Le dernier communiqué d’Orphéon repris ci-dessous montre comment une plainte, finalement classée sans suite par la justice, a permis à la municipalité de Cuers de se débarrasser d’une association qui la “gênait”.
Nous le faisons suivre, pour information, du communiqué du 1er décembre 2008.
Communiqué du 25 avril 2009
La plainte de la Ville de Cuers contre la compagnie Princesses Peluches est classée sans suite
Le Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance de Toulon a “classé sans suite” la procédure entamée par la Ville de Cuers contre la compagnie Princesses Peluches pour "dégradation de la voie publique et outrage au drapeau national".
Pour mémoire :
L’artiste et auteure, Caroline Amoros, avait été interpellée le 29 mars 2009, suite à une représentation de son spectacle “Kristin” organisée par la ville de Cuers dans le cadre de la "Saison de l’Abattoir".
S’appuyant sur cette plainte et dans l’attente d’une réponse du Procureur, la ville de Cuers déprogrammait tous les spectacles proposés par l’association Orphéon pour la Saison culturelle de l’Abattoir.Le 4 septembre 2008, une décision du maire suspendait "jusqu’à nouvel ordre" toutes les activités à Cuers de l’association Orphéon. Les activités de création de la compagnie Orphéon Théâtre intérieur, fonctionnant au ralenti, devenaient plus que jamais nomades... Fin décembre 2008, face aux difficultés économiques engendrées par la perte des subventions de la ville, l’association était contrainte de licencier le documentaliste de la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti.
Après vingt-cinq ans de présence à Cuers, la relocalisation de l’association dans une autre ville du Var est actuellement prévue pour le deuxième semestre 2010. À suivre...
Le 25 avril 2009.
Orphéon
Le point à la date du 1er décembre 2008 pour une affaire qui avait débuté le 29 mars 2008.
Communiqué du 1er décembre 2008
L’affaire Orphéon n’est pas terminée
Rien n’est réglé et l’association n’a pas encore quitté la ville où elle développe, depuis 25 ans, son action culturelle.
Les activités de l’association continuent mais de manière moins visible et sans subventions de la ville (le nom de l’association a disparu de la liste des associations culturelles sur le site de la ville de Cuers). Ainsi, une lecture a été proposée dans le collège le vendredi 28 novembre.
La convention avec la ville est actuellement figée mais n’a pas été dénoncée. L’association a conservé les locaux de sa bibliothèque, mis contractuellement à sa disposition jusqu’en 2010.
La bibliothèque de théâtre est donc toujours ouverte au public et le restera, aussi longtemps que nécessaire et possible, même après le départ annoncé de son documentaliste dont le licenciement est désormais devenu inévitable. Si les autres partenaires de l’association (Conseil Général du Var, Conseil Régional et DRAC PACA) ont accordé les aides auxquelles ils s’étaient engagés, la subvention municipale qui devait permettre le financement complémentaire du poste n’a pas été versée en 2008...
Si la compagnie est actuellement invisible, si sa parole est devenue inaudible, ce n’est certes pas parce qu’elle a quitté les lieux, à la faveur de la nuit, telle une association de malfaiteurs. Si les voix des comédiens ne se font plus entendre dans les rues de Cuers, si le théâtre est déserté par ceux qui en avaient été les fondateurs il y a 10 ans, c’est que toute expression publique leur est dorénavant interdite à Cuers, les activités de l’association ayant été suspendues par décision du maire le 4 septembre 2008.
Ce qui a disparu aujourd’hui, ce n’est pas seulement la programmation de théâtre proposée par Orphéon pour la « Saison de l’Abattoir » :
- Programmation 2007 : 16 spectacles / Coût : 35.000 euros gérés par la ville / 1 290 spectateurs (les 1 200 spectateurs qui n’ont pas payé leur place lors des 10 spectacles de théâtre de rue gratuits sont évidemment à comptabiliser)
- Nouvelle programmation 2008 : 8 spectacles d’humour / Coût 25 500 euros apparemment gérés par l’association chargée de cette programmation / 640 spectateurs payants prévus.
8 spectacles en moins, une moyenne de spectateurs identique, une augmentation d’environ 46% du coût moyen par spectacle...
Ce qui, essentiellement, est en train de s’effacer mais ne pourra être ni recouvert, ni remplacé, est justement ce qui est passé sous silence : les activités culturelles « suspendues » (créations de la compagnie, ateliers, actions en milieu scolaire, bibliothèque, lectures) pour lesquelles l’association était subventionnée par la ville (19 545€ en 2007).
Pour mémoire, activités de l’association à Cuers en 2007 :
- 4 représentations gratuites de la création 2007 de la compagnie, Les 120 voyages du Fou (500 spectateurs)
- 4 ateliers hebdomadaires de création théâtrale Orphéon (34 participants enfants et adultes)
- un atelier de pratique théâtrale au collège La Ferrage (15 participants)
- les rencontres inter-collèges de théâtre de rue (46 participants)
- une bibliothèque associative de 9 500 livres de théâtre (102 adhérents, création d’un poste en CDI de documentaliste/médiateur du livre)
- le Prix de la Pièce de théâtre Jeunes Publics, rencontre de trois jours réunissant 500 collégiens et deux auteurs
- la Fête du livre de théâtre
- 10 soirées de lectures et rencontres avec des auteurs de théâtre
- 4 expositions thématiques
- 4 projections de films
- 4 séances de cercle littéraire
- l’accueil en résidence d’une compagnie de théâtre de rue
- l’accueil en résidence d’écriture d’un auteur de théâtre
L’association Orphéon n’a jamais prétendu détenir le monopole des loisirs proposés aux Cuersois. ll y a toujours eu de la place pour d’autres activités, musicales, sportives, festives, touristiques proposées par d’autres associations également subventionnées.
Le théâtre ne remplit peut-être pas aussi facilement les salles que les spectacles d’humour, mais la culture n’a pas à faire recette ; elle vise juste à rendre plus intelligents et plus critiques ceux qui, dès l’enfance, peuvent en bénéficier...En opposant le divertissement rentable à l’accès gratuit à la culture, il est certainement possible de réaliser quelques économies immédiates mais les dégâts provoqués par l’inculture coûtent sans aucun doute beaucoup plus cher et ne peuvent, quant à eux, se mesurer qu’à long terme...
Cuers, le 1er décembre 2008
L’association Orphéon