citer le vocabulaire peu flatteur qu’ils utilisent parfois : bougnoul, bicot, melon…. Beaucoup de jeunes sont victimes de discriminations en raison de leur patronyme ou de leur couleur de peau. Le plafond de verre n’est pas une fiction (…) Je veux me battre pour qu’en France chacun puisse avoir les mêmes chances, quelles que soient ses origines sociales ou ethniques » .

Jeannette Bougrab [1]


Notes

[1Extrait de la contribution de Jeannette Bougrab au livre Qu’est-ce qu’être français ?, éd. Hermann, novembre 2009, 18.50 euros.


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